France-Irak
Actualité
Syrie/Iran: Vladimir Poutine a dit…
Mercredi 28 octobre 2015
Revue de presse : Le Courrier
de Russie – 26/10/15*
Extraits du discours de
Vladimir Poutine au Forum de Valdaï
(22/10/15):
« Il y a 50 ans déjà, à
Léningrad, la rue m’a appris une règle :
si la bagarre s’avère inévitable, il
faut frapper le premier. Et la menace de
frappes terroristes en Russie n’est pas
devenue plus importante – ni moins – du
fait de notre opération militaire en
Syrie : je peux vous en assurer… »
« La force militaire sera
longtemps encore un instrument de
politique internationale »
Chers collègues, soyons réalistes :
la force militaire restera évidemment,
et pour longtemps encore, un instrument
de politique internationale. On peut le
déplorer ou s’en réjouir, mais c’est un
fait. La question est ailleurs : ne
sera-t-elle utilisée que lorsque tous
les autres moyens auront été épuisés ?
Quand il faut affronter des menaces
comme le terrorisme, par exemple, et
selon les règles établies du droit
international ? Ou bien montrera-t-on le
poing en toute occasion, simplement pour
rappeler au monde qui est le chef à la
maison, sans s’interroger sur la
légitimité de l’emploi de la force ni
sur ses conséquences, et sans régler les
problèmes mais, à l’inverse, en les
multipliant ?
« Il ne faut pas séparer les
terroristes entre modérés et radicaux »
On voit ce qui se passe aujourd’hui
au Proche-Orient. L’organisation
terroriste État islamique a pris le
contrôle de territoires immenses.
Comment ? Réfléchissez seulement : si
elles avaient pris Damas ou Bagdad, les
bandes terroristes auraient quasiment
obtenu le statut de pouvoir officiel et
créé une place d’armes pour leur
expansion mondiale. Est-ce que quelqu’un
pense à cela ? Il est temps que toute la
communauté internationale comprenne
enfin à quoi nous avons affaire. Nous
sommes face à un ennemi de la
civilisation, de l’humanité et de la
culture mondiale, porteur d’une
idéologie de haine et de barbarie, qui
foule aux pieds la morale et les valeurs
des religions mondiales, y compris de
l’islam, en le compromettant.
Et il ne faut pas jouer avec les
mots, séparer les terroristes entre
modérés et radicaux. On voudrait
comprendre où se situe la différence.
Peut-être, pour certains spécialistes,
les bandits modérés ne décapitent-ils
les enfants qu’en nombre modéré ou selon
des méthodes tendres ? On ne se
débarrassera pas de ces terroristes, et
c’est une illusion de croire qu’on
pourra en venir à bout par la suite, les
éloigner du pouvoir ou s’entendre avec
eux d’une quelconque façon.
« L’opération militaire
russe en Syrie est totalement légitime »
Nous comprenons bien que les
combattants qui se battent dans au
Proche-Orient constituent une menace
pour tous, y compris pour nous, pour la
Russie. Notre pays sait ce qu’est une
agression terroriste, nous savons ce
qu’ont fait les bandits dans le Nord
Caucase. Nous nous souvenons des
attentats terroristes à Bouddionovsk, à
Moscou, à Beslan, dans d’autres villes
de Russie. La Russie a toujours combattu
le terrorisme, sous toutes ses
manifestations.
Après que les autorités syriennes
officielles nous ont demandé de l’aide,
nous avons décidé de lancer une
opération militaire dans ce pays. Je le
souligne de nouveau : cette opération
est totalement légitime, et son seul but
est de contribuer au rétablissement de
la paix. Et je suis certain que l’action
des soldats russes aura une influence
positive sur la situation et aidera les
autorités officielles à créer les
conditions nécessaires pour se diriger
vers une régulation politique et frapper
de façon préventive les terroristes qui
menacent aussi notre pays, la Russie. Et
aider de cette façon tous les pays et
les peuples qui se trouveront en danger
si les terroristes rentrent chez eux.
« Il n’y a pas de menace
nucléaire iranienne »
Il ne faut pas créer des emplois qui,
par leur nature, représentent une menace
pour toute l’Humanité. Créons plutôt des
emplois dans la sphère de la biologie,
de la pharmaceutique, des hautes
technologies non liées à la production
d’armes.
Je vous assure que les spécialistes
américains des secteurs de la sécurité
et des armements stratégiques se rendent
parfaitement compte que leur travail
menace le potentiel militaire russe. Et
tout ce système est créé pour réduire à
néant les potentiels de tous les autres
États possédant l’arme nucléaire, à
l’exception des États-Unis. Pourtant,
les arguments ont toujours été autres,
on n’a cessé de nous parler de la «
menace nucléaire iranienne ». Mais la
Russie est toujours partie de l’idée
qu’il n’y avait aucune menace nucléaire
iranienne, et aujourd’hui, toute la
communauté internationale considère,
avec nous, que cette menace n’existe
pas.
« Pourquoi créer un système
de défense antimissile ? Arrêtez cela »
Les États-Unis ont initié la
signature d’un accord avec Téhéran sur
le règlement du problème
nucléaire iranien. Nous avons
activement accompagné et soutenu nos
partenaires américains et iraniens, nous
avons obtenu une décision d’entente et
l’accord est entré en vigueur, l’Iran a
accepté de transférer son uranium
enrichi. Il n’y a pas de problème
nucléaire iranien. Dans ce cas, pourquoi
créer un système de défense antimissile
? Arrêtez cela. Mais non – non seulement
rien ne s’arrête, mais de nouveaux tests
sont conduits, des exercices sont
organisés, ces systèmes seront mis en
place en Hongrie avant la fin de cette
année, et en Pologne d’ici 2018 ou 2020.
Je peux vous dire – et les
spécialistes le savent bien – qu’un site
de positionnement de missiles
anti-balistiques peut être utilisé
efficacement aussi pour y installer des
systèmes de missiles de croisière.
Est-ce que ça ne constitue pas une
menace pour nous ? Évidemment que si, et
cela modifie jusqu’à la philosophie même
de la sécurité internationale. Si un
pays estime qu’il peut se protéger de
toute frappe de croisement ou de riposte
parce qu’il a mis en place au-dessus de
lui un « parapluie anti-missiles », il a
les mains libres pour employer n’importe
quel armement. Et c’est cela qui
constitue une violation de l’équilibre
stratégique.
« Vous êtes en train de nous
refaire l’Irak, ici »
Comment peut-on admettre des coups
d’État ? Vous êtes en train de nous
refaire l’Irak et la Libye, ici. Les
autorités américaines n’ont pas honte de
déclarer qu’elles consacrent des
milliards de dollars – ouvertement,
publiquement -, qu’elles ont dépensé 5
milliards pour soutenir l’opposition.
Est-ce le bon choix ?
Tout le monde sait que, dans
l’histoire des États-Unis, on a vu deux
fois arriver au pouvoir un président élu
par la majorité des grands électeurs,
mais bénéficiant en réalité du soutien
d’une minorité d’électeurs. C’est ça, la
démocratie ? Non. La démocratie, c’est
le pouvoir du peuple, de la majorité du
peuple. Un homme choisi pour le plus
haut poste de l’État par une minorité
d’électeurs – comment ça ? Ce problème
existe dans la Constitution américaine.
Eh bien, nous n’exigeons pas que vous
changiez votre constitution.
On peut discuter autant que l’on
voudra, mais quand on finance
l’opposition intérieure… L’opposition
est une chose normale – simplement, elle
doit exister sur ses propres bases. Mais
dépenser des milliards quasiment
ouvertement pour soutenir une opposition
intérieure – pensez-vous que ce soit une
pratique politique normale, que cela
crée une atmosphère de confiance entre
les États ? Je ne le pense pas.
«Rien d’efficace n’a pu être
fait en Syrie »
Nous espérons que les actions
coordonnées de notre aviation et des
autres moyens de frappes, en accord avec
les attaques de l’armée syrienne,
donneront un résultat positif. Ce
résultat suffira-t-il à dire que le
terrorisme est vaincu en Syrie ? Non. Il
faudra encore de sérieux efforts pour
l’affirmer. Il y faudra encore un
travail important et, je tiens à le
souligner – un travail commun.
Ça fera tout de même bientôt six mois
que la coalition dirigée par les
États-Unis vise des positions sur place,
plus de 11 pays y ont pris part et plus
de 500 frappes ont été lancées sur
divers objectifs – mais il n’y a aucun
résultat, c’est un fait manifeste. De
quel résultat pourrait-on parler, alors
que depuis le début de ces opérations,
les terroristes n’ont fait que se
renforcer sur le territoire de la Syrie
et de l’Irak, se sont consolidés sur les
frontières où ils se trouvaient déjà et
ont étendu leur zone de présence ? De
fait, selon moi, nos collègues ne sont
parvenus à rien d’efficace pour le
moment.
« La question du départ d’Assad
doit être réglée par le peuple syrien
lui-même »
Je considère qu’un partage de la
Syrie serait la pire des options, une
solution inadmissible qui ne permettrait
pas de résoudre le conflit mais
créerait, au contraire, les conditions
pour qu’il se poursuive et s’aggrave. Ce
conflit deviendrait alors permanent. Si
la Syrie est divisée en parties isolées,
en territoires isolés, ces territoires
se feront la guerre éternellement, et
rien de bon n’en sortira.
Ensuite, quant à savoir si
Assad doit partir ou non – je l’ai
répété à de nombreuses reprises : je
considère que ce n’est absolument pas
correct. Comment pourrions-nous, de
l’extérieur, poser la question et
décider si tel ou tel chef d’État doit
ou non s’en aller. C’est le peuple
syrien lui-même qui doit en décider.
Certes, et ici je dois émettre des
réserves, nous devons être assurés que
le pouvoir se forme sur la base de
procédures démocratiques ; mais il doit
évidemment s’agir d’un contrôle objectif
– c’est le plus important – et non à la
solde de tels ou tels puissance ou
groupe de pays.
« L’armée syrienne remporte
des succès avec notre soutien »
Je regarde les enregistrements
vidéo après les frappes. C’est
impressionnant. Il y a tellement
d’explosions de munitions qu’elles
atteignent presque les avions. On a le
sentiment que ces munitions et ces armes
viennent de tout le Proche-Orient, une
puissance colossale a été amassée sur
place. Et une question s’impose : d’où
vient l’argent ? C’est une puissance
tout simplement colossale ! Qui s’est
pourtant amoindrie aujourd’hui,
évidemment. Et l’armée syrienne remporte
des succès avec notre soutien. Ces
succès sont encore modestes, mais ils
sont bien là. Et je suis certain qu’il y
en aura encore.
Un « centre d’information » a été mis
en place à Bagdad, associant la Russie,
la Syrie et l’Irak : il sert à échanger
des informations et déterminer les
orientations principales de la lutte
contre le terrorisme, notamment contre
l’EIIL. Mais il n’est absolument pas
prévu, pour le moment, d’élargir nos
opérations militaires à l’aide des
forces de défense aérospatiale.
« Nous avons d’excellentes
relations avec les États où la majorité
de la population est chiite »
Le but de ces
opérations militaires et de ces
efforts diplomatiques est la lutte
contre le terrorisme, et non la
médiation entre les représentants des
diverses orientations de l’islam. Nous
avons la plus haute estime pour nos amis
qui confessent le chiisme, autant que
pour les représentants de l’orientation
sunnite, et alaouite – tous, nous ne
faisons pas de différence.
Nous avons d’excellentes relations
avec toute une série d’États où
l’orientation sunnite prédomine, nous
avons d’excellentes relations avec les
États où la majorité de la population
est chiite, et nous ne faisons donc
aucune différence. Je le répète encore
une fois : notre objectif le plus
important – le seul – est la lutte
contre le terrorisme.
Avec ça, nous comprenons la réalité
dans laquelle nous évoluons et
travaillons. En Syrie, par exemple, vous
savez que sur les 34 – je crois –
membres du gouvernement, plus de la
moitié (environ, je peux me tromper)
sont des sunnites, et cette part est
aussi importante dans l’armée. La Syrie
a toujours été pour une grande part un
État laïc.
Photo : Vladimir
Poutine au Forum de Valdaï
*Source :
Vladimir Poutine à Valdaï : « Si la
bagarre s’avère inévitable, il faut
frapper le premier »
Le sommaire de Gilles Munier
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