Discours
« Bahar Kimyongür
n'est pas un terroriste ! »
Daniel Flinker
Mardi 26 novembre 2013
Discours de Daniel Flinker lors du
rassemblement pour la libération de
Bahar Kimyongür devant le Consulat
d'Italie à Bruxelles hier après-midi.
Plus de deux millions de personnes,
dans quatre-vingts villes, ont manifesté
cet été en Turquie.
Leur volonté : la démission du
Premier ministre ; leur cri de
ralliement : « La révolte est
partout ! » ; leur ambition : mettre fin
au régime autoritaire en place à
Ankara...
Policière, voilà l'unique réponse du
gouvernement au mouvement citoyen : la
terreur de masse, les balles en
caoutchouc, les capsules de gaz tirées à
même la tête.
La réaction de l'AKP : considérer les
médecins qui portent secours aux
manifestants, les avocats qui défendent
les contestataires, les journalistes qui
rendent compte des événements... les
considérer tous comme des terroristes.
L'attitude d'Erdogan face aux
protestataires de Gezi et de Taksim : la
répression, rien que la répression. Son
bilan : 6 morts, 8 500 blessés.
C'est cet État, un État qui tire sur
sa propre population ; c'est cet État,
un État qui définit tous ceux qui
s'opposent à son action comme des
criminels, c'est cet État qui accuse
Bahar d'être un terroriste.
« Bahar Kimyongür n'est pas un
terroriste »... Après quatre procès et
deux cassations, tel est le verdict
rendu par la justice belge.
« Bahar est un protestataire, un
opposant politique », telle est la
conviction de la justice hollandaise qui
a refusé, dès 2006, de l'extrader vers
la Turquie.
Mais la Turquie ne s'intéresse pas à
la Justice ; la Turquie continue à
s'acharner sur le citoyen belge,
continue sa persécution. Au moment même
où les autorités turques réprimaient
dans le sang les manifestants à Istanbul
et Ankara, elles faisaient arrêter Bahar
en Espagne où il passait des vacances en
famille.
Pour faire face à cette nouvelle
atteinte aux droits et aux libertés, un
mouvement de solidarité s'est développé
en Belgique. A cet égard, 100
représentants de la société civile,
parmi lesquels le Secrétaire général de
la FGTB wallonne, celui de la
FGTB-Bruxelles, celui de la CNE ; les
présidents de la Ligue des droits de
l'homme francophone et néerlandophone ;
des dizaines de professeurs d'université
du Nord et du Sud du pays ont posé une
demande très claire : la Belgique doit
tout faire pour empêcher l'extradition
de Bahar vers la Turquie.
Mais il faut croire que Didier
Reynders ne lit pas la presse car du
côté du ministère des affaires
étrangères, c'est le silence radio.
Pire : quand le sénateur Benoit Hellings
demande par écrit que la Belgique
s'occupe de cette affaire, il se voit
répondre que Bahar, vu qu'il a un
avocat, n'a qu'à se débrouiller tout
seul !
Aujourd'hui, pour Bahar, pour sa
famille ; pour nous, pour la liberté
d'expression, c'est un drame : Bahar
est, depuis le 21 novembre, emprisonné à
Bergame.
En raison d'un crime ? Bahar n'a
commis aucun crime. Pour un délit ?
Bahar n'a commis aucun délit. Sauf à
considérer la vérité comme un crime,
sauf à considérer que critiquer la
politique turque est un délit, sauf à
considérer que dénoncer les violations
des droits de l'homme perpétrées par le
régime d'Ankara est une infraction.
Chers amis, l'« affaire Kimyongür »
met la démocratie belge à l'épreuve.
La crise économique nous a rappelé que
l'Union européenne, c'est l'Europe du
fric. Chaque fois qu'il est arrêté,
Bahar nous fait découvrir l'Europe des
flics !
De la part des mandataires politiques
qui n'ont que les mots « démocratie » et
« liberté » à la bouche, nous exigeons
désormais des actes. Didier Reynders
doit prendre ses responsabilités et
mettre tout en œuvre pour sortir Bahar
Kimyongür de la situation kafkaïenne
dont il est la victime et pour empêcher
qu'il ne soit remis entre les mains des
bourreaux dont il dénonce les crimes.
Bahar est en prison. Notre urgence,
c'est sa libération ! L'Italie compte un
prisonnier politique car aujourd'hui, un
citoyen belge est incarcéré dans ce pays
pour ses convictions !
Mesdames, Messieurs, si nous sommes
venus aujourd'hui manifester devant le
Consulat d'Italie à Bruxelles, c'est
pour montrer notre détermination ; pour
réclamer, haut et fort : « La liberté
pour Bahar ! »
Daniel Flinker
La sœur de Bahar lance un appel
Bonjour à toutes et à tous,
Vous pouvez écrire à Bahar en prison. Il
n'a toujours eu aucun contact avec
l'extérieur, mis à part son avocat !
Gülay
Ecrivez-lui afin qu'il se sente moins
seul derrière les barreaux.
A vos crayons les ami(e)s.
Merci pour votre soutien,
Sa sœur Gülay
Adresse de la prison :
Bahar Kimyongür
Casa Circondariale di Bergamo
Via Monte Gleno 161
24125 Bergamo
Italie
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