Par Tamara Traubmann,
correspondante Ha’aretz, la rédaction et les agences
in Ha’aretz, 30.05.2006
http://www.haaretz.com/hasen/spages/720796.html
Traduit de l’anglais
par Marcel Charbonnier
Hier, lundi, des
dirigeants et des chercheurs israéliens ont fustigé l’adoption
par le plus important syndicat de maîtres de conférence des
universités et des grandes écoles britanniques d’une motion
recommandant que ses membres boycottent les chercheurs et les
institutions universitaires israéliens qui ne déclareraient pas
publiquement leur opposition à la politique israélienne dans les
territoires [palestiniens occupés EN 1967, ndt]
Cette motion a été
adoptée par 106 voix pour, contre 71 voix contre, avec 21
abstentions.
Les 69 000 membres de
l’Association nationale des enseignants des cycles universitaire
et de recherche avancée [National Association of Teachers in
Further and Higher Education – NATFHE] ont débattu de la
proposition de boycott au cours de son congrès annuel, dans la
ville de Blackpool, dans le Nord de l’Angleterre. Deux articles de
la motion sont passées comme une lettre à la poste, seule un
troisième article ayant dû être soumis au scrutin. Sous
l’empire du boycott, les membres du syndicat ne pourront plus
soumettre d’articles à la publication dans des revues de
recherche israéliennes.
Hier, lundi, le ministre
de l’éducation, Yuli Tamir, a fustigé le boycott :
« La décision de
boycotter des institutions de recherche est une initiative qui doit
être condamnée et qui suscite le dégoût », a-t-il dit.
« Les gens qui mettent en application ce boycott portent
atteinte aux libertés académiques et en font un instrument au
service de forces politiques. »
La semaine dernière,
Tamir a conféré au ministre britannique de l’enseignement supérieur,
et il lui a demandé d’intervenir afin d’empêcher tout boycott.
Le parlementaire du Parti National Religieux (à la Knesset), M. Zébulon
Orlev, secrétaire de la Commission des Sciences de la Knesset, a
appelé, hier, les parlementaires d’Allemagne, du Canada, de
Grande-Bretagne et de France [c’est moi qui souligne, ndt] à
condamner la décision du syndicat des enseignants d’université
britanniques.
« C’est un test
pour le Monde Libre », leur a écrit Orlev. « Nous
attendons de vous que vous condamniez cette décision antisémite et
raciste, et que vous aidiez les institutions universitaires de vos
pays respectifs à renforcer leur coopération avec les instituts
scientifiques, technologiques et d’enseignement supérieur en Israël ».
L’Université de Haïfa
a elle aussi [sans surprise, ndt] condamné le boycott.
« Toute tentative d’établir un lien entre la politique et
la recherche universitaire, c’est ni plus ni moins que du
maccarthysme. L’Université de Haïfa rejette la décision de
l’union des universitaires britanniques d’imposer un boycott aux
membres de l’Université israélienne », a déclaré le président
de cette université, Aharon Ben-Ze’ev.
« C’est là une
décision hypocrite et grossière, qui ne saurait avoir de place
dans le monde de la recherche. L’Université de Haïfa en appelle
à tous ceux qui tiennent en haute estime la liberté académique de
nous rejoindre dans notre lutte contre cette décision et d’agir
afin d’en obtenir l’annulation. Notre université continuera à
coopérer avec ses collègues et ses amis en Israël, en
Grande-Bretagne et dans le monde entier, dans notre action en vue de
défendre le principe des libertés académique et de contrer
l’intention de boycotter des membres de l’Université israélienne. »
Après la décision de
la NATFHE de boycotter les universités israéliennes, le
gouvernement britannique a exprimé ses regrets.
Lord Triesman, ministre
des Affaires Etrangères et du Commonwealth a publié un communiqué
indiquant : « Nous regrettons la décision prise ce
jour par l’Association Nationale des Enseignants de l’Education
Supérieure et de la Recherche Avancée (NATFHE) de voter en faveur
d’un boycott des chercheurs et des institutions universitaires
israéliens. Le gouvernement britannique est connu pour son soutien
aux libertés universitaires des chercheurs, dans le monde entier.
Nous reconnaissons aussi l’indépendance de la NATFHE. Nous
pensons que ce genre de boycott universitaire est contre-productif
et rétrograde. On peut obtenir bien plus, au moyen du dialogue et
de la coopération en matière de recherche. »
Ce Triesman [sans doute
un nobliau stipendié de Blair, ndt] a été lui-même vice secrétaire
général de la NATFHE en 1984, et il a été secrétaire général
de l’Association des Professeurs d’Université [AUT –
Association of University Teachers] (un syndicat), de 1993 à 2001.
Dimanche, le quotidien
Guardian a publié une lettre ouverte signée par plus de 600
chercheurs, appelant au rejet de la motion de boycott.
Le président de la
NATFHE, John Wilkin, a reçu par ailleur une pétition de 4 725
signataires émanant de l’association Scholars for Peace in the
Middle East [Chercheurs pour la paix au Moyen-Orient : ça ne
mange pas de pain !ndt] ; une organisation américaine
dont la charte comporte notamment l’encouragement des chercheurs
« à développer des réponses effectives aux distorsions idéologiques,
notamment aux diffamations antisémites et antisionistes… »
Lundi, le secrétaire général
de la NATFHE, Paul Mackney, a surpris ce syndicat par son discours
condamnant la motion, avant qu’il soit procédé au vote sur le
boycott.
« La plupart
d’entre nous sommes très en colère à propos de l’occupation
de la « Palestine » [sic]. Mais la motion n’est pas à
propos de cela, et ce ne sont pas des façons », a-t-il
notamment déclaré.
Il a dit aussi qu’afin
d’adopter une décision de boycotter les chercheurs israéliens,
il fallait avoir un débat beaucoup plus complet sur la question.
« Nous devons
mettre en œuvre une politique cohérente et soutenable »,
a-t-il dit.
La Campagne
Palestinienne pour le Boycott Universitaire et Culturel d’Israël
[Palestinian Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israël
– PACBI] [voir ci-après] a déclaré que « le vote de la
NATFHE démontre une fois de plus qu’en dépit de tous les
obstacles, le boycottage des institutions de recherche israéliennes
en raison de leur complicité dans le maintien de la forme israélienne
spécifique d’apartheid à l’encontre des Palestiniens continue
à occuper une place de choix sur l’agenda des militants
progressistes et des défenseurs des droits de l’homme en
Occident. »
« Il s’agit là
d’un succès significatif, compte tenu de la campagne
d’intimidation et de violences lancée par divers réseaux israéliens
et par les puissants lobbies sionistes du Royaume-Uni et des
Etats-Unis contre les initiateurs de la campagne de boycott
universitaire de la NATFHE », poursuit la déclaration.
« A
ce stade de la campagne internationale de boycott, ses partisans
palestiniens », ont-ils dit, visent avant tout à maintenir
actif un débat ouvert sur la nécessité d’un boycott et de
sanctions à l’encontre d’Israël « jusqu’à ce que ce
pays satisfasse totalement aux exigences du droit international et
des droits humains universels.
|