Casse-tête chinois pour l’Union
européenne (UE), mais une bien terrible équation dans laquelle
elle s’est elle-même fourrée en se lançant dans des logiques
tout simplement irrationnelles, ou fausses plus précisément.
Tout découle de son
approche de la question palestinienne au sujet de laquelle elle
assume un rôle sans commune mesure avec ses immenses possibilités,
acceptant sa mise à l’écart, ou faisant tout simplement du
suivisme. Elle en est tout de même bien loin, et même trop loin de
ses positions antérieures, certaines remontant aux années 1980,
comme la fameuse Déclaration, identifiant la question sous ses
véritables aspects, et se prononçant pour le droit du peuple
palestinien à l’édification de son Etat. Elle en est
aujourd’hui à rechercher les moyens d’accéder à une
population sans passer par ses dirigeants. Cela rappelle bien des
situations, mais la solution n’a jamais existé. Ce qui ne
l’empêche pas de se poser la question certainement pour se donner
bonne image, d’autant qu’elle doit recevoir le président de
l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, depuis hier en tournée
européenne. Avant d’entamer son voyage, Abou Mazen avait adressé
des messages forts : le choix du peuple palestinien sera
respecté, mais pas question de laisser le mouvement Hamas vainqueur
des élections du 25 janvier dernier, et appelé à former le
nouveau cabinet palestinien, appliquer une politique contraire aux
engagements internationaux souscrits par les Palestiniens. Un coup
de semonce a été adressé vendredi par le Fatah - et non l’Autorité
palestinienne - qui a rejeté le programme de gouvernement du Hamas.
Mais Mahmoud Abbas s’est également élevé contre le chantage de
l’Occident, mais l’UE persiste dans cette voix. Elle cherche
comment continuer à soutenir financièrement les Palestiniens sans
avoir l’air de financer le Hamas, un dilemme qui sera au cœur de
ses discussions avec le président Mahmoud Abbas. Vendredi à
Salzbourg (Autriche), les ministres européens des Affaires
étrangères ont pour la première fois parlé de ce qu’ils
pourraient faire pour maintenir leur soutien financier (500 millions
d’euros par an au total) si le Hamas dirigeait le futur
gouvernement palestinien sans se plier aux conditions fixées par
l’UE. La Commissaire européenne aux Relations extérieures Benita
Ferrero-Waldner a répété à Salzbourg que l’UE
n’« assouplirait pas ses principes », c’est-à-dire
qu’elle ne pourrait retirer le mouvement palestinien de sa liste
d’organisations terroristes et avoir des contacts avec lui que
s’il renonçait à la violence et reconnaissait l’Etat
d’Israël. Pour les Européens, le temps presse. Le gouvernement
palestinien issu des négociations entamées entre le Hamas et le
Fatah, le parti de , pourrait être nommé d’ici quelques jours si
tout va bien, et des ministres appartenant au mouvement islamiste
pourraient dès lors devenir de facto les gestionnaires de l’aide
européenne, ce que l’UE veut à tout prix éviter. Le temps
presse aussi parce que les Européens ne veulent pas cesser leur
aide aux Palestiniens à un moment où ils ont cruellement besoin
d’argent. Même les 120 millions d’euros débloqués fin
février par l’Union européenne pour que le gouvernement
intérimaire palestinien puisse faire face à ses dépenses
immédiates « pourraient ne pas suffire pour stabiliser la
situation », a averti la Commission dans un document remis aux
ministres européens à Salzbourg. Plusieurs responsables de l’UE
ont reconnu qu’il était très compliqué de maintenir une aide
substantielle aux Palestiniens sans avoir de contacts avec le Hamas,
puisque la majeure partie de l’aide qui leur est versée passe,
d’une façon ou d’une autre, par le gouvernement palestinien. La
plupart des fonds alloués par les Européens sont versés sur le
compte unique du ministère palestinien des Finances. Lors de leurs
discussions avec M. Abbas arrivé hier en Autriche, pays
assumant actuellement la présidence tournante de l’UE, avant de
se rendre demain et jeudi à Strasbourg et Bruxelles, les Européens
devraient parler des « moyens palliatifs » possibles
pour maintenir au maximum cette aide sans qu’elle ne transite
directement par le gouvernement, a expliqué une source européenne.
« Nous devons trouver les moyens d’aider le peuple
palestinien », a clairement expliqué à Salzbourg le Haut
représentant de l’UE pour les Affaires étrangères, Javier
Solana qui s’est manifesté avec une incroyable intransigeance
avec le Hamas après sa victoire. « Nous voulons maintenir ce
que nous avons mis tant d’années à construire : une
Autorité palestinienne qui est l’embryon d’un Etat que nous
devons achever et qui un jour existera. » Et pourtant comme
l’oublier M. Solana, Israël s’emploie à détruire
systématiquement de telles institutions. Exacte copie de leurs
politiques respectives, les programmes électoraux des partis
politiques israéliens, en donnent jusqu’au mode d’emploi.
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