Palestine - le piège de la sanction
financière
Pascal Boniface
Désormais gouvernée par le Hamas, l'Autorité palestinienne ne
reçoit plus les fonds européens. Cette décision risque de
plonger les territoires dans le chaos et de renforcer
l'influence de l'Iran.
Après la mise en place
d'un gouvernement palestinien dirigé par le Hamas, l'Union
européenne a décidé de suspendre l'aide qu'elle apporte à
l'Autorité palestinienne, dont elle est le principal bailleur
de fond. Cette décision paraît a priori logique. Des pays démocratiques
peuvent-ils financer un gouvernement dirigé par une
organisation qu'ils qualifient eux-mêmes de terroriste, qui
refuse de reconnaître Israël, dont la charte appelle même
à sa destruction, et qui, de surcroît a refusé de condamner
le dernier attentat-suicide contre des civils israéliens ?
N'est-il pas curieux de voir le Hamas aux commandes
d'institutions prévues par les accords d'Oslo qu'il refuse de
reconnaître ?
Belle contradiction,
mais ce n'est pas la seule. Car dans le même temps, les Européens
peuvent-ils refuser de traiter avec le Hamas aujourd'hui au
gouvernement, alors même qu'ils ont approuvé sa
participation au processus électoral dans l'objectif de l'intégrer
au jeu politique ? Les élections se sont de plus déroulées
dans de bonnes conditions selon l'ensemble des observateurs
internationaux. Peut-on dès lors appeler à la démocratie au
Proche-Orient et ne pas reconnaître les choix faits par les
populations lorsqu'ils ne sont pas conformes aux attentes des
pays extérieurs ? Peut-on enfin prendre le risque de ne plus
pouvoir assurer la paye des forces de sécurité et de plonger
un peu plus les territoires palestiniens dans le chaos et
l'ensemble de la population palestinienne dans la misère ?
L'aide européenne s'élève
à 500 millions de dollars par an, sur un budget global de
l'Autorité palestinienne qui est de 1,3 milliard de dollars.
La suspension des salaires de 152000 fonctionnaires risque
d'aggraver les conditions de vie des Palestiniens et de faire
grimper à 67% le taux de la population vivant en deçà du
seuil de pauvreté.
Au-delà des aspects
moraux, l'enjeu est avant tout politique. Les Palestiniens laïcs,
ceux-là même qui ont été battus aux élections par le
Hamas et qui craignent l'islamisation de la société
palestinienne, appellent à ne pas cesser l'aide. Ils
craignent que cela n'ait pour résultat d'augmenter encore
plus l'influence du Hamas en Palestine. L'objectif des Européens
devrait être de ne rien faire qui puisse renforcer le Hamas
sur la scène intérieure palestinienne et tout faire pour
amener le Hamas à faire le même chemin qu'autrefois l'OLP :
passer du refus de l'existence d'Israël à sa reconnaissance.
Pour suppléer l'aide
européenne, d'autres pays se sont mis sur les rangs. L'Iran a
proposé de verser 50 millions de dollars au nouveau
gouvernement palestinien. Pour n'être pas en reste, l'Arabie
Saoudite et le Qatar, pourtant alliés très proches des Américains
ont proposé de faire de même, ce qui a conduit l'Iran a
doublé sa promesse. L'Iran, déjà renforcé par la guerre
d'Irak, est ainsi en train de se saisir de la cause
palestinienne pour élargir son influence au-delà du monde
chiite.
Pascal Boniface /
Challenges / 27 avril 2006
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