Après le raid israélien sur la prison de Jéricho, les
territoires palestiniens sont de nouveau en ébullition à moins
de deux semaines des élections israéliennes. Tsahal a pris
d'assaut la prison de crainte que les assassins du ministre israélien
d'extrême droite tué en octobre 2001, Rehavam Zeevi, ne soient
libérés par le Hamas, après que celui-ci ait formé un
gouvernement.
Ces hommes, dont Ahmed Saadate, le chef du Front populaire de libération
de la Palestine (FPLP), étaient prisonniers en Palestine sous
surveillance de soldats américains et britanniques en vertu d'un
accord passé en 2002 entre Palestiniens, Israéliens, Américains
et Britanniques. Le départ des soldats étrangers peu avant
l'assaut est dénoncé par les Palestiniens comme le signe d'une
connivence avec Israël.
Il est vrai que ni Washington ni Londres n'ont violemment protesté
contre la violation d'un accord qu'ils avaient signé. Cette opération
israélienne a mis en rage les Palestiniens qui ont détruit des
installations britanniques et pris en otage des Occidentaux. La
menace de nouveaux attentats a été évoquée, ce qui
immanquablement relancerait les violences réciproques que tout le
monde craint.
Une fois de plus, la réaction palestinienne risque de desservir
leur dossier. On parle déjà plus - et forcément de façon négative
- de la prise d'otage que de l'opération militaire israélienne.
Si l'image du chaos l'emporte en Palestine, les partisans d'une
solution de force répèteront qu’elle est la seule à même de
ramener l'ordre et vont gagner du terrain. Et cela serait encore
pire en cas d'attentats.
Pourtant, au départ, ce sont bien les Israéliens qui ont ouvert
les hostilités. Le risque de libération de Saadat était
potentiel et on peut se demander s'il n'était pas plus en sécurité
en prison qu’au dehors. Libéré par le Hamas, il aurait été
sous la menace d'une exécution extra-judiciaire israélienne.
L’urgence impérieuse d’une intervention n’était donc pas
aussi évidente.
Si Ehoud Olmert, l’actuel Premier ministre israélien, l’a néanmoins
lancé, c'est sans doute pour répondre au défi du Likoud qui
remontait quelque peu dans les sondages. Il a ainsi jugé utile
d'envoyer un message de fermeté, et même de force, aux électeurs
israéliens afin de couper l’herbe sous le pied de Netanyahou.
Cela devrait être payant pour le candidat Olmert, même s’il
n’est pas certain que cela arrange la situation générale pour
le futur Premier ministre, qui devrait d’ailleurs être Olmert
lui-même.
Les espoirs nés du retrait de Gaza sont en train de disparaître
les uns après les autres. Et on peut malheureusement craindre le
retour de la violence entre Israéliens et Palestiniens.
Directeur de l’Institut de relations internationales et
stratégiques (IRIS), il a dirigé l'ouvrage collectif «L'Année
stratégique 2006» paru chez Dalloz