Un déluge de feu continuait hier à
s’abattre sur le territoire de Ghaza pris comme cible par
l’aviation israélienne.
Soixante-douze heures après l’arrestation
de 64 personnalités palestiniennes, dont huit ministres et 20
députés et plusieurs maires, la communauté internationale
n’a toujours pas réagi, mais continuait à exiger la libération
«immédiate» du caporal israélien capturé par la résistance
palestinienne. C’est là un fait sans précédent que la «communauté
internationale» ignore aussi délibérément un fait très
grave, l’enlèvement par l’armée israélienne à Ghaza et
en Cisjordanie d’hommes politiques et de membres d’un
gouvernement étranger, fussent-ils des Palestiniens. Certes,
la raison du plus fort a ses raisons que la raison ne connaît
pas, mais n’y a-t-il pas ici une ligne rouge à faire
respecter par tous les Etats, y compris Israël, car l’Etat
hébreu se livre là à une dangereuse glissade des notions
qui gouvernent le monde qui fait de la vie des Palestiniens
une chose négligeable, en comparaison de celle des Israéliens
placés au summum de la hiérarchie universelle. A ce moment
qu’ont à perdre les Palestiniens qui ne trouvent ni répondant,
ni protection auprès de la communauté internationale censée
protéger les opprimés et apporter aide et soutien aux
peuples qui luttent pour la reconnaissance de leurs droits.
Peut-on dès lors empêcher les Palestiniens, qui ne trouvent
d’écoute auprès d’aucune instance internationale de
recourir, par désespoir, à des actes que ces instances
internationales condamnent avec promptitude tout en gardant,
en revanche, un silence coupable sur les exactions, dérives
et atrocités que commettent quotidiennement les forces
d’occupation israéliennes? N’est-il pas dès lors étrange
ce silence qu’observent les puissants face à l’acte
abject de banditisme et de terrorisme d’Etat d’Israël? Ce
qui a permis hier aux représentants de cet Etat voyou
d’affirmer avec cynisme que «la communauté
internationale, les Etats-Unis et l’Europe, exigent depuis
plusieurs jours la libération immédiate et sans conditions
du caporal Shalit. C’est aussi la position d’Israël»
selon les déclarations à une agence de presse de Mark Regev,
porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères.
Pas un mot de l’enlèvement des personnalités
palestiniennes quasiment passées par pertes et profits par la
«communauté internationale» qui concentre toute son
attention à la libération du caporal Gilad Shalit, un
militaire prisonnier de guerre qui peut -et doit- être pris
en charge par le mécanisme des Conventions de Genève, prévu
pour ces cas de figure. Dans cet assourdissant silence, il
faut noter cependant, la position, de principe certes, de la
France qui a néanmoins demandé, par la voix de son chef de
la diplomatie, la libération des personnalités
palestiniennes arrêtées par l‘armée israélienne. Ainsi,
le ministre français des Affaires étrangères, Philippe
Douste-Blazy a appelé hier à la «libération» des
64 responsables politiques du Hamas arrêtés par Israël dans
la nuit de mercredi à jeudi. «Nous avons condamné les
arrestations de personnel politique palestinien et les
conditions dans lesquelles celles-ci sont intervenues» et
«nous appelons à leur libération car ces arrestations ne
font que fragiliser davantage encore les institutions
palestiniennes», a déclaré le ministre français dans
une interview au quotidien régional français ‘’Le Progrès’’
(de Lyon) paru hier. «Il faut éviter l’engrenage de la
violence», a-t-il ajouté. Mais cet engrenage, Israël
cherche plutôt à l’accentuer en menaçant de porter
atteinte à la vie du Premier ministre palestinien, Ismaïl
Haniyeh, sans susciter autrement la réprobation
internationale. Une source israélienne, sous le couvert de
l’anonymat, affirmait hier, en effet, que «sa vie (à
Haniyeh) est en danger si les groupes palestiniens ne libèrent
pas le soldat israélien». Devant l’escalade israélienne,
Ismaïl Haniyeh a déclaré vendredi que, les Israéliens «peuvent
assassiner des dirigeants, arrêter des ministres et des députés,
mais notre drapeau ne tombera pas». Alors que l’on est
sans nouvelles des responsables palestiniens arrêtés,
l’aviation israélienne poursuivait hier ses raids contre
les infrastructures palestiniennes, dans une destruction délibérée
et systématique des secteurs de la vie sociale et économique
palestiniens (centrales électriques, réseaux de conduite
d’eau et de gaz) privant les populations de Ghaza de l’électricité,
du gaz et de l’eau depuis mercredi. Or, c’est cette
barbarie -contre le peuple palestinien- poussée à son extrême
par les Israéliens que les Etats-Unis soutiennent, réitérant
le «droit» d’Israël de se «défendre». De
fait, Washington n’a rien fait tout au long de ces années
pour mettre un terme à cet engrenage mortel, que sont la
domination, la répression et l’occupation, qui ne peuvent
à leur tour que susciter la résistance qu’Israël et les
Etats-Unis ont beau jeu de qualifier de terrorisme.
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