Palestine - Solidarité

   



Le quartet se mobilise pour soutenir Sharon
I'tiraf Rimawi*

 

Le dernier sommet mondial qui fut une tribune et un accueil international pour Sharon, le montrant comme un homme de paix, au moment même de la commémoration des massacres de Sabra et Chatila, fut également une occasion pour les symboles officiels arabes et islamiques de s'empresser à rencontrer Sharon et sa délégation, en vue de normaliser les relations plus tard.  Ainsi, ce sommet a officialisé les plans de Sharon et de son gouvernement, lui donnant le feu vert politique pour tout ce qui viendra par la suite.

Nous savons que les éloges de Sharon et de son entité sont dûs au redéploiement de l'occupation dans la bande de Gaza et que Sharon voulait faire passer ce plan pour une concession douloureuse, afin qu'il lui permette d'élargir la colonisation en Cisjordanie et judaïser al-Quds, ce qui signifie en fin de compte une entité palestinienne encerclée à Gaza, une Cisjordanie déchirée par la colonisation et le mur et toutes les formes de l'occupation, la liaison entre les deux dépend d'un avenir incertain.
Traduisant cet éloge de Sharon pour son plan, l'empressement des officiels arabes et musulmans s'est fait comme si la Palestine a été libérée, appuyant et remerciant du même coup le plan de Sharon, permettant ainsi à des instances internationales de relever de nouveau le chapeau et la langue de Sharon pour adopter et populariser son plan.
A la fin de la réunion des ministres des affaires étrangères des instances du Quartet (Etats-Unis, Union européenne, Russie et Nations-Unies), ces derniers ont adopté l'idée de Sharon sur "la nécessité pour l'Autorité Palestinienne de démanteler les infrastructures de la terreur, d'ôter les armes des organisations avant les élections palestiniennes", ce qui fait peser un lourd danger sur le présent et l'avenir de la question palestinienne.
Cette orientation du Quartet considère que l'occupation israélienne s'est achevée avec le redéploiement à Gaza, faisant semblant d'oublier que la bande de Gaza est assiégée, que l'occupation se poursuit en Cisjordanie. Elle saute par-dessus le droit à la résistance du peuple palestinien contre cette occupation. Elle accorde ainsi une légitimité totale au plan politique de Sharon, en le déployant, au lieu de réclamer d'Israël la fin de l'occupation et de consacrer les efforts du Quartet à résister contre cette occupation.
Par cette déclaration, le Quartet intervient dans les affaires palestiniennes internes. Il n'a aucun droit, ni lui ni d'autres, de décider de la nature de ceux qui participent aux élections palestiniens. Il s'agit d'une contradiction flagrante à leurs prétentions démocratiques et leurs actions en vue d'instaurer la démocratie ! Elle montre combien leurs prétentions sont des coquilles vides, et affirme à ceux qui ont encore des doutes, qu''ils ne souhaitent pas sincèrement l'instauration d'une démocratie qui réponde aux besoins du peuple palestinien en vue de se libérer de l'occupation et de construire sa société. Cette déclaration accorde à Sharon une couverture et une aide pour exécuter ses menaces envers le déroulement des élections palestiniennes si les "armes des organisations palestiniennes" pour résister à l'occupation ne sont pas arrachées.
Face à ces développements politiques graves, il faut rappeler la réalité du plan de redéploiement de Gaza : le premier aspect est issu de la logique de Sharon comme un pas auquel il a été contraint mais qu'il espère investir pour élargir les colonies en Cisjordanie et judaïser al-Quds, ce qui a reçu un accueil favorable sur le plan international, récompensé par une normalisation des relations arabo-musulmane avec l'entité de l'occupation, la transformant en entité normale dans la région et non en entité occupante, lui accordant aussi une légitimité internationale, comme cela se profile à l'horizon.
Le second aspect du redéploiement, et qui nécessairement vise à couper la route au plan de Sharon, est ce qu'il faut comprendre et comment agir sur le plan palestinien. C'est la résistance qui a obligé Sharon à démanteler la colonisation et à retirer son armée de Gaza. Il s'agit d'un pas qui n'est pas encore achevé tant que l'occupation gît aux passages, par air, par mer et par terre. Parallèlement à cela, la politique palestinienne (Autorité et organisations) doit agir et réclamer la fin de l'occupation, avec toutes ses manifestations en Cisjordanie, y compris al-Quds, selon les décisions de la légalité internationale, sans prendre en compte ni le plan de Sharon, ni la feuille de route, ni les nouvelles orientations du quartet, car toutes ses introductions ont déjà été essayées et n'ont rien donné. Il est temps de s'en débarrasser, d'affirmer le droit du peuple palestinien à poursuivre la résistance tant que l'occupation est là. D'où l'importance des élections palestiniennes pour organiser la situation interne palestinienne, en tant que base principale pour faire face à ces défis, comme le voit et le conçoit la volonté du peuple palestinien, avec la participation toutes les forces politiques palestiniennes. Ce qui donnera à ces élections son contenu démocratique, politique de lutte, traduisant les besoins de la question à la fois nationale et démocratique, et non selon ce que veulent Sharon et ceux qui propagent ses idées, sur les plans international et arabe.

*écrivain et journaliste palestinien à Ramallah

Traduit par : Centre d'Information sur la Résistance en Palestine


Source : Palestine en marche


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