Une soirée d’amitié était organisée mercredi au siège du PCF,
en l’honneur de la déléguée de l’Autorité palestinienne,
avant son départ pour Bruxelles.
Ce fut une soirée d’amitié forte et profonde partagée avec Leïla
Shahid, mercredi soir au siège du Parti communiste français. Une
assistance nombreuse et variée, reflet des liens étroits tissés
par la représentante de l’Autorité palestinienne en France pour
faire vivre la cause de son peuple, était venue la saluer. Leïla
Shahid quitte l’Hexagone pour Bruxelles, où le président
palestinien Abbas l’a reconduite dans ses fonctions auprès de
l’Union européenne. « Depuis douze ans que tu es en poste à
Paris, années durant lesquelles nous avons partagé des moments
intenses, rappelle Marie-George Buffet à son amie, tu as rendu
incontournable le combat des Palestiniens en l’inscrivant dans une
vision émancipatrice du monde... Notre travail de solidarité
aurait été plus difficile si le tien n’avait été aussi
efficace. »
« J’ai toujours voulu faire une lecture politique de la question
palestinienne, relève pour sa part Leïla Shahid. Notre lutte
concerne tous les citoyens du monde qui refusent l’injustice.
C’est sur ce terrain-là que j’ai rencontré la citoyenneté
militante française. » Saluant les campagnes menées en commun
avec les communistes et l’Humanité, « pour faire tomber les murs
» ou pour la libération de Marouan Barghouti, elle nous dit «
combien il faut rester vigilant ». « Les Palestiniens traversent
un des moments les plus difficiles de leur histoire »,
estime-t-elle, parlant « du leurre du retrait de Gaza, qui reste
une immense prison ». « Dans un calcul très pernicieux, Sharon
veut garder la mainmise en Cisjordanie, où il s’est engagé
solennellement à développer la colonisation. » Et de regretter
qu’après de telles déclarations aucun homme politique français
ni européen ne se soit exprimé. Le courage du peuple irakien, la
construction d’une coexistence pacifique en Méditerranée avec
une société laïque, la marche vers la paix au Proche-Orient qui
se fera avec les Palestiniens et les démocrates israéliens ont
tour à tour été évoqués dans une analyse politique concise aux
accents vifs et percutants qu’affectionne la représentante de
l’Autorité palestinienne. La soirée s’est poursuivie par la
lecture, par la comédienne Anne Alvaro, d’extraits du texte
magnifique de Jean Genêt, Quatre Heures à Chatila, que l’écrivain
dédia à son amie Leïla Shahid. Tous deux étaient à Beyrouth en
septembre 1982 lorsque les milices d’extrême droite libanaises,
sous la supervision de l’armée israélienne commandée par le général
Sharon, se livrèrent aux massacres dans les camps palestiniens de
Sabra et de Chatila. Des mots douloureux qui sonnent le rappel à la
vigilance, comme le disait Leïla. Sans État, les Palestiniens sont
toujours aussi vulnérables.
Leïla Shahid était accompagnée de son mari l’écrivain Mohammed
Berrada.
De nombreuses personnalités politiques et artististiques, élus,
représentants d’associations de solidarité et de partis
politiques du monde arabe, avocats, journalistes, militants étaient
présents. Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité, et Pierre
Laurent, directeur de la rédaction, représentaient le journal.
D. B.
|