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Ha'aretz, 17 novembre 2005
L'accord qu'a arraché mardi la secretaire d'Etat Condoleezza Rice
à Ariel Sharon et Mahmoud Abbas est d'une grande importance tant
sur plan concret que symbolique. Cet accord va permettre aux
Palestiniens de circuler plus librement , entre Gaza et l'Egypte
- et donc à travers le monde - et entre Gaza et la Cisjordanie. Il
leur accorde un contrôle sans précédent sur les passages de
frontières, et leur confère par là même, en tant que nation,
fierté et prestige. Au terminal de Rafah, et plus tard au
port et à l'aéroport de Gaza, les Palestiniens pourront, pour la
première fois, ressentir les effets de la souveraineté.
Cet évènement marquant dans l'histoire du mouvement national
palestinien s'est produit le 15 novembre 2005, 17 ans jour pour jour
après la déclaration d'Alger prononcée par Yasser Arafat en
1988 . Cette déclaration considérée comme la reconnaissance
d'Israël par l'OLP a été le prélude à l'établissement du
dialogue avec l'administration Américaine.
Cet accord est censé équilibrer les demandes palestiniennes et
israéliennes. Il s'agit d'une part , de répondre aux
aspirations des palestiniens qui souhaitent voir la situation de
leur peuple s'améliorer et la fin du siège dont ils sont
actuellement l'objet, et d'autre part de calmer les inquiétudes
israéliennes face à des failles sécuritaires qui pourraient
mener à des attentats terroristes. Il comprend des
dispositions pratiques comme des contrôles de sécurité, et la
circulation d'autobus et de camions en convois. Le souhait d'aider
Mahmoud Abbas dans sa campagne électorale contre le Hamas (les élections
auront lieu dans deux mois), ainsi que le rôle central qu'ont joué
ceux qu'on appelle les "Tiers" caractérisent, entre
autres, cet accord . Le terme "Tiers" fait référence
à l'Union européenne, dont le représentant, Javier Solana, a été
officiellement déclaré parrain de l'accord, et qui postera
des superviseurs aux terminaux frontaliers et dans les salles de
contrôle, ainsi qu'au médiateur économique de la communauté
internationale, James Wolfensohn.
Il se réfère en réalité surtout aux Etats-Unis. De fait, sans la
pression exercée par Condoleezza
Rice, clairement soutenue par le président Bush, l'accord n'aurait
jamais été conclu. Les Israéliens et les Palestiniens ne sont pas
parvenus à un compromis, pas plus que les ministres Shimon Peres et
Shaoul Mofaz. Quand il a compris qu'il valait mieux ne pas s'opposer
aux demandes insistantes de Rice, Sharon a imposé sa décision à
son establishment militaire.
Cet accord sur les passages frontaliers reflète ainsi
l'intervention grandissante d'éléments extérieurs dans la
conduite des négociations au jour le jour entre Israël et l'Autorité
palestinienne, ainsi que le rôle grandissant des Etats-Unis dans
cette intervention, où l'Europe et l'Egypte ont également leur
part. Le général Keith Dayton, nommé aujourd'hui coordinateur américain
pour la sécurité dans la région en remplacement de William
Ward, muté à un autre poste, ne supervisera plus le jeu interne
palestinien (la fusion des différents services de
sécurité) mais la compétition entre Israël et l'Autorité
Palestinienne. L'organisation qu'il dirige déterminera ainsi si les
exigences israéliennes concernant le refus de laisser entrer
certains individus "constituant une menace" sont justifiées
ou non selon les termes de l'accord. De même, elle décidera si le
comportement des Palestiniens aux terminaux frontaliers est conforme
à l'accord.
Les élections qui approchent des deux côtés pourraient entraîner
une sorte de laisser-aller diplomatique. Il faut empêcher cela sous
peine de revenir à une situation dans laquelle le soupçon,
l'inimitié et la violence ne pourraient que se renforcer . Les
Tiers, qui ont réussi cette
semaine à maintenir la dynamique créée par le retrait de Gaza, et
à donner aux deux côtés un
peu espoir en un avenir meilleur, doivent maintenant s'atteler sans
délai à la suite : faire pression à la fois sur les Palestiniens
pour qu'ils désarment les organisations terroristes, et sur Israël
afin qu'il démantèle des colonies sauvages de Cisjordanie
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