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Ha'aretz, 6 octobre 2005
Dan Haloutz, chef d'état-major, a ordonné à l'armée de se
conformer immédiatement à la décision de la Haute cour de Justice
qui interdit l'usage de boucliers humains" palestiniens
lors des raids de l'armée.
Au cours de raids impliquant des arrestations en masse en
Cisjordanie et dans la bande de Gaza, Tsahal a, par le passé,
utilisé des civils palestiniens dans la capture d'activistes
recherchés, en forçant ces civils à s'approcher des maisons et
des cachettes. Dans un certain nombre de cas,
ces civils ont été pris sous des feux croisés et tués ou blessés.
Tsahal a également commencé à rechercher d'autres procédures
d'arrestation qui permettraient à l'armée de continuer à
effectuer des opérations à longue portée tout en minimisant le
danger pour les soldats. Tsahal est autorisé à poursuivre des
pratiques comme l'envoi de chiens dans des maisons d'hommes recherchés
et la destruction de maisons où ils se cachent au cas où ils
refusent de se rendre.
Cette décision de la Haute cour, annoncée aujourd'hui jeudi,
interdit également à l'armée la procédure des "alertes
anticipées, où des soldats utilisent des civils palestiniens
comme boucliers dans le cas où ces civils acceptent explicitement
de collaborer, et si cette action ne met pas leur vie en danger.
"L'alerte anticipée était la réponse de Tsahal à une
injonction temporaire de la Haute cour en 2002, qui interdisait
l'usage des boucliers humains". La décision
d'aujourd'hui vient renforcer cette interdiction.
Les raisons données par la Cour
Le président de la Cour, Aharon Barak, qui a pris cette décision
en réponse aux requêtes de l'Association pour les Droits civiques
en Israël et de l'organisation Adalah pour les droits de l'homme, a
dit que cette pratique viole la loi internationale.
"On n'a pas le droit d'exploiter une population civile pour les
besoins d'une armée, ni de la forcer à collaborer avec l'armée, a
dit Barak. A partir de ce principe, nous affirmons qu'il est
illégal d'utiliser des civils pour transmettre des ordres
militaires émanant de l'armée à ceux que l'armée souhaite arrêter.
Barak a critiqué la procédure de l'alerte anticipée,
en citant l'interdiction faite par la convention de Genève à une
armée d'occupation d'utiliser des civils dans des opérations
militaires, et ce contre leur gré.
Barak a demandé à l'armée de mettre fin à cette procédure, en
disant que si, d'un point de vue technique, elle tient compte de la
volonté du civil, "il est très rare qu'il y ait réellement
plein gré : dans 90% des cas, il n'agit pas de plein gré. Il est
très difficile de confirmer ce plein gré, et il me
semble que quand une unité de l'armée survient la nuit, personne
n'osera refuser de collaborer, par peur".
La droite tonne
Des députés de droite ont fustigé la décision de la Haute cour,
alors que la gauche s'en félicitait.
Effie Eitam, du parti pour un Sionisme religieux rénové (extrême
droite) a dit que les juges "lient les mains de Tsahal, qui mène
une guerre sans frontières contre le terrorisme.
Zvouloun Orlev, président du Parti national religieux (droite
religieuse nationaliste) a également critiqué durement la Haute
cour : "cette décision, comme celle contre la clôture de sécurité,
représente une tendance dangereuse : les juges de la Haute cour
sont prêts à mettre en danger les vies de soldats et de civils
israéliens pour protéger celles de Palestiniens.
Eli Yishaï, président du Shas (ultra-orthodoxe) a qualifié la décision
d'"ahurissante : tous les raids de l'armée sont
destinés à prévenir les attentats terroristes et à sauver des
vies. Ce besoin inexpliqué de nous présenter comme de 'belles âmes'
est dangereux, et peut mettre en danger
inutilement des vies de soldats et de civils.
Gilad Erdan (Likoud) a déclaré que la Haute cour restreignait une
fois de plus la capacité des soldats à se défendre et à
combattre le terrorisme. Les juges de la Haute cour révèlent
une fois de plus, à mon grand regret, une compréhension plus
grande pour les souffrances des Palestiniens que pour les dangers
mortels auxquels sont confrontés nos enfants qui se battent
contre des assassins".
La gauche applaudit
Yossi Beilin, président du parti Meretz-Yakhad, a dit quant à lui
que la cour avait prouvé aujourd'hui qu'Israël ne peut se défendre
sans perdre son humanité. Il est triste que le gouvernement d'Israël
ne puisse pas comprendre de lui-même que la procédure de
voisinage (terme employé par l'armée pour la pratique des
boucliers humains), de même que les souffrances endurées par ceux
qui sont interrogés par le Shin Bet, ternissent sans raison l'image
d'Israël et mettent à mal sa position de seule démocratie du
Moyen-Orient. Encore une fois, le gouvernement doit remercier la
Haute cour d'exister, parce qu'encore une fois, la cour a sauvé le
gouvernement de lui-même.
La députée Zehava Gal-On (Meretz-Yakhad) a déclaré : la
Haute cour empêche de s'en prendre à des personnes innocentes et
de discriminer entre sang et sang. Elle dit que l'armée d'un Etat démocratique
n'a pas le droit de se comporter comme des bandes terroristes.
Raleb Majadele, travailliste, président de la commission de l'Intérieur
de la Knesset, a salué la décision de la cour, et affirmé qu'elle
conduirait désormais les soldats à traiter différemment les
Palestiniens.
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