Mais un sondage d’opinion de la semaine dernière
donne un résultat surprenant - complètement à l’opposé.
Abu Mazen s’est récemment renforcé. L’enquête a été menée
en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza par des chercheurs de
l’université de Bir Zeit, dans le cadre d’un programme récent.
Selon l’enquête, le pourcentage de soutien
global à Abu Mazen est passé de 33% en avril 2005 à 45%
actuellement. La progression est plus nette à Gaza qu’en
Cisjordanie. La plupart des personnes interrogées soutiennent
sa politique de façon globale - d’abord sur la trêve avec
Israël et sur l’interdiction de porter des armes en public.
Il y a relativement une grande aspiration pour une amélioration
du fonctionnement des forces de sécurité. Dans le même temps,
une très grande majorité approuve la décision d’Abu Mazen
de ne pas désarmer les milices (où domine la branche militaire
du Hamas).
En ce qui concerne les élections législatives
de fin janvier prochain, il apparaît surtout un grand soutien
en faveur du dirigeant du Fatah, Marwan Barghouti, enfermé à
vie dans une prison israélienne. Il obtient un meilleur score
que le Premier ministre palestinien, Ahmed Qorei (Abu Ala).
Ce qui pourrait amener à douter du sérieux de
l’enquête, c’est le moment où elle est publiée : à
la veille du départ d’Abu Mazen pour la Jordanie, l’Egypte,
la France et les Etats-Unis. Ses hôtes ne pourront pas ne pas
prendre en compte ces bons résultats.
Comment peut-on combiner les résultats de cette
enquête avec les déclarations de la semaine passée sur la
faiblesse d’Abu Mazen ? La réponse dépend du point de
vue de chacun. Les collaborateurs d’Abu Mazen disent qu’une
campagne est menée contre lui pour le présenter comme
quelqu’un de faible, une campagne menée par le Premier
ministre israélien, Ariel Sharon. Les intérêts d’Israël
dans une telle campagne sont les mêmes que ceux qui ont motivé
Israêl à l’égard de l’ancien Président, Yasser Arafat.
Israël présentait Arafat comme un terroriste
et maintenant Abu Mazen comme un faible, et la conclusion dans
les deux cas est la même : il n’y personne pour
discuter.
Des personnalités palestiniennes disent qu’Abu
Mazen a réussi à prouver sa valeur lors des derniers mois. Il
a obtenu la trêve, plus ou moins respectée ; le désengagement
de Gaza s’est fait relativement en douceur. Mais pour ces
dirigeants, ces deux réalisations ne peuvent tenir longtemps.
La Bande de Gaza, qui est devenue un atout pour les Palestiniens
avec le retrait israélien, peut bientôt devenir un risque, ce
que l’on peut attribuer à l’impasse dans lesquelles se
trouvent les négociations sur les passages frontaliers. Israël
continue de vouloir une pleine surveillance sur les passages
vers l’Egypte, (voir cependant l’article de
l’Imemc du 17 octobre - NDLP) et pour le moment, les deux
passages entre Israël et la Cisjordanie restent partiellement
fermés. Autrement dit, le danger grandit pour que Gaza reste
fermée, à savoir, pour que le retrait israélien ne l’ait
transformée en une immense prison.
Contre ces perspectives, les assistants d’Abu
Mazen présentent ses visites diplomatiques en cours comme une
campagne de protestations contre Israël. Il informera ses hôtes,
et particulièrement le Président américain, George Bush, de
l’impossibilité dans laquelle il se trouve de progresser
aussi longtemps qu’Israël continuera à entraver la Bande de
Gaza, à construire des clôtures et des murs de séparation, à
judaïser Jérusalem et à étendre les colonies en Cisjordanie.
Abu Mazen apparaît à l’étranger comme
quelqu’un qui a un large soutien public, comme les enquêtes
le montrent, et qui a mis fin aux attaques terroristes et à la
violence, qui risquent cependant de reprendre si Israël
continue de l’affaiblir pour pouvoir clamer : « Regardez,
il n’y a personne pour discuter ».