http://www.haaretz.com/hasen/spages/644045.html
Ha¹aretz, 10 novembre 2005
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant
L¹élection d¹Amir Peretz [à la présidence du Parti
travailliste] a secoué le système politique et pourrait marquer le
début d¹une nouvelle ère. Le grand vainqueur est le Parti
travailliste, ne serait-ce qu¹à cause de la capacité de Peretz à
attirer à lui des secteurs qui depuis de nombreuses années sont
inaccessibles au parti.
Le profil personnel de Peretz est presque identique à celui de
millions d¹Israéliens immigrés en Israël ou nés après sa création
: fils d¹immigrants marocains, élevé dans une ville de développement
du sud, il est parvenu à la position qu¹il occupe grâce à un
labeur incessant. Ironie de l¹histoire, ce sont les nouveaux
immigrants des années 50 et 60 qui votaient travailliste
et faisaient la force du parti face à la droite, dirigée à l¹époque
par Menahem Begin. L¹arrivée au pouvoir du Likoud, en 1977, a détourné
les classes défavorisées du Parti travailliste, qui depuis lors se
traîne derrière le Likoud.
Il se pourrait que Peretz symbolise pour les populations exclues de
la société le fait que le Parti travailliste peut devenir leur
maison politique au sens où, si lui, Peretz, a pu grimper jusqu¹au
sommet, elles aussi le peuvent. Le fait qu¹il ait grimpé l¹échelle
politique pour en arriver à la tête du Parti travailliste,
traditionnellement considéré comme un bastion conservateur et ashkénaze,
est une bonne nouvelle pour le parti. Il est possible que, parmi ces
populations exclues, nombreux soient ceux qui abandonneront le
Likoud ou le Shas [ultra orthodoxe] pour rejoindre Peretz.
Peretz va aussi bénéficier de ses positions sur l¹économie, qui
cherchent à réduire le fossé entre pauvres et possédants. En dix
ans, Israël est devenu la société la plus socialement polarisée
du monde occidental, et il a le taux de pauvreté le plus important
chez les personnes âgées. Peretz a
annoncé son intention de relever le salaire minimum, et d¹insister
sur le rôle de l¹Etat en tant qu¹aide aux plus défavorisés. En
ce sens, il est un pionnier du retour à la politique de l¹Etat-providence,
politique particulièrement mise à mal ces dernières années sous
les gouvernements Likoud.
De plus, la victoire de Peretz pourrait provoquer un changement des
priorités de l¹Etat. Le temps est révolu où des ex-généraux
dirigeants du Likoud comme des travaillistes dictaient un ordre du
jour où tous les aspects de la vie étaient subordonnés aux
questions militaro-politiques. Le système politique a été dominé
par d¹anciens généraux, ce qui en a profondément modifié la
nature. Et Peretz constitue une menace pour l¹hégémonie des
militaires si crûment mise à jour quand le député travailliste
Danny Yatom s¹est ouvertement moqué du non-passé militaire
d¹Amir Peretz. (1)
Le Parti travailliste ne pouvait espérer meilleure issue. Peretz
pourrait annoncer une ère nouvelle pour le Parti travailliste, qui
le ferait sortir de l¹isolation dont il souffre depuis l¹accession
au pouvoir du Likoud en 1977. Le Parti travailliste fait de nouveau
partie du jeu.
(1) sur cet épisode, et plus généralement pour un portrait plus
fouillé d¹Amir Peretz : http://www.lapaixmaintenant.org/article1072
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