22 mars 2006
A l'occasion de la fête des mères, célébrée dans les pays
arabes le 21 mars, Qahira Saadi, femme du camp de Jénine, mère
de quatre enfants, prisonnière palestinienne détenue derrière
les barreaux de l'occupant sioniste, a voulu adresser un message
à la communauté internationale. Elle a voulu lancer un cri,
expliquer les conditions des détenues, les privations et les
souffrances vécues par les femmes et mères palestiniennes.
Qahira s'adresse aussi aux autres mères de famille, celles qui
vivent dans la prison de l'extérieur, la "petite
prison", la terre de la patrie encerclée par les barrages,
les barbelés, les portes et les soldats.
"Une nouvelle année pour les mères, et l'espoir demeure, il
transperce les prisons de la mode Guantanamo, cette prison dont
les murs appartenaient à des écuries à l'époque britannique,
qui est devenu la prison des combattantes palestiniennes pour la
liberté. C'est de l'enfer que je m'adresse à vous, que je
m'adresse à toute femme et à toute mère, et je vous demande :
brisez le silence, soutenez la justice, soutenez notre droit à
une vie libre et digne. Ils nous ont volé notre liberté en nous
emprisonnant, et vous, aidez-nous a réaliser ce pour quoi nous
avons donné de nos vies, aidez-nous à garder notre dignité, que
nous n'abandonnerons pas."
La prisonnière Qahira Saadi a dévoilé la campagne brutale
pratiquée actuellement dans les prisons israéliennes contre les
femmes palestiniennes, pour les priver de tous les acquis qu'elles
avaient obtenus et imposer de nouvelles mesures punitives contre
elles, par esprit de vengeance.
Dans un entretien au quotidien al-Quds, Qahira Saadi, condamnée
à vie pour implication dans une opération martyre, affirme que
les prisonnières en général, et notamment les prisonnières du
Jihad islamique, subissent des pratiques monstrueuses de la part
de la direction de la prison, qui les provoquent jour et nuit en
intervenant dans les sections pour fouiller et réprimer.
Qahira Saadi décrit les prisons israéliennes disant qu'elles
sont comparables à celles de Guatanamo et Abu Ghrayb, mais le
silence des médias les a occultés, alors que nous sommes enterrées
et nous subissons une terreur implacable, mais personne ne bouge.
La direction se comporte avec nous en tant qu'ennemis, elle nous
impose des conditions très dures, et les pièces dont on parle
sont en réalité les antichambres de la mort. Ce sont des tombes
collectives, qui sont inaptes pour des animaux. Elles sont dépourvues
de toutes les commodités nécessaires à la vie. Nous sommes dans
des pièces devenues des lieux propices à toutes les maladies et
à toutes les souffrances. Nos vies sont détruites à l'intérieur
de ces vieux murs, ces pièces sales, glaciales en hiver et
torrides en été, closes pour empêcher tout rayon de soleil.
Nous sommes nombreuses dans ces petites pièces, nous manquons des
nécessités. Les matelas sont sales, les couvertures rares. Les
bains sont tellement vieux qu'ils dégagent des odeurs de moisi,
ce sont les lieux de transmission des maladies. Nous vivons au
milieu des bestioles, les cafards, les rats. La direction ne fait
aucun effort pour nous en débarrasser.
La direction contrôle l'arrivée de l'eau froide, de l'eau
chaude, de l'électricité. Elle contrôle les heures de télévision
ainsi que les chaînes. Plusieurs chaînes, dont al-Manar, sont
interdites.
Qahira explique que la direction de la prison est sans cesse en
train de provoquer les prisonnières, en faisant fouiller les
sections en permanence. De plus, elle impose aux prisonnières les
fouilles corporelles, notamment lors de leurs déplacements. Quant
aux fouilles, aucun objet, aucune partie de leur corps n'en échappe
: les montres sont démontées, mais même nos cheveux et nos
ongles. S'ils pouvaient ouvrir nos corps, nous éventrer, pour
fouiller, ils le feraient. De plus, la direction ne cesse d'avoir
des attitudes pour nous humilier, elle nous pousse à réagir,
pour nous faire traduire devant les tribunaux, et nous imposer
l'isolement, les amendes, qui sont devenues tellement banalisées
que les familles des prisonnières doivent prévoir ces sommes
d'argent, pour libérer leurs prisonnières des punitions imposées.
D'autre part, les prisonnières se plaignent beaucoup des repas,
qui sont mauvais et en très faible quantité. Ce sont des
prisonnières juives de droit commun qui préparent les repas,
elles se vengent de nous en y mettant des cafards et des ingrédients
moisis. Cela nous oblige à aller à la cantine, mais les prix
sont hors de notre portée et de celle de nos familles.
Concernant notre état de santé, tout peut être dit à ce
propos. Il n'y a aucun médecin, ni aucun traitement. La prison
nous cause des maladies, et en refusant de nous faire soigner, la
direction ne fait qu'empirer notre état. Plusieurs prisonnières
doivent être opérées, leur état est très critique. Chaque
prisonnière paie de sa santé les mesures répressives et
inhumaines qui nous sont imposées.
L'occupant ne se contente pas de nous imposer les conditions dures
de la prison, il a établi une liste d'interdits, comme
l'interdiction des visites. Cela est terrible, pour nous. Nous
interdire de serrer nos enfants dans les bras, dans des visites
qui n'ont de visites que le nom, puisque nous sommes séparées de
nos parents par des vitres, nous leur parlons à travers un téléphone,
pour une durée qui ne dépasse pas la demi-heure. J'ai plusieurs
fois essayé de convaincre la direction de me laisser embrasser ma
fille Dunia, qui a sept ans, qui avait trois ans quand j'ai été
arrêtée, mais rien n'a changé. Il n'y a aucune miséricorde
dans leur coeur.
Autres interdictions : celle de se rassembler, entre détenues, à
l'intérieur des pièces et dans la cour, interdiction de tenir
des assemblées culturelles et religieuses. Lors de la récréation,
dont ils ont défini la durée, nous sommes interdites de nous
rassembler plus que deux, nous sommes constamment surveillées,
nos paroles, nos gestes, ... Toute personne qui essaie de mener un
rassemblement est immédiatement punie, même si c'est pour mener
une activité sportive. La prière collective est interdite, même
celle du vendredi. Nous n'avons pas le droit d'apprendre
collectivement à réciter le Coran.
Au nom des prisonnières, Qahira Saadi lance un appel aux
institutions internationales, humanitaires, leur demandant d'agir
et de mettre fin à la détention des 120 prisonnières
palestiniennes, privées de leurs enfants et/ou de leurs
familles, dont les mineures et les malades. Qahira Saadi lance un
appel pour que la question des prisonniers palestiniens soit activée
en permanence, jusqu'à leur libération, affirmant que de leur côté,
les prisonnières sont déterminées à résister et à faire face
à l'occupation.
Traduction Centre d'Information
sur la Résistance en Palestine
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