Palestine - Solidarité

   



Nouvelles de Jénine
Ali Samoudi

 

La résistance de la famille du détenu Rayeq Bisharat

Sa femme a été assassinée. Il a été condamné à 7 ans de prison malgré sa main amputée.
 
Leurs deux enfants, Yazan et Yazid ne cessent de réclamer leurs père et mère. Ils ont été privés de leur tendresse par l'occupation. Leur vie est devenue infernale, depuis qu'ils ont été séparés d'eux, dit la grand-mère, qui les a pris en charge et essaie coûte que coûte d'alléger leurs souffrances, mais en vain. Rien ne peut remplacer leur père et mère. "Ils ont perdu leur enfance, ils ont été privés même de sommeil", poursuit leur grand-mère, Hajja Rahma Muhammad Bisharat. "Ils restent isolés de tout, refusent de participer à tout ce qui peut leur faire oublier l'absence de leurs parents. Ils sont tout le temps en pleurs, et répètent sans cesse : nous voulons nos parents".
La grand-mère a des difficultés à expliquer à ses petits-enfants qu'ils sont en train de payer le prix de l'occupation. C'est l'occupation qui est la source de tous nos malheurs, de notre tristesse et souffrance, dit-elle fermement.
 
"Notre famille a subi toutes sortes d'épreuves", raconte Hajja Rahma, la cinquantaine. Sa belle-fille, Yara Fathi Qasem a été assassinée, alors qu'elle vivait tranquillement avec son mari et ses deux enfants. La martyre Yara fut la première victime de la famille. "Alors que mon fils Raeq Abdel Rahman Bisharat essayait de surmonter le choc et de s'occuper des enfants pour alléger leurs souffrances, il fut victime de l'occupation, blessé aux mains. A cause des blessures profondes, ses deux mains ont dû être amputées. Son état empira. Il ne pouvait plus travailler et assurer de quoi faire vivre ses enfants. Mais malgré ses blessures, il a essayé de reprendre le dessus en essayant de trouver un remède.
Mais à peine a-t-il trouvé une solution pour ses mains, et qu'il se préparait à voyager pour se faire hospitaliser, il est arrêté par les forces de l'occupation qui ont investi la maison. "Mon fils a été arrêté malgré son état d 'incapacité, malgré les cris de ses enfants. Il a été immédiatement transféré à la prison de Jalama pour l'interrogatoire".
Essuyant les bords de ses yeux, elle poursuit : "mon fils a été arrêté sans aucun motif. Ils l'ont pris sans prendre en considération que les enfants sont restés sans personne pour s'en occuper. Depuis qu'il a été arrêté, il est en isolement, après avoir été durement frappé. Son état de santé s'est détérioré suite à l'interrogatoire brutal qu'ils ont mené avec lui. Les autorités ont refusé qu'il soit soigné. Plusieurs institutions humanitaires sont intervenues mais en vain. Actuellement, il menace d'entreprendre la grève de la faim. Les conditions inhumaines dans lesquelles il est enfermé l'affaiblissent considérablement. Il doit pouvoir subvenir aux besoins de ses enfants.
 
Sa vie est actuellement en danger. Ils l'ont condamné à 7 ans de prison pour appartenance au Jihad islamique. Etant donné que les autorités sionistes refusent de le soigner, je leur fait porter l'entière responsabilité de tout ce qui peut lui arriver. Et je réclame l'intervention de toutes les institutions humanitaires pour le sauver de cet enfer et de cette mort lente, et de l'occupation. L'occupant utilise sa faiblesse, ses mains amputées, pour faire pression sur lui, c'est un otage comme les milliers d'autres.
Où sont les organisations internationales ? De quoi s'occupent-elles ? où est la justice dans ce monde ? Comment peuvent-elles accepter qu'Israël se comporte de cette manière avec nos enfants ? C'est la politique de la mort lente qui est appliquée, en refusant que nos enfants soient soignés dans les prisons.
 
L'angoisse de Hajja Rahma est à son comble. Le comité du prisonnier palestinien lui a annoncé que la situation de son fils est au plus mal : il a perdu la capacité de se débrouiller tout seul, à cause de son handicap. Les prisonniers se sont dirigés vers la direction de la prison, réclamant de sauver la vie de leur camarade, mais en vain. Mais les prisonniers ont donné l'alerte générale : si la direction de la prison ne transfère pas Raeq à l'hôpital, ils prendront des mesures adaptées. Le comité des prisonniers n'a pu visiter Raeq.
 
Une lettre est cependant parvenue du prisonnier Raeq Bisharat, qui a réclamé que son cas soit suscité sur le plan international, pour dénoncer les pratiques de la direction des prisons israéliennes : "la pratique de la mort lente que mène l'occupant dans les geôles de la mort signifie pour nous les maladies, les handicaps divers. Ils refusent de nous soigner afin de nous voir mourir, parce qu'ils veulent se venger de nous. Les médecins de la prison ont décidé de refuser mon transfert, pour me voir souffrir encore plus. Ils me privent de mes médicaments et des traitements.
J'en appelle à toutes les consciences vives de faire un geste pour sauver nos vies. Nous sommes les victimes d'un crime odieux qui est un affront à l'humanité toute entière".
 
 
Atteint par un produit inconnu, il perd connaissance
Des sources médicales palestiniennes affirment que le Palestinien Jamal Hassan Atiya Abu Rmeyleh, 39 ans, du camp de Jénine, a été hospitalisé à l'hôpital Rafida, à Nablus, après avoir perdu entièrement connaissance.
La famille Abu Rmeyleh a expliqué qu'une patrouille de l'armée israélienne l'avait arrêté alors qu'il se trouvait dans sa voiture du côté de la plaine Ramine, près de Tulkarm, se dirigeant de Jénine vers Ramallah. D'après les témoins, les soldats l'ont obligé à les suivre après l'avoir fouillé. Ils l'ont emmené dans une zone déserte. Les quatre soldats se sont jetés sur lui et l'ont sauvagement agressé, puis l'ont jeté par terre. L'un des soldats l'a immobilisé en lui tenant ses bras et l'a arrosé d'un produit inconnu, à partir d'une bouteille qu'il tenait. Jamal a été aussitôt atteint de raidissements. Il a été ainsi trouvé par des citoyens qui l'ont emmené à l'hôpital.
Son frère Ata Abu Rmayleh, qui est secrétaire du mouvement du Fateh dans la région de Jénine, rapporte que son frère a été emmené à l'hôpital Rafidia, les médecins sur place ne pouvant déceler le produit avec lequel il a été agressé. Jamal est marié et a quatre enfants.
 
 
Jénine, à l'aube de la 6ème année de l'Intifada : quatre martyrs
La caserne sioniste de Arraba démantelée
Les forces de l'occupation ont tout fait pour empêcher les Palestiniens de se réjouir de leur départ de la caserne Dawthan, au sud de la ville de Jénine, en assassinant le martyr Alaa Hantouli, victime de l'occupant. Il était sorti tôt le matin de sa maison pour aller à la recherche d'un travail. Il se trouvait debout, au bord de la route principale reliant Jénine à Nablus, attendant ce moment où il fut assassiné. Au même moment, la caserne sioniste se vidait de ses occupants. Umm Alaa soupire, pleure, assise près du cercueil de son fils : "Alaa, ils ont voulu te priver de la joie de leur départ, ils nous ont privés de la vie après toi. Quel crime as-tu commis pour qu'ils t'assassinent ainsi, de sang-froid ?"
 
La grand-mère est là, elle essaie de réconforter sa bru. "Ils tuent nos jeunes, la fleur de notre peuple. Que leur a t-il fait, quelle injustice que cela ? Hier au soir, il était encore avec moi, on veillait, il était joyeux, surtout lorsqu'il a entendu l'annonce de leur départ de Arraba. Jusqu'à quand l'occupant va-t-il continuer à assassiner nos jeunes ?"
Alors que la population de Jénine se préparait à célébrer les cinq ans passées de l'Intifada al-Aqsa, les forces de l'occupation ont mené un raid meurtrier en assassinant trois jeunes combattants, qui se sont battus contre cette invasion. Trois martyrs sont tombés, de Jénine et de Burqin, suscitant une grande colère parmi la population.
 
Les Brigades des martyrs d'al-Aqsa annoncent alors la fin de la trêve qu'ils avaient accepté, malgré les agressions israéliennes.
Des centaines de jeunes sont arrêtés par les forces de l'occupation qui visaient les mouvements du Hamas et du Jihad islamique dans toutes les provinces de Cisjordanie. Sheikh Abdel Baset el-Hage, porte-parole de Hamas, déclare que l'Etat d'Israël n'a cessé depuis le sommet de Sharm el-cheikh, de violer les termes de la trêve, et profitant de ce qui s'est passé à Gaza, il a lancé sa campagne d'arrestation. Plus de 300 membres de Hamas ont été arrêtés, parmi les dirigeants ou les simples militants, ainsi que des responsables de comités et institutions humanitaires, qui agissent loin de toute activité politique. Pour lui, le but des forces de l'occupation est clair, cette opération va de pair avec le retrait de Gaza et de Jénine, elle est menée au moment même où les Palestiniens veulent célébrer la naissance de l'Intifada al-Aqsa. Israël veut empêcher aussi le mouvement Hamas de participer aux élections municipales et législatives procha ines, susciter une situation instable interne en faisant éclater une guerre fratricide.
 
Sheikh Abdel Halim Izzidine, un des dirigeants du Jihad islamique, dit que les forces de l'occupation ont arrêté entre le 26 et le 30 septembre plus de 200 membres de son mouvement, après avoir assassiné des combattants du mouvement dans la ville de Tulkarm. L'occupation intensifie son agression, pour masquer son échec. Il pousse les mouvements palestiniens à s'entretuer. Mais il y a une unanimité palestinienne à préserver l'unité des rangs, à préserver la résistance, en intensifiant la révolte et l'Intifada populaire.
 
Malgré le sang palestinien et les arrestations, les Palestiniens ont voulu célébrer à leur manière le retrait de la caserne de Douthan. Mustafa al-Hajj Ahmad se précipite vers le lieu évacué pour prier, là où son fils Muhammad avait été assassiné. Il lève le drapeau à l'intérieur de la caserne, pensant à son fils martyr pour la patrie. Il est rejoint par des milliers de Palestiniens qui pénètrent dans la caserne, lèvent le drapeau palestinien et les photos des martyrs, le président regretté Yasser Arafat, sheikh Ahmad Yassine, Fathi Shiqaqi, secrétaire général du mouvement du Jihad Islamique, assassiné avant l'Intifada, et Abu Ali Mustafa, secrétaire général du Front Populaire, assassiné en 2001.
 
Les photos des martyrs et des détenus sont aussi là, dans ce qui fut la caserne. Mustafa al-Hajj Ahmad déclare : "Malgré ma souffrance d'avoir perdu mon fils Muhammad, assassiné il y a quatre mois, à la porte de cette caserne, ma joie est grande à cause de la démolition de ce lieu maudit, symbole de notre oppression. Je ressens une grande fierté de lever le drapeau palestinien, dont le prix a été payé par mon fils et des milliers de martyrs et de détenus.
 
Dans ce lieu qui fut la caserne de l'oppression, les gens se racontent leurs peines et leurs joies, les souvenirs de leurs martyres et martyrs, les années de souffrance et d'endurance. Raed Abbas, membre du comité central du Front Démocratique, raconte : en 1967, les forces de l'occupation installent cette caserne sur les terres de Arraba, après avoir pillé 283 dunums de ses terres agricoles. Elles ferment également de larges superficies de terres avoisinantes, interdisant à leurs propriétaires de les utiliser. Dans cette caserne, les forces de l'occupation ont entrepris une répression systématique et des tortures à l'encontre de notre peuple. C'est de cette caserne que sortaient les forces de l'occupation pour arrêter, démolir, agresser notre peuple. C'est dans cette caserne que les centaines ont été torturés, terrorisés et arrêtés. Près de la caserne, et à ses portes, des dizaines de martyrs sont tombés. C'est pourquoi nous voulons s aluer le retrait des forces de l'occupation de ce lieu, leur départ représente une victoire de la résistance qui n'a jamais cessé de porter des coups à l'occupant. Et c'est le début de notre victoire historique.
 
Issam Nawaf, un des dirigeants du Front Populaire, a déclaré : Le départ de l'occupant n'a pu être réalisé sans la résistance et les sacrifices de notre peuple, dont toutes les formations ont lutté pendant de longues années, attendant cet instant où le drapeau palestinien est planté sur cette terre, libérée. Il a ajouté : Nous nous rappellerons toujours les souffrances et la répression exercées par l'occupation à l'intérieur de cette caserne, contre les habitants de la région. Nous avons payé cher pour voir le retrait de l'occupation, pour voir les photos de nos dirigeants et de nos martyrs levés hauts dans ce lieu.
 
Les formations de la résistance palestinienne n'ont pas tardé à rejoindre la population dans ce lieu symbolique. Les Brigades d'al-Aqsa, d'al-Quds, les militants du Hamas, du Front Populaire et du Front démocratique sont arrivés. Zakaria Zubaydi dirigea les combattants des Brigades d'al-Aqsa vers le centre sous les cris de la foule, les saluant et chantant. Entouré des combattants des Brigades, Zubaydi annonça que la terre de Douthan a été finalement libérée par le sang des martyrs, disant que les martyrs ont finalement vaincu l'occupant, souhaitant la libération prochaine d'al-Quds, ainsi que la libération de tous les prisonniers. "Sharon doit savoir que notre peuple ne se pliera pas, quelle que soit l'ampleur de la répression et de la terreur qu'il compte exercer contre nous, nous tenons à notre résistance, elle est notre choix, jusqu'à la libération de notre terre, de nos prisonniers, des dépouilles de nos martyrs, l'unité de nos fo rces constitue notre moyen, nous démolirons le mur, nous effacerons les colonies, nous chasserons l'occupant, et nous offrons cette victoire à nos martyrs et à nos prisonniers".
 
C'est surtout la population de Arraba qui a manifesté la plus grande joie, avec ce retrait israélien. Nasser Afif al-Hajj Ahmad a déclaré : ce jour-là, c'est le plus beau de ma vie, j'ai repris ma terre, qui a été utilisée par la caserne pour les égoûts. Je peux actuellement y arriver après des années de privation et d'occupation. Hatem Abu Safiya déclare, quant à lui : je n'ai jamais perdu l'espoir de retrouver ma terre et d'en finir avec l'oppression. Je me répétais tous les jours : "si le peuple désire la vie, le destin la lui accorde inexorablement". Aujourd'hui, le soleil brille à Jénine, et demain sera le tour d'al-Quds. Le retrait de l'occupant ne signifie pas seulement le retour de nos droits mais il nous donne la force de l'espoir que tout droit revendiqué ne peut que revenir".
 
A Jénine même, les foules en colère ont accompagné les cortèges des martyrs récemment assassinés dont Samer Saadi, dirigeant des Brigades des martyrs d'al-Aqsa à Jénine. Il fut assassiné avec ses compagnons par une unité militaire israélienne. Adib al-Qatt, de la direction des Brigades, a affirmé : Samer est tombé. Longtemps recherché par l'occupant et ses services de renseignements, il a été la victime de la trêve. Il avait refusé de se rendre, il a voulu poursuivre le combat contre l'occupant. Plus de 40 véhicules militaires sont venus pour les assassiner, tous les trois. Il est tombé en se battant, et c'est un message clair pour nous : la résistance est notre voie pour la libération, et non la trêve qui est devenue une arme entre les mains de l'occupant.
 
A Burqin, où les forces de l'occupation avaient assassiné Nidal Khalouf et Samer Shalabi, des cadres du Jihad islamique et des Brigades du martyr Abu Ali Mustafa, la population rapporte que les assassinats n'ont pu avoir lieu que parce que les sionistes ont envahi le village avec 30 véhicules militaires. Les deux combattants ont refusé de se rendre, et ont combattu jusqu'à la fin.
 
Pour le dirigeant des Brigades d'al-Quds, le mouvement du Jihad islamique considère qu'il a le droit de riposter aux récentes attaques israéliennes, rejoignant en cela les déclarations de Zakaria Zubaydi qui a déclaré qu'à l'aube de cette nouvelle année de l'Intifada, après avoir attendu longtemps, "nous proclamons que la trêve est finie, et que cette nouvelle année sera celle de la résistance et de l'Intifada, jusqu'à la victoire".

 

Traduit par : Centre d'Information sur la Résistance en Palestine


Source : Palestine en Marche


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