Communiqué
L’UPR salue l’action d’Abdou Diouf, qui
a fait ce qu’il a pu pour empêcher
Nicolas Sarkozy et François Hollande de
saboter la Francophonie
UPR
Photo:
D.R.
Dimanche 30 novembre 2014
L’UPR salue l’action d’Abdou
Diouf à la tête de la Francophonie
depuis presque douze ans, à l’occasion
du XVème sommet de l’organisation qui
s’est tenu ce weekend à Dakar.
Pendant ses trois mandats successifs,
Abdou Diouf s’est efforcé de donner une
vitalité nouvelle à ce lien singulier
qu’est la langue française entre 274
millions d’êtres humains, sur les cinq
continents. L’UPR souligne d’ailleurs
que le nombre de locuteurs du français
est promis, contrairement aux idées
reçues, à une croissance rapide dans les
années à venir, puisqu’il pourrait
atteindre
750 millions en 2050, principalement
grâce à la croissance démographique de
l’Afrique francophone.
Alors que ce constat
prometteur devrait inciter les
dirigeants français à redonner toute la
priorité aux liens avec les pays de la
Francophonie, ils s’acharnent à
affaiblir toute coopération avec eux et
à enfermer la France dans le périmètre
étriqué et arbitraire de l’Union
européenne qui est, elle, en déclin
démographique rapide.
François Hollande ne semble avoir
rien d’autre à proposer aux pays
africains que des interventions
militaires, aux buts incertains, comme
au Mali ou en Centrafrique. Avant lui,
Nicolas Sarkozy avait manifesté à
plusieurs reprises son mépris pour le
fait francophone.
Le 26 juillet 2007, il avait prononcé
à Dakar un
discours où il avait développé une
vision racialiste du monde,
typiquement anglo-saxonne, expliquant
par exemple que « le
drame de l’Afrique, c’est que l’homme
africain n’est pas assez entré dans
l’histoire » ou bien encore que
« jamais l’homme
[africain] ne s’élance vers l’avenir.
Jamais il ne lui vient à l’idée de
sortir de la répétition pour
s’inventer un destin ».
En octobre 2008, Nicolas Sarkozy
n’avait passé que quelques heures au
sommet de la Francophonie à Québec,
comportement reçu comme une insulte par
les délégations étrangères et les
organisateurs, pour
se précipiter à une rencontre à Camp
David avec le président George W. Bush,
qui quittait ses fonctions trois mois
plus tard, après deux mandats
catastrophiques pour la stabilité et la
paix mondiales.
En outre, en admettant de
nouveaux États peu ou pas francophones,
comme membres à part entière, associés
ou observateurs dans la Francophonie,
Nicolas Sarkozy et François Hollande
rendent caduque, comme à dessein, l’idée
même de « solidarité
francophone ». Au sommet
de Kinshasa, en octobre 2012,
le premier avait admis l’Arménie
comme membre à part entière, le Qatar
comme membre associé et l’Uruguay comme
observateur. À ce sommet de Dakar,
le deuxième a admis le Mexique, le
Costa Rica et le Kosovo, qui est en
réalité une base militaire américaine,
comme États observateurs. L’UPR observe
que cette stratégie de
« destruction par la
dilution » appliquée par les
dirigeants français à la Francophonie ne
se retrouve ni au sein de la
Communauté des pays de langue portugaise
ni au sein du
Commonwealth.
Le désintérêt des dirigeants
européistes pour la Francophonie –
d’ailleurs
souligné régulièrement par Abdou Diouf
– est parfaitement cohérent avec le
principe de la
« construction européenne » qui
postule une distinction entre les pays
« recommandables » –
du monde « blanc » –
et les autres. À l’inverse, la
notion de
« solidarité francophone », fondée
sur le lien concret d’une langue commune
– et donc de références culturelles
partagées, balaye toute conception
racialiste, et finalement raciste, du
monde. C’est pourquoi il est urgent de
la substituer à l’idée de
« construction
européenne » qui conduit la France
vers le « choc des
civilisations » cher aux
néoconservateurs américains.
Le mépris du gouvernement
français pour la Francophonie va de pair
avec son travail de sape à l’encontre de
la langue française sur le territoire
national même. L’UPR rappelle
que le gouvernement de Jean-Marc Ayrault
a entrepris, au travers de la loi dite
« Fioraso » de
remplacer progressivement le français
par l’anglais dans l’enseignement
supérieur et la recherche. Dans le même
temps, il a relancé l’enseignement des
langues régionales à l’école primaire,
au travers de la loi cyniquement
qualifiée de
« refondation de l’école ». Devant
le délitement, dans notre propre pays,
de la maitrise du français – qui devrait
s’accélérer compte tenu des lois
récentes – plusieurs universités ont
décidé de mettre en œuvre des cours de
base de grammaire et d’orthographe,
comme à
Dijon.
L’UPR rappelle qu’Abdou Diouf
avait fait une
réponse personnelle et chaleureuse
au courrier de François Asselineau, à
l’occasion de notre
pétition contre la loi
« Fioraso »
qui a cumulé plus de 12.000 signatures
venues du monde entier. À
l’opposé, le Premier ministre d’alors,
Jean-Marc Ayrault, s’était contenté de
faire transmettre par un subalterne une
réponse lapidaire et condescendante
à l’interpellation du Président de
l’UPR.
L’esprit combatif insufflé
par Abdou Diouf à la tête de la
Francophonie risque, cependant, de
fléchir avec sa
remplaçante, Michaëlle Jean,
désignée ce dimanche 30 novembre.
L’UPR s’inquiète, en effet,
que la Francophonie soit dirigée
maintenant par l’ex-représentante de la
reine d’Angleterre au Canada,
puisque c’est bien là le rôle que
Michaëlle Jean a rempli entre 2005 et
2010 comme Gouverneur général du Canada.
Pour les Canadiens français, cette
fonction, véritable survivance de
l’empire britannique, est le symbole
même du régime colonial dans lequel ils
ont vécu depuis la perte du Canada
français, en 1763 à la suite du Traité
de Paris. Michaëlle Jean avait,
de plus,
abandonné sa nationalité française
pour assouvir son ambition de parvenir à
la fonction de Gouverneur général, où
elle n’a pas brillé pour ses actions en
faveur des minorités francophones du
Canada.
En outre, la désignation d’une
personnalité issue du
« Nord » et
qui, de surcroît, n’a pas occupé la plus
haute fonction exécutive d’un État,
contrevient aux usages en vigueur au
sein de la Francophonie.
Au prétexte de
vouloir en finir avec la « Françafrique »,
François Hollande a laissé désigner à la
tête de la Francophonie une personnalité
de second ordre par rapport à un Abdou
Diouf ou à un Boutros Boutros-Ghali, qui
ne convient probablement pas aux pays du
« Sud » et qui
a répudié sa nationalité française pour
complaire aux Anglo-saxons. La
« lutte contre la
Françafrique » est, certes,
légitime s’il s’agit de mettre un terme
à des circuits clientélistes entre des
responsables corrompus. Malheureusement,
cette expression tend à devenir
désormais une justification fourre-tout
des européistes pour réduire toute
coopération entre la France et ses
partenaires africains, et brader les
intérêts français. La
désignation de Michaëlle Jean, qui doit
ravir Washington et ses larbins
européistes, n’augure rien de bon pour
la suite.
L’UPR s’étonne que le XVème
sommet de la Francophonie, si important
sur le plan géostratégique pour la
France n’ait fait l’objet que d’une
couverture a minima
par les grands médias, et d’analyses
superficielles. Ils n’ont
cessé, pendant tout le weekend,
d’assommer les Français avec l’élection
du Président de l’UMP et le congrès du
FN, deux événements dont les issues
étaient connues d’avance. M. Sarkozy,
qui a déjà démontré sa nocivité, va se
remettre à importuner les Français sur
toutes les ondes et tous les écrans. Mme
Le Pen va continuer à jouer sa partition
d’épouvantail consentant au service de
la « construction
européenne ».
L’UPR souligne, d’ailleurs, que ces
partis politiques omniprésents dans les
médias n’ont représenté au dernier
scrutin national – les élections
européennes de mai dernier –
respectivement que 8,8% et 10,6% des
électeurs inscrits. Autrement dit, 81%
des électeurs se moquaient des élections
internes qui se sont tenues ce weekend à
l’UMP et au FN.
L’UPR rappelle enfin que son
programme politique est le seul à
donner à la coopération culturelle,
économique et politique avec les pays
francophones, la place éminente qu’elle
mérite aujourd’hui, et qu’elle méritera
plus encore demain. La
Francophonie devra être réduite aux
seuls États francophones, en y ôtant les
États qui y ont été admis sans raison.
Au point 18. de son programme, l’UPR
propose notamment de créer un véritable
Parlement de la Francophonie, qui sera
installé dans les locaux de l’UNESCO,
laissés vacants par le déménagement de
cette institution dans l’immeuble du
parlement de Strasbourg, de réorienter
une partie des fonds structurels,
actuellement versés à l’Union
européenne, vers des programmes
impliquant les États de la Francophonie,
de développer un système d’échanges
universitaires de grande ampleur avec
ces mêmes États et de sensibiliser le
peuple français à son appartenance à la
sphère francophone.
François-Xavier Grison
Membre du bureau national de l’UPR en
charge des solidarités francophones
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