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Communiqué de l'UJFP
Meurtre de Saïd Bourarach: Un silence assourdissant !
Lundi 12 avril 2010
Voici bientôt deux semaines que Said Bourarach a été passé à
tabac et noyé dans le canal de l'Ourcq. Les six personnes
arrêtées (deux ont été relâchées en fin de garde à vue) se sont
présentées comme juives, un passeport israélien a été trouvé sur
les lieux du crime. Il semble difficile d'exclure toute idée de
guet-apens à caractère criminel et raciste. D'ailleurs tous les
prévenus ont affirmé pour se défendre que la victime avait
proféré des propos antisémites, situant d'emblée sur le terrain
du racisme communautaire ce qui venait de se passer.
Certes il faut considérer que la police fait son travail et que
l'enquête est en cours. On pourrait même accepter la prudence et
la discrétion sur une affaire «sensible», cependant l'absence
totale de communication et d'information à tous les niveaux,
médias, police, préfecture , justice, ne peut que nous
interpeller alors que se posent d'aussi graves questions.
En effet sur le fond d'exclusion, de suspicion permanente, de
racisme quotidien encouragé par des propos insultants tenus par
des ministres, de bavures policières meurtrières, de soi disant
débat sur l'identité nationale chargé d'envenimer l'espace
public, dans un tel contexte ne pas interroger la nature raciste
du meurtre, imposer un bâillon sur les questions légitimes qui
se posent ne peut qu'éveiller la suspicion. Que personne, du
plus haut niveau de l'Etat, de la justice, de la préfecture, de
la police, de la municipalité, ne juge important de préciser
publiquement que toute la lumière sera faite sur tous les
aspects de cette affaire, que s'il y a eu acte raciste il sera
puni de façon exemplaire, ni même d'exprimer sa simple sympathie
avec la famille de la victime, constitue une véritable
provocation.
De plus force est de constater que tous les précédents dont les
victimes étaient juives, ont par contre suscité d'immédiates et
nombreuses réactions de toute la classe politique, avec un relai
médiatique extraordinaire. Chacun se souvient de la ruée
générale sur les micros pour des affaires à apparences
criminelles et racistes antijuives, avant même d'avoir pu
vérifier le moindre fond, ou attendu le début d'une enquête,
comme dans la triste affaire du RER ou de l'incendie du foyer
social juif, pour assurer la communauté juive du total soutien
et de la totale sympathie de la République, et promettre des
sanctions exemplaires.
Ce traitement politique et médiatique si différencié selon les
appartenances, ne peut qu'encourager les réactions
communautaires qu'il prétend combattre, envenimer un profond
sentiment d'injustice de «deux poids deux mesures» s'agissant de
juifs ou d'arabes, et est de nature à allumer le feu. Il ne peut
que cultiver un sentiment de frustration et de colère chez ceux
qui sont toujours les présumés coupables, de racisme, de
communautarisme, de violence sociale dont ils sont en réalité
les principales victimes. Et si la colère devait exploser,
serait-il alors opportun de hurler au banditisme, et au racisme
...arabe?
L'ujfp tient à manifester à nouveau sa plus profonde sympathie à
la famille de Saïd Bourarach, et se tiendra aux côtés de tous
ceux qui exigent la vérité et la justice sur Said, de tous ceux
pour qui l'égalité et la justice sont le seul garant possible du
vivre ensemble.
Bureau National de l’UJFP le 12 avril 2010
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