Communiqué
Procès au Maroc
des 24 militants Sahraouis,
Le gouvernement français ne peut garder
le silence
sur cette atteinte grave aux droits de
l'homme
Mercredi 6 mars 2013
Vingt-quatre
militants sahraouis qui avaient choisi
en 2010 de protester contre leurs
conditions de vie désastreuses et
défendre leurs droits politiques,
économiques et sociaux
- arrêtés, torturés et incarcérés
depuis 27 mois dans l’illégalité - ont
été jugés au Maroc par un tribunal
militaire qui, selon Amnesty
International, « est contraire aux normes d'équité reconnues au plan international".
Ils ont été condamnés à de lourdes
peines de prison - neuf militants
à perpétuité, quatre à 30 ans,
sept à 25 ans, trois à 20 ans et deux à
2 ans -
par un jugement dépourvu de toute
procédure d’appel.
La plupart des condamnés avaient
été arrêtés en novembre 2010, accusés
d’avoir été les auteurs de la mort de 11
jeunes recrues gendarmes lors du
démantèlement violent, par
les forces de l'ordre marocaines,
du campement de 8 000 tentes
(abritant vingt mille personnes) de
Gdim Izik à
12 kilomètres de
Laâyoune, la plus grande ville du Sahara
occidental.
Que les accusés et leurs avocats aient
-
démontré l’illégalité des procédures
d’arrestation et d’instruction,
-
et dénoncé des "aveux" extorqués sous la
torture et les humiliations les plus
sordides,
Qu’aucun accusé n’ait été arrêté en
flagrant délit,
Qu’aucune trace d’empreinte n’ait été
décelée sur les instruments exhibés
comme ayant causé la mort des jeunes
gendarmes,
Que le premier des 9 témoins présentés
par l’accusation ait déclaré qu’il
n’avait rien vu et qu’il ne
reconnaissait personne parmi les accusés
(ce qui a amené le Président à renoncer
à l’audition des autres),
Que l’accusation repose sur les seuls PV
de la police…
Rien n’aura pu changer le cours des
choses ni éviter une sentence qui entend
mettre respectivement en garde Sahraouis
et Marocains contre la contestation
-
pour les uns d’une colonisation
spoliatrice de droits et de richesses
naturelles,
-
pour les autres d’un régime prédateur et corrompu qui ne répond pas aux
besoins de la grande majorité de la
population.
Depuis le 17 février, date de
promulgation de ce jugement inique,
et malgré la multiplication de
déclaration vantant la volonté de la
France de défendre partout les droits de
l'homme, c'est le silence assourdissant
des plus hautes autorités de l’Etat
(Présidence de la République, Ministère
des Affaires étrangères…) qui se rendent
ainsi complices de cette mascarade
judiciaire.
La diplomatie française se félicite de
ses bonnes relations avec les autorités
marocaines, considérant même
que les droits de l'homme sont respectés
au Maroc puisqu’ y existe un Conseil
National des Droits de l'Homme, dont on
s’étonne que, vingt-sept mois après le
procès, il ne se soit toujours pas
exprimé sur ce sujet.
Le MRAP demande aux plus hautes
Autorités politiques françaises de
s'exprimer
sans délais pour demander
-
l'annulation de ce procès ainsi que
la libération des militants
condamnés,
-
la mise en œuvre très rapide des
résolutions de l'ONU pour qu’enfin soit
organisé
le referendum d’autodétermination
du peuple Sahraoui sur le statut du
Sahara occidental.
Paris, 6 mars 2013
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