Déclaration du
bureau exécutif du MRAP
Pour des ponts, contre les murs
accueillir les migrants
MRAP
Samedi 5 septembre 2015
Il y a urgence absolue
L'afflux depuis des
mois de migrants aux portes de l'Europe
a fait exploser les cadres jusqu'ici
utiliser pour « les contenir » . Les
images du petit Aylan noyé ont
bouleversé l'opinion et forcé les
politiques à réagir ...enfin !
Plus de 30 000
migrants sont morts ou disparus aux
portes de l'Europe depuis 2000, auxquels
il faut ajouter les morts sur les route
périlleuses du Sahara, du Moyen Orient
et d'ailleurs. Des milliers errent sur
les routes européennes.
Car la réalité,
c'est que depuis plus d'une décennie
l'Europe se construit comme une
forteresse en dressant règlements, murs
et clôtures à ses frontières, en
restreignant les délivrances de visas,
en imposant aux pays du Sud de la
Méditerranée la signature d'accords pour
« contrôler » les migrations vers
l'Europe.
L'agence européenne
Frontex créée pour « contrôler » les
frontières n'a pas pour but de sauver
des vies humaines mais bien
d'intercepter, de contrôler, de refouler
les migrants. Les règlements Dublin »
renvoient aux pays de première arrivée
(en fait le plus souvent Malte, la
Grèce, l'Italie, la Pologne) la
responsabilité de l'accueil et de
l'asile.
Mais aucune mesure
ne peut s'opposer à la volonté des
hommes et des femmes de rechercher un
avenir meilleur fuyant les guerres, la
misère, la répression.
Absurde et
inhumain
Les dirigeants
européens prétendent répondre aux
arrivées massives de migrants par une
politique de quotas. Que dira-t-on aux
migrants « hors quotas » ? Les
conduira-t-on dans des camps en
utilisant des wagons comme le fait la
Hongrie ? C'est absurde et inhumain.
Et que l'on cesse
de distinguer les « bons » réfugiés
demandeurs d'asile venant du
Proche-Orient fuyant la guerre et les
« mauvais » venant d'Afrique et
d'ailleurs, qualifiés péjorativement de
« réfugiés économiques » et « ayant
vocation » à être reconduits à la
frontière. Y aurait il moins de dignité
à prendre tous les risques pour un
avenir meilleur que l'on soit « réfugié
politique » ou « réfugié économique ».
Cette distinction est absurde et
inhumaine même si certaines situations
doivent être résolues de façon très
urgente.
C'est possible
L'Europe a le
devoir d'accueillir tous ceux qui
arrivent à ses frontières. La même
obligation s'impose dans le monde entier
aux pays qui en ont le plus les moyens..
Faut il rappeler la
responsabilité des Etats Unis et des
états européens dans la pauvreté des
pays du Sud, dans leurs complicités avec
des dictatures, dans la déstabilisation
de régions entières qui deviennent de
grandes « pourvoyeuses » de migrants ?
Il suffit de regarder le Moyen Orient et
la Corne de l'Afrique d'où viennent
aujourd'hui la plupart des migrants.
Elle le peut. Un
million de migrants accueillis, c'est
0,2 % de la population européenne. C'est
120 000 pour la France.
Elle le doit
conformément à la Déclaration
Universelle des Droits de l'Homme et du
Citoyen et des engagements
internationaux comme la Convention de
Genève de 1951 sur les réfugiés.
Elle le doit parce
que ne pas le faire serait se ranger du
côté de l'indifférence , et pire, serait
renforcer ceux qui encouragent le repli,
la méfiance, ceux dont le fond de
commerce politique est la haine de
l'autre.
Paris le 5
septembre 2015
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