Communiqué
Egypte : 8 ans après la révolution,
le silence de la communauté
internationale rend possible les
violations systématiques des droits
humains
EuroMed Rights
Bruxelles, 24 Janvier 2019
Il y a huit ans, les Égyptiens sont
descendus dans la rue pour réclamer du
pain, de la liberté et de la dignité.
Jour après jour depuis lors, leurs
aspirations légitimes ont été
délibérément anéanties. À chaque acte de
torture, disparition, exécution
extrajudiciaire, mise à mort ou
arrestation arbitraire, les autorités
égyptiennes envoient un message sans
équivoque à leurs citoyens : le
changement qu’ils réclamaient ne se
produira pas.
Fort du silence de ses alliés
internationaux, le gouvernement égyptien
réduit drastiquement toute possibilité
pacifique de dissidence. Il est résolu à
faire taire les voix dénonçant les
violations généralisées des droits
humains qui se produisent dans le pays.
D’éminents défenseurs des droits
humains, journalistes, blogueurs et
militants sont ainsi emprisonnés ou
harcelés pour avoir exercé leurs droits
fondamentaux.
Alors que la législation relative à la
lutte contre le terrorisme et à la
sécurité est de plus en plusutilisée
pour réprimer la société civile, le
régime militaire se soustrait à
l’obligation de rendre des comptes. Une
loi adoptée en 2018 accorde une immunité
à vie aux militaires de haut rang,
mettant ces derniers à l’abri des
poursuites judiciaires. À ce jour, aucun
fonctionnaire, policier ou officier de
l’armée n’a été tenu responsable de
l’usage excessif de la force qui a
entraîné la mort de centaines de
manifestants pacifiques sur la place
Rabaa en 2013.
En passant sous silence les politiques
répressives de l’Égypte, l’UE et ses
États membres suscitent des
interrogations quant à leur engagement
réel en faveur de la promotion des
droits humains et de l’État de droit. Le
Conseil d’association UE-Égypte qui
s’est réuni en décembre 2018 n’a pas
tenu compte de l’appel catégorique du
Parlement européen à « maintenir une
position forte et unie sur les droits
humains lors de la réunion ».
Les violations des droits humains
commises par le régime militaire mettent
en péril la stabilité du pays et ne
peuvent dès lors pas continuer en toute
impunité. La lutte contre le terrorisme
ne peut justifier la répression envers
les militants des droits humains.
Nous espérons que lors du prochain
sommet UE-Ligue arabe qui se tiendra au
Caire en février, l’UE et ses Etats
membres sauront saisir l’occasion de
défendre leurs valeurs et enverront
publiquement un véritable message de
soutien et d’espoir. Sans quoi, ce
sommet ne sera qu’une occasion de plus
pour le régime du président Al-Sissi de
redorer son image sur la scène
internationale.
Le dossier
Egypte
Les dernières mises à jour
|