Communiqué
Soutenir la mobilisation démocratique
du peuple brésilien
EELV
Jeudi 2 juin 2016
Au Brésil, les
masques tombent. Des écoutes
téléphoniques déjà anciennes viennent de
dévoiler bien tardivement les manœuvres
qui ont précédé la procédure de
destitution de Dilma Rousseff, la
présidente brésilienne. On y apprend que
l’une des motivations des parlementaires
était d’échapper aux procès pour
corruption qui les menaçaient.
Ces révélations
confortent les manifestants,
majoritairement des milieux populaires,
artistiques, intellectuels qui, à
travers tout le pays, se mobilisent
contre ce qui apparaît bien comme un
« coup d’État constitutionnel ».
EELV souligne que
la procédure d’« impeachment », censée
s’appliquer pour des crimes ou délits
graves, a été instrumentalisée par des
parlementaires qui l’ont engagée pour un
simple problème de conformité dans la
présentation d’un budget.
EELV rappelle que
la présidente suspendue n’est pas mise
en cause dans les innombrables affaires
de corruption qui touchent toute la
classe politique, en particulier avec la
société pétrolière Petrobras. Ce qui
n’est pas le cas du président
intérimaire, déjà mis en examen, comme
nombre des ministres qu’il vient de
nommer et dont l’un a déjà dû
démissionner.
EELV s’inquiète des
prises de position des médias
brésiliens, tous propriété de grands
groupes financiers (les mêmes que lors
du coup d’état militaire de 1964), qui
ont mené une campagne extrêmement
violente en faveur de la destitution ;
et s’inquiète aussi des arguments
d’ordre religieux, familial, économique,
invoqués par nombre de parlementaires
pour justifier leur vote. Ces signes
montrent une volonté de reprise en main
de classes dominantes qui n’ont supporté
ni les années Lula ni la réélection de
Dilma Rousseff. Le gouvernement pourtant
intérimaire (la procédure dure six mois
avant une destitution définitive) a
d’ailleurs déjà annoncé des mesures
anti-sociales visant à détricoter la
politique menée depuis 13 années en
faveur des couches populaires. Beaucoup
de précipitation pour des partis de
droite qui ne pouvaient attendre les
élections, pourtant prévues en 2018,
tant ils ont peur de les perdre à
nouveau.
EELV ne défend pas
l’intégralité de la politique suivie par
le gouvernement brésilien, fort peu
écologique*, mais reconnaît la forte
diminution de la pauvreté (20%), et
l’amélioration du niveau de vie d’une
nouvelle classe moyenne.
Pour EELV, les
problèmes que traverse l’économie
brésilienne soulignent aussi les limites
des politiques productivistes restées
dépendantes des exportations de matières
premières. Une économie redistributrice
en services sociaux, mais non soutenable
(manque d’eau catastrophique,
écosystèmes menacés, production
inquiétante de gaz à effet de serre).
Cette politique est encore moins tenable
dans un contexte de crise sur fond de
guerre économique mondialisée.
EELV soutient les
mobilisations de protestations contre
cette destitution, mobilisations qui
portent aussi des revendications visant
à améliorer la politique gouvernementale
suivie jusqu’alors.
EELV espère que la
Cour suprême fédérale, qui ne s’est pas
encore prononcée, condamnera le
détournement de la procédure
« d’impeachment ».
Après des décennies
de dictatures dans cette région du
monde, après le Honduras et le Paraguay,
EELV dénonce ce troisième coup d’État
constitutionnel et demande à la
communauté internationale de le
condamner. Il serait grave pour tout le
sous-continent que le plus grand pays
d’Amérique latine s’enfonce dans une
instabilité sociale, économique et
politique.
Julien Bayou et
Sandrine Rousseau, porte-parole
nationaux
* Agriculture
industrielle, cultures OGM, grands
travaux destructeurs comme des barrages,
en particulier en Amazonie, économie
privilégiant les exportations de
matières premières, etc.
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