Communiqué
Bahar Kimyongür menacé de mort
CLEA
Samedi 9 mai 2020
Un djihadiste turc, Emrah Çelik, vient
de menacer de mort le journaliste et
défenseur des droits humains Bahar
Kimyongür.
Ce dernier a décidé
de réagir et de porter plainte devant la
police.
Monsieur Kimyongür
est un citoyen belge qui anime un compte
twitter rapportant des informations
inédites et référencées sur ce qui se
passe au Moyen Orient –et en particulier
en Turquie dont sa famille est
originaire. Des informations exactes,
circonstanciées donc éminemment
dérangeantes.
C’est la raison pour laquelle l’Etat
turc tente, depuis des années, de
l’intimider pour le faire taire : procès
infamants en Belgique sous l’accusation
de «terrorisme», mandats d’arrêts
internationaux pour que d’autres pays
l’expulsent vers la Turquie. Ainsi, le
régime d’Ankara s’est porté partie
civile contre B. Kimyongür au cours de
quatre procès successifs en Belgique
–une saga judiciaire qui a duré une
décennie au terme de laquelle ce
démocrate courageux a été totalement
innocenté. La justice belge a en effet
considéré que ses activités relevaient
toutes de la liberté d’expression. Peu
importe…
L’Etat turc a
continué à multiplier les démarches pour
appréhender le ressortissant belge aux
Pays-Bas, en Espagne et en Italie. A
chaque fois, M. Kimyongür a été mis en
détention des semaines durant. Mais à
chaque fois, il a été relaxé par les
tribunaux de ces pays et au final (fait
rarissime qui démontre la vacuité des
demandes «judiciaires» turques),
Interpol a levé la notice rouge qui
constituait une menace permanente contre
sa personne. Ayant fait le tour des
moyens «légaux» à sa disposition pour
criminaliser le militant en Belgique et
dans le monde, Ankara a décidé de placer
Bahar Kimyongür –il y a quelques mois–
sur la liste des «terroristes les plus
recherchés» par la Turquie. Cette
pratique digne du Far West permet à
quiconque disposant d’informations sur
lui –ou parvenant à l’éliminer– de
percevoir une forte récompense
financière. Malgré les critiques émises
par les autorités belges contre cette
inscription, la prime sur la tête de
l’activiste a récemment été doublée (2
millions de livres turques).
C’est dans ce
contexte épouvantable qu’il faut
interpréter les menaces de mort que
Monsieur Kimyongür vient –une nouvelle
fois– de recevoir.
Il est vrai que,
par le passé, il avait déjà été insulté
et intimidé sur le compte twitter qu’il
tient. Mais il faut se rendre compte que
les menaces de mort dont il fait l’objet
aujourd’hui sont à prendre
particulièrement au sérieux et sont
révélatrices des liens qui unissent
l’AKP (le parti du Président Recep
Erdogan) aux «Loups gris» (une milice
fasciste turque liée au MHP, le parti
d’extrême droite) et aux djihadistes
turcs toujours actifs en Syrie.
En effet, le mercredi 29 avril, un
djihadiste turc dénommé Emrah Çelik a
envoyé (par messagerie privée) sur le
compte twitter du journaliste des
menaces de mort sans ambiguïté : une
série de photos montrant des cadavres de
civils décapités et une vidéo où, une
tête de soldat syrien en main, Çelik
promet le même sort à ceux qui
s'opposent à son projet islamique.
NOTRE COMMENTAIRE
Le djihadiste faisant le signe des
«Loups Gris» et de la «Rabi'a», symbole
des Frères musulmans.
Lié aux services
secrets turcs, ce genre d'individus est
intégré à un réseau international
disposant de nervis partout –y compris à
Bruxelles. Depuis les années 90 en
effet, de nombreux «Loups Gris»
emprisonnés (symboliquement) pour des
crimes de masse ou du trafic d'héroïne
ont été envoyés en Europe avec des
passeports diplomatiques pour liquider
des opposants.
Le 30 avril, sur le
compte Twitter de B. Kimyongür, autre
photo envoyée par Emrah Çelik… «Le
paradis est à l’ombre des épées.
Prophète Muhammad».
NOTRE COMMENTAIRE
Assis sur une couverture frappée du logo
de la «Diyanet», Çelik est flanqué de
deux armes de guerre. Au-dessus de sa
tête, les trois croissants (à la fois
drapeau ottoman et symbole des «Loups
Gris») et, plus haut sur la même
pancarte, la profession de foi islamique
utilisée sur le drapeau d'«Al Qaeda».
Ce criminel de
guerre, qui n’a aucune difficulté à se
faire photographier au côté du dernier
ministre de l’Intérieur Süleyman Soylu,
est l'un des hommes de main du régime
Erdoğan… notamment en
Syrie où il applique «la charia», à sa
façon.
NOTRE COMMENTAIRE
Août 2019, Çelik et le ministre de
l’Intérieur Soylu.
«Le Comité
pour la Liberté
d’Expression et d’Association» [CLEA]
info@leclea.be
Le sommaire
des communiqués
Le dossier
Turquie
Les dernières mises à jour
|