Communiqué
Des universitaires
et des chercheurs à travers l'Europe
expriment leur indignation suite aux
pressions israélo-américaines sur l'UE
AURDIP
Jeudi 12 septembre 2013
Environ 500 universitaires et
chercheurs, dont plus de 450 appartenant
à treize États membres de l'Union
Européenne,
ont écrit aujourd'hui au représentant de
l'Union pour les affaires étrangères,
demandant à l'UE de ne pas édulcorer ses
nouvelles directives interdisant tout
financement par l'UE pour des projets et
des entités israéliennes dans le
territoire palestinien occupé.
La « Lettre d'universitaires et de
chercheurs à l'UE sur la participation
des colonies israéliennes aux programmes
de recherche de l'UE » émane du Comité
Britannique pour les Universités de
Palestine (BRICUP) et de l'organisation
sœur française, l'Association des
Universitaires pour le Respect du Droit
International en Palestine (AURDIP).
L'UE a récemment annoncé de nouvelles
directives ayant vocation à empêcher les
universités, entreprises et projets
israéliens basés dans les colonies de
recevoir un financement de l'UE. Ce
tournant politique important est le
résultat d'une campagne organisée à la
base dans toute l'Europe, incluant une
lettre au Représentant européen pour les
Affaires Étrangères, Mme Catherine
Ashton, signée l'an dernier par 250
universitaires et chercheurs issus de
toute l'Europe.
L'objectif de ces directives est de
garantir que les institutions de l'UE
respectent leur devoir légal de ne pas
reconnaître de souveraineté israélienne
sur le territoire palestinien occupé par
Israël depuis 1967, comprenant la
Cisjordanie, Jérusalem Est et la bande
de Gaza, ni sur le plateau syrien du
Golan.
Michael Deas, Coordinateur européen
du Comité National Palestinien pour le
Boycott (BNC) a expliqué :
« Ces directives montrent que la
pression à la base de la société civile
est en train de contraindre l'Union
Européenne à assumer son devoir légal de
ne pas reconnaître le régime israélien
d'occupation, de colonisation et
d'apartheid exercé à l'encontre du
peuple palestinien, et à mettre un terme
à certaines pratiques complices
favorisant le maintien de ce système
illégal et criminel ».
Les nouvelles directives ont fait
l'objet du meilleur accueil de la part
des étudiants et des universitaires et
chercheurs dont la conscience est en
éveil – tous ceux qui, en Palestine et
en Europe, avaient fait campagne contre
les projets communs financés par l'UE
impliquant des universités européennes
et des entreprises travaillant
illégalement dans les colonies, à
l'instar de la firme cosmétique Ahava
Dead Sea Laboratories Ltd. Cette
dernière, dont l'usine est située dans
la colonie illégale Mitzpe Shalem, en
Cisjordanie occupée, a été partie
prenante dans cinq projets du programme
cadre 7 (FP7) en cours, et se trouve
même être le coordinateur de deux
d'entre eux. Le montant total de ces
projets est de 36 033 269 €, et la part
de l'UE s'y élève à 25 245 718 €.
À l'heure actuelle, les organisations
de solidarité avec la Palestine
redoutent qu'Israël et les Etats-Unis ne
fassent pression sur l'UE pour qu'elle
abandonne ses nouvelles directives, ou
qu'elle les édulcore jusqu'à les rendre
insignifiantes, à l'orée des
négociations sur la participation
d'Israël au prochain programme de
financement de la recherche de l'UE,
Horizon 2020. John Kerry a demandé que
les directives soient abandonnées ; un
officiel américain a affirmé que
certains fonctionnaires de l'UE étaient
« ouverts » à cette requête. Les
discussions intensives entre UE et
Israéliens portant sur la participation
d'Israël au programme Horizon 2020
débutent ce jeudi 12 septembre.
La lettre est adressée à Madame la
Baronne Ashton en tant que haut
représentant de l'Union européenne pour
les affaires étrangères et la politique
de sécurité. On y lit : « En tant
qu'universitaires et chercheurs, dont
beaucoup ont bénéficié du financement de
l'UE à la recherche, nous demandons à
l'UE d'honorer ses nouvelles directives
dans leur totalité, en garantissant que
les candidatures à un financement de la
recherche portées par les projets, les
entreprises et les institutions situées
dans les colonies israéliennes illégales
ne seront pas prises en considération
par l'UE ».
Le Professeur Jonathan Rosenhead,
Président de BRICUP, a déclaré : « Juste
au moment où nous pensions que l'UE
s'apprêtait à renaître à ses
responsabilités internationales en
matière de droits de l'homme, ses
représentants menacent de renouer avec
leur ancienne faiblesse et de plier à
nouveau le genou. Comment peuvent-ils ne
serait-ce qu'évoquer la possibilité de
financer des activités israéliennes
prenant place au-delà de la Ligne Verte
dans des colonies illégales ? Les
réactions ont été à la mesure de
l'infamie : en moins de deux jours,
notre lettre a recueilli un flot de
signatures, venant de plus de 500
universitaires et chercheurs ».
Ivar Ekeland, Président de l'AURDIP,
a déclaré : « Après bien longtemps, l'UE
s'est enfin décidée à honorer ses
propres principes. Il devrait aller de
soi que le contribuable européen n'a pas
à financer des activités dans des
territoires occupés et colonisés au
mépris du droit. On peut s'étonner
qu'une directive soit nécessaire pour
rappeler une telle évidence, et
s'étonner plus encore que les États-Unis
semblent vouloir faire pression pour que
l'Europe fasse machine arrière après ces
très modestes débuts. Comment l'Europe
peut-elle faire la leçon aux autres
nations tout en refusant de voir que le
droit est violé à sa porte ? En tant que
savants, nous appartenons à une
communauté internationale, et nous
savons qu'une telle communauté ne peut
trouver d'assise que dans l'équité et
l'état de droit ».
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