Communiqué
M. Hollande, le
climat n'attend plus !
Attac
Jeudi 29 novembre
2012
Conférence de Doha
sur le climat
A quand une véritable politique de
sobriété et d'efficacité énergétique ?
François
Hollande avait annoncé lors de la
Conférence environnementale vouloir être
exemplaire en matière de lutte contre le
réchauffement climatique et a proposé
que la France accueille la Conférence de
l'ONU sur le climat de 2015. La
Conférence de Doha (Qatar, 26 nov-7 déc)
vient de s'ouvrir, mais les actes sont
très éloignés des discours.
Alors que l'Agence internationale de
l'énergie a déclaré dans son dernier
rapport qu'il ne fallait pas consommer
plus d'un tiers des réserves prouvées
d'énergies fossiles d'ici à 2050 pour
avoir une chance sur deux de ne pas
dépasser les 2°C de réchauffement global
à la fin du siècle, le gouvernement
français semble loin d’avoir pris la
mesure des transformations nécessaires.
Malgré de nombreuses déclarations,
François Hollande et son gouvernement
laissent la porte ouverte à la
possibilité d'exploration et
d’exploitation des gaz et pétroles de
schiste, ils s'entêtent à construire un
nouvel aéroport international inutile et
nocif, ils privilégient les projets de
lignes à grande vitesse au détriment des
lignes classiques, ils entendent
poursuivre le développement de la
filière nucléaire avec la construction
de l’EPR, autant de verrous pour entamer
une véritable transition énergétique.
La
France et l'Union européenne ne peuvent
être considérés comme de bons élèves en
matière climatique alors que leurs
résultats et leurs engagements sont plus
qu'insuffisants. Les négociations
internationales sur les dérèglements
climatiques et les multiples politiques
mises en œuvre depuis près de vingt ans
n'ont pas enrayé l'augmentation des
émissions des gaz à effets de serre et
le réchauffement climatique global. Au
contraire, de nouveaux records sont
battus quasiment chaque année. On ne
compte plus les rapports annonçant des
perspectives de réchauffement climatique
au delà des 2°C. Les phénomènes
climatiques extrêmes se multiplient et
s'intensifient. Mais nos gouvernements
laissent inchangées des politiques
climatiques fondées sur des mécanismes
de marché qui ont fait preuve de leur
inefficacité.
Là où
les pays de l'Union européenne devraient
réduire leurs émissions de 30 à 40 % en
2020 par rapport à 1990, selon les
préconisations du GIEC, la réduction des
émissions européennes corrigées des
émissions liées aux produits importés
est d’à peine 4%. Loin d'avoir incité
les industriels à réduire leurs
émissions et d'avoir permis la
substitution d'énergies renouvelables
aux énergies fossiles, le marché carbone
européen est un échec patent.
Surabondants, les droits d'émission
délivrés gratuitement par les pays se
négocient actuellement à seulement
quelques euros. Leur vente constitue
bien souvent un effet d'aubaine pour un
grand nombre d'industriels fortement
dotés et un effet d’opportunité pour la
finance carbone. Par ailleurs, les
mécanismes de flexibilité et de
compensation carbone permettent à ces
mêmes industriels d'éviter de réduire
leurs propres émissions en finançant des
projets hautement contestables dans les
pays du Sud.
La
conférence de Doha se situe dans la
droite ligne de la séquence
Copenhague-Durban qui a siphonné toute
possibilité d'engagement contraignant en
termes de réductions d'émissions, qui a
considérablement affaibli le protocole
de Kyoto sans fournir les financements
additionnels attendus tout en
discréditant le processus de
négociations onusien. La précédente
conférence, à Durban (Afrique du Sud),
avait abouti en effet à un accord sans
engagement, condamnant la planète à une
augmentation de la température globale
de plus de 4°C. Les responsabilités sont
désormais diluées à travers la
négociation d'un nouveau mandat pour
2015 qui ne serait applicable qu’en
2020.
Dans
un contexte de crises où les enjeux
climatiques et plus largement
écologiques sont relégués au second plan
malgré l'urgence à agir, le gouvernement
français doit clairement afficher ses
choix : accompagner cette inertie des
Etats et renoncer à ses engagements, ou
faire siennes les alertes des
scientifiques et les exigences et
propositions portées par les mouvements
sociaux. Dans ce cas, il s'agit
d'abandonner immédiatement les grands
projets inutiles, de financer une
politique de sobriété et d'efficacité
énergétique à la hauteur des enjeux,
d'accroître les ambitions de réductions
d'émissions de l'UE, d'abandonner les
dispositifs liés à la finance carbone
pour introduire une taxation
internationale sur l'énergie et un
moratoire général sur toute nouvelle
exploration d'énergies fossiles. Nous
attendons de la France et de l’Union
européenne une politique exemplaire,
seule capable de leur donner une
légitimité pour accélérer les
négociations internationales afin
d'aboutir au plus vite à un accord
international contraignant, juste et à
la hauteur des enjeux.
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