Communiqué
COP 21 : ratifier c’est bien,
changer de politique, c’est mieux
Attac
Mercredi 9 mars 2016
Trois mois après la clôture de la COP
21, Ségolène Royal soumet au Conseil des
ministres, ce mercredi 9 mars, le projet
de loi de ratification de l’Accord de
Paris. Cette célérité contraste avec
l’inertie et les reculades du
gouvernement : refus d’abandonner
l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes,
non-respect des objectifs fixés par loi
de transition énergétique, incertitudes
sur les hydrocarbures de schiste et de
couche et le financement de la
transition. Ces tergiversations
illustrent le manque de sérieux
climatique de ce gouvernement.
Scellé aux forceps le 12 décembre
dernier au Bourget au prix de
l’élimination de toute contrainte,
l’Accord de Paris n’entrera en vigueur
qu’en 2020, à la condition que 55 pays
représentant 55 %
des émissions mondiales de gaz à effet
de serre le ratifient. La ministre de
l’Environnement affirme « s’activer »
pour « qu’un
maximum de pays viennent signer l’accord »
le 22 avril à New-York, lors d’une
séance officielle à l’ONU. «
La dynamique de l’accord de Paris doit
se transformer en action
» a-t-elle
déclaré avant sa récente tournée express
en Afrique.
Agir est en effet urgent, comme le
montrent les dernières études publiées :
la montée du niveau des mers n’a jamais
été aussi rapide, les anomalies de
température en Arctique s’amplifient et
nous venons de connaître l’hiver le plus
chaud jamais enregistré. «
Pour résoudre la crise climatique (…),
les bons sentiments, les déclarations
d’intention ne suffiront pas, nous
sommes au bord d’un point de rupture
» avait
déclaré François Hollande en ouverture
de la COP 21, souhaitant que la
conférence de Paris pose les jalons
d’une «
révolution climatique
».
Le gouvernement français n’en prend
clairement pas le chemin : de
Notre-Dame-des-Landes au torpillage du
préjudice écologique en passant par
l’allongement de la durée de vie des
centrales nucléaires, les signaux
envoyés sont ceux d’un gouvernement sans
cap écologique ni volonté de sobriété
énergétique. Si Ségolène Royal s’agite
pour faire ratifier l’Accord de Paris,
elle vient d’illustrer à nouveau
l’inconsistance du gouvernement. Au
Conseil européen de l’environnement du
4 mars, la ministre ne s’est pas
prononcée sur la nécessité de donner
plus d’ambition aux objectifs européens
de réduction d’émission de gaz à effet
de serre (-40 %)
pour 2030. Ce que refuse la Commission.
Pourtant, le point 2.17 de la
décision de la COP 21 est extrêmement
clair à ce sujet : «
les niveaux d’émissions globales de GES
en 2025 et 2030 estimés sur la base des
contributions [nationales] ne sont pas
compatibles avec les scénarios […]
prévoyant une hausse de la température
de 2 °C ».
Avec le consentement du gouvernement
français, l’Union européenne est sur le
point de bafouer un engagement clef de
l’Accord de Paris : réviser au plus vite
les engagements de réduction d’émissions
pour limiter le réchauffement de la
planète en deçà de 2 °C, et si possible
en deçà de 1,5 °C. En repoussant à plus
tard ce qui devrait être fait
aujourd’hui, elle inviterait tous les
grands pollueurs de la planète, des
États-Unis à la Chine, à faire de même !
François Hollande et le gouvernement
ont le choix : bifurquer pour revoir à
la hausse les ambitions françaises et
européennes en matière de lutte contre
les dérèglements climatiques. Et éviter
ainsi de ratifier un Accord de Paris
vidé de sa (maigre) substance. Ou
persévérer dans le déni.
Comme l’ont montré les manifestations
réussies de Notre-Dame-des-Landes et de
Barjac, ils trouveront face à eux une
population de plus en plus déterminée à
bloquer les projets climaticides et
inverser les priorités des politiques
publiques : nous ne braderons pas notre
avenir au nom de la compétitivité et du
productivisme.
P.-S.
Photo :
did.van, licence
Creative Commons BY-ND-ND 2.0.
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