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AFPS
Palestine :
pour permettre la paix, sortir du cycle de l’occupation
De toute évidence, quarante ans
d’occupation et de totale impunité de l’occupant produisent
des effets de plus en plus néfastes pour la population occupée
en Palestine, et parmi des forces de certaines organisations
politiques (Hamas, et Fatah) qui, faute de tout horizon politique,
se croient autorisées à utiliser la violence pour régler entre
elles des problèmes de légitimité.
En quelques jours, on déplore à nouveau
plusieurs dizaines de morts dans la bande de Gaza, en dépit des
appels au calme des institutions. Nous ne pouvons que condamner
ces violences. Dans le même temps, on ne peut que se féliciter
de la sagesse de la population civile palestinienne et de
plusieurs forces politiques qui, elles, refusent d’ajouter la
violence suicidaire inter-palestinienne à celle de l’occupation
et qui le manifestent pacifiquement en dépit des risques
encourus. Ce jeudi 14 au soir, le président Mahmoud Abbas a
annoncé la destitution du gouvernement d’union nationale et
l’état d’urgence et envisage des élections anticipées.
Une telle situation est le fruit d’un processus
politique dramatique vis-à-vis duquel la communauté
internationale porte une part importante de responsabilité.
Des responsabilités immédiates, tout d’abord.
voici
bientôt trois ans, la communauté internationale presque unanime
s’est officiellement réjouie du « retrait » unilatéral
israélien de la bande de Gaza, alors laissant Israël transformer
ce petit territoire en prison à ciel ouvert, couvert par les
bombardements israéliens, et alors même que les dirigeants israéliens
affichaient leur stratégie : quitter Gaza pour mieux réfuter
toute continuité territoriale entre la bande de Gaza et la
Cisjordanie et pour achever l’annexion d’une part
substantielle de ce territoire, notamment de la région de Jérusalem.
à
aucun moment elle n’est intervenue pour soutenir dans les faits
l’orientation politique du président élu : celle d’une
négociation fondée sur le droit.
à
l’issue des élections démocratiques en Palestine occupée
voici plus d’un an, la communauté internationale qui s’est
toujours refusée à la moindre sanction contre Israël, a décidé
de sanctionner les institutions palestiniennes issues des urnes,
au prétexte du résultat du scrutin. A aucun moment elle n’a
consenti à s’interroger sur les raisons profondes de ce vote,
sur l’absence de toute perspective politique pour le peuple
palestinien. Le peuple palestinien paie les tragiques conséquences
de ces sanctions qui s’ajoutent au blocus économique imposé
par Israël et au vol des taxes dues à l’Autorité
palestinienne : un taux de chômage supérieur à 50%, un
taux de pauvreté extrême touchant plus de 70% de la population.
La communauté internationale a tragiquement choisi la division.
Comme le souhaitent les dirigeants israéliens, l’Autorité
nationale palestinienne est au bord de l’implosion.
plusieurs
mois après les accords de La Mecque et la constitution d’un
gouvernement d’union nationale palestinien sur des bases saluées
par la France et l’UE, plusieurs mois après le renouvellement
à Riyad de la proposition arabe de paix globale refusée par Israël,
la communauté internationale a continué de ne donner aucun signe
positif au peuple palestinien et de n’envoyer comme message de
reconnaissance que la poursuite de sanctions meurtrières. Elle
n’a pas même daigné réagir à l’arrestation massive d’élus
palestiniens et de ministres de ce gouvernement d’union
nationale.
Mais ses responsabilités s’inscrivent aussi
dans une perspective plus longue : celle de quarante ans
d’impunité pour l’occupation. Alors qu’à créer le chaos
dans toute la région, les apprentis sorciers de Washington et de
Tel-Aviv risquent de déstabiliser tout le Moyen-Orient et bien
au-delà, la communauté internationale s’est refusée à toute
sanction contre les pouvoirs successifs en place à Tel-Aviv, en dépit
de la colonisation illégale, des confiscations de terres, des
arrestations de masse et de la torture y compris contre des
enfants, des violations par Israël du droit international, des
Conventions de Genève, du droit humanitaire et des droits humains
les plus élémentaires,. Elle n’a même pas mis en œuvre les décisions
qu’elle a adoptées voici bientôt trois ans en assemblée générale
des Nations unies à l’issue de la condamnation par la Cour
Internationale de Justice du réseau de murs que l’armée et les
bulldozers israéliens érigent profondément en Cisjordanie.
Comment, dans de telles conditions, des formes de
radicalisation, en l’occurrence dramatiques, ne se
manifesteraient-elles pas ? Il faut être soit dangereusement
naïf soit redoutablement cynique pour en nier les ressorts.
Il y a urgence. L’AFPS appelle à la France
à
lever les sanctions imposées au peuple palestinien et à ses
institutions et à intervenir en ce sens auprès de ses
partenaires
à
agir pour la libération des élus et des ministres palestiniens
emprisonnés par Israël, et pour la libération de tous les
prisonniers politiques
à
mettre un terme à l’impunité israélienne
à
restituer de l’oxygène, à recréer un véritable horizon
politique, celui d’une paix fondée sur l’ensemble du droit
international, indivisible. La France doit obtenir la convocation
d’une conférence internationale de paix fondée sur le droit,
sous l’égide des Nations unies. Avant qu’il ne soit trop
tard.
Paris, le 14 juin 2007
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