Communiqué
Jérusalem : Face au droit, le fait
accompli
AFPS
Mercredi 6 décembre 2017
Le Président des États-Unis semble avoir
parfaitement assimilé la politique
israélienne du fait accompli. Il y a 70
ans Israël s’est emparé de la partie
Ouest de la ville en violation du plan
de partage décidé par l’ONU, et il y a
50 ans, il occupait Jérusalem-Est pour
l’annexer et ensuite « l’unifier » pour
la décréter « sa capitale éternelle, une
et indivisible ».
C’est faire peu de cas des accords
internationaux et des résolutions de
l’ONU, qui définissent la ligne
d’armistice de 1948 (la « ligne verte »)
comme la frontière entre l’État d’Israël
et le futur État palestinien : tout ce
qui est à l’Est de la ligne verte, et
notamment Jérusalem-Est, est
internationalement défini comme la
partie palestinienne de Jérusalem,
destinée à devenir la capitale du futur
État de Palestine.
Mais l’État
d’Israël n’a jamais respecté aucune
résolution de l’ONU, et particulièrement
celles concernant Jérusalem, qui est au
cœur de tous les projets israéliens
visant à transformer l’identité de cette
terre et à en déposséder les
Palestiniens. L’accroissement à marche
forcée depuis un an des constructions
dans les colonies et le récent projet de
loi visant à annexer toujours plus de
terre autour de Jérusalem sont là pour
en apporter la preuve.
Aucune ambassade
n’est installée à Jérusalem justement
parce que la communauté internationale
ne l’a jamais reconnue comme capitale
d’Israël, tant qu’un accord n’aura pas
été trouvé avec les Palestiniens. Donald
Trump n’en a cure, et contre vents et
marées entend appliquer sa promesse de
campagne de déménager l’ambassade des
États-Unis à Jérusalem.
Il y a 6 mois, il
déclarait vouloir donner une chance à la
paix. On se demande quel sens ont les
mots pour cet homme-là. Et ce n’est pas
un hasard si cela se produit au moment
où se dessine le plan américain pour
soi-disant résoudre le « conflit
israélo-palestinien ». Dans un élan de
générosité rarement égalé, il propose de
laisser aux Palestiniens quelques
enclaves isolées les unes des autres en
oubliant bien sûr les questions de
Jérusalem et des réfugiés.
Ce transfert de
l’ambassade a pour objet la
reconnaissance de facto de l’annexion de
Jérusalem et son « unification ». Ce
serait un acte irréparable : bien
au-delà de la colère du peuple
palestinien pour qui ce serait la énième
dépossession depuis 100 ans, il
enflammerait le monde arabe. Les mises
en garde ne se comptent plus, mais nous
craignons qu’elles aient peu d’effet,
tant la vraie stratégie des États-Unis
et d’Israël est aujourd’hui la guerre.
Il faut arrêter ces
deux là et imposer le droit. Dès le
lendemain de la déclaration de Trump, et
sauf surprise sur son contenu, la France
devra prendre acte de l’effondrement de
la crédibilité des États-Unis pour toute
solution de paix, et réunir des pays
européens autour d’elle pour imposer le
droit. Avec, comme premier acte dans ce
sens, la reconnaissance de la Palestine
dans ses frontières de 1967 avec
Jérusalem-Est pour capitale.
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