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Communiqué du MRAP
Lettre ouverte au président Obama
Paris, le 1er septembre 2010
Monsieur le président,
Militant depuis de très longues années pour une paix juste et
durable au
Moyen-Orient, le MRAP n’aurait qu’à se féliciter de l’annonce de
la
reprise des négociations entre le gouvernement israélien et
l’Autorité
palestinienne, (le Hamas, en l’absence de gestes significatifs de
la part
d’Israël– poursuite du blocus de Gaza et de la colonisation de
la
Cisjordanie- n’ayant pas répondu favorablement à votre
initiative).
Depuis plus de vingt ans, et la réunion du CNP (Conseil national
palestinien) d’Alger de 1988 au cours duquel l’OLP a reconnu de
facto
l’Etat d’Israël, aucun obstacle sérieux n’aurait dû compromettre
la
création d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967
suivant les
résolutions des Nations Unies.
Si les accords d’Oslo de 1993 ont pu susciter chez beaucoup
d’observateurs, un espoir démesuré, entretenu par une intense
médiatisation, ils n’ont abouti en dernière analyse qu’à un jeu
de
dupes dans lequel Israël n’a fait que tirer avantage, imposant
la loi du
plus fort, toute concession faite par les Palestiniens n’étant
payée en
retour que par une fin de non-recevoir opposée aux exigences
légitimes
qu’ils présentaient. Déception à la hauteur des espérances qui
allait
conduire à l’issue d’un long processus à une deuxième Intifada-
la
provocation de Sharon sur l’esplanade des Mosquées n’ayant été
que
l’élément déclencheur- L’intransigeance israélienne tout comme
la
politique du fait accompli allaient entraîner une détérioration
de la
situation et une perte de confiance grave dans une solution
négociée
d’autant que la « communauté internationale », malgré les
condamnations
d’Israël n’a jamais pris de mesures sérieuses à l’encontre des
gouvernements de Tel Aviv.
Dans ce contexte de démission de la « communauté internationale
» et de
rapports de forces dissymétriques du point de vue économique,
diplomatique et militaire, les Etats-Unis sont restés en toutes
circonstances le fidèle allié et l’inconditionnel soutien
d’Israël, même dans les cas les plus inacceptables.
Aucun des présidents des Etats-Unis, même parmi les mieux
disposés à
avancer, n’a eu ni le courage ni la volonté de rompre avec cette
politique et de mettre Israël face à ses responsabilités. Ainsi
jamais
la « couverture » des Etats-Unis n’a fait défaut aux
gouvernements
israéliens. Alors même que la dépendance d’Israël est totale vis
à vis
des Etats-Unis et qu’Israël ne peut vivre sans le soutien de
votre pays,
jamais cette situation n’a été mise à profit pour contraindre
Israël à
plus de retenue et à négocier sérieusement avec les
Palestiniens. Ce lourd héritage représente un passif certain mais la rupture
avec le
passé, plus particulièrement avec l’ère de George W. Bush ne
sera
effective que si votre administration, sans renier ses liens
avec
Israël, met en œuvre une politique plus équilibrée prenant en
compte les
légitimes aspirations des Palestiniens à avoir un Etat.
Certains de vos prédécesseurs, s’ils ont bien analysé la
situation ont
néanmoins toujours reculé devant les choix à opérer et n’ont
fait en
définitive que rendre la situation toujours plus inextricable et
accroître le désespoir des Palestiniens.
Aujourd’hui personne ne croit plus à la volonté israélienne
d’arriver à
un accord juste et définitif. La succession de désillusions
cruelles
suscitées après tant d’effets d’annonce ont rendu méfiants les
simples
citoyens que nous sommes, épris de justice et de paix et qui
n’ont
d’autre recours que d’exprimer leur solidarité avec les
Palestiniens au
travers de missions de solidarité ou dans le cadre de la
campagne BDS
(Boycott, Désinvestissement, Sanctions).
De négociations de la dernière chance en négociations de la
dernière
chance, la situation est toujours aussi bloquée. Nous espérons
que votre
initiative contredira notre pessimisme et que vous saurez avec
fermeté
contraindre Israël à faire les pas nécessaires pour trouver un
accord
clair et définitif. L’attentat qui a coûté la vie à quatre
colons juifs
occupant la Cisjordanie ne peut servir de prétexte à un
immobilisme
encore plus désastreux sauf à donner raison une nouvelle fois
aux jusqu’auboutistes des deux camps. C’est dans la difficulté que
se
révèlent les chefs d’Etat.
Yes you can !
Paris, le 1er septembre 2010.
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