Communiqué
Qatar. Procès
secret pour un poète arrêté
à la suite de la « révolution de jasmin
»
Amnesty International
Lundi 29 octobre
2012
Un poète en détention depuis 2011 risque
d’être jugé en secret. Si cet homme a
été arrêté uniquement pour les critiques
qu’il a émises de manière pacifique, il
s’agit d’un prisonnier d’opinion et il
doit être libéré immédiatement et sans
condition, a déclaré Amnesty
International à l’approche du premier
anniversaire de son arrestation.
Mohammed al Ajami, également connu sous
le nom de Mohammed Ibn al Dheeb, a été
arrêté le 16 novembre à Doha, la
capitale du Qatar. Il aurait par la
suite été inculpé d’« incitation au
renversement du système dirigeant » et
d’« outrage à l’émir ».
Le dossier de l’accusation semble
reposer sur un poème que cet homme a
écrit en 2010, dans lequel il critiquait
l’émir du Qatar. Des militants de la
région estiment cependant que la
véritable raison de son arrestation est
un autre poème, intitulé « Jasmine Poem
» (« Poème de jasmin »), écrit en 2011
au moment des troubles au Moyen-Orient
et en Afrique du Nord.
« Mohammed al Ajami a désormais passé
près d’un an derrière les barreaux, en
détention à l’isolement, apparemment
uniquement pour avoir exercé sa liberté
d’expression. Si tel est le cas, il
s’agit d’un prisonnier d’opinion et il
doit être relâché sans délai ni
condition », a affirmé Philip Luther,
directeur adjoint du programme
Moyen-Orient et Afrique du Nord
d’Amnesty International.
Dans « Jasmine Poem », Mohammed al Ajami
critique largement les gouvernements du
golfe Persique, affirmant : « Nous
sommes tous la Tunisie face à l’élite
répressive ».
Le service de sûreté de l’État a
convoqué et arrêté le poète à Doha en
novembre 2011. Il aurait ensuite été
détenu au secret pendant des mois avant
d’être autorisé à recevoir des visites
de sa famille. On pense qu’il est
actuellement détenu à la prison centrale
de la capitale. Il est maintenu à
l’isolement depuis son arrestation.
Son procès devant la cour pénale de Doha
a été entaché d’irrégularités, les
audiences se déroulant en secret.
L’avocat de Mohammed al Ajami semble
avoir dû fournir une plaidoirie écrite
pour son client après s’être vu
interdire d’assister à l’une des
audiences.
L’« incitation au renversement du régime
» est passible de la peine de mort au
Qatar et l’« outrage à l’émir » est puni
d’une peine de cinq ans
d’emprisonnement.
« Les autorités qatariennes doivent
veiller à ce que les poursuites
judiciaires dont fait l’objet Mohammed
al Ajami soient menées conformément aux
normes internationales d’équité des
procès, et à ce que tous les chefs
d’inculpation liés uniquement à des
critiques exprimées de manière
pacifique, même celles visant la plus
haute autorité du pays, soient
abandonnés », a déclaré Philip Luther.
« Le Qatar doit assouplir les
restrictions qui pèsent sur la liberté
d’expression et faire en sorte que les
poètes, les blogueurs, les journalistes
et l’ensemble de la population aient la
possibilité de dire ce qu’ils pensent
sans avoir à craindre d’être soumis à la
détention au secret, à des procès
secrets ou à d’autres répercussions
graves. »
La liberté d’expression est contrôlée de
manière très stricte au Qatar, ce qui
entrave la liberté de la presse et
contribue à l’autocensure au sein des
médias.
L’adhésion de ce pays à la convention du
Conseil de coopération du Golfe sur la
lutte contre le terrorisme, en mai 2008,
a fait peser une menace supplémentaire
sur la liberté d’expression car les
dispositions de cette convention
risquent de rendre illégales certaines
activités légitimes.
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