Communiqué - Amnesty International
Israël doit lever l’interdiction de
voyager infligée à un défenseur des
droits humains
Shawan Jabarin ne peut pas recevoir une
récompense ni participer à des réunions
sur les droits humains
Mardi 29 novembre
2011
Les autorités israéliennes présentes en
Cisjordanie doivent lever l’interdiction
de voyager imposée depuis 2006 à Shawan
Jabarin, directeur de l’organisation
palestinienne de défense des droits
humains Al Haq, qui réside sur ce
territoire, ont déclaré Amnesty
International, Human Rights Watch et
B’Tselem mardi 29 novembre. Selon ces
trois organisations, Israël a violé le
droit de cet homme aux garanties d’une
procédure régulière en lui infligeant
cette interdiction et n’a fourni aucun
élément qui justifierait le maintien
d’une telle mesure.
Cette interdiction empêche Shawan
Jabarin de quitter la Cisjordanie pour
recevoir un prestigieux prix des droits
humains attribué par l’organisation
danoise PL Foundation, de participer à
un forum de l’Union européenne sur les
droits humains et d’assister à une
réunion du comité consultatif de Human
Rights Watch à New York. Il a tenté de
sortir du territoire lundi 28 novembre,
mais il a indiqué aux trois
organisations que les autorités
israéliennes l’ont refoulé au point de
passage du pont d’Allenby, à la
frontière avec la Jordanie, en invoquant
son interdiction de voyager.
« L’interdiction empêchant Shawan
Jabarin de se rendre à l’étranger pour
recevoir une récompense illustre bien
les restrictions arbitraires imposées
aux défenseurs des droits humains et aux
militants de la société civile
palestiniens, a souligné Philip Luther,
directeur par intérim du programme
Moyen-Orient et Afrique du Nord
d’Amnesty International. Elle doit être
levée et les autorités israéliennes
doivent cesser d’utiliser des raisons de
sécurité non précisées pour entraver
l’action des militants palestiniens des
droits humains. »
Israël, qui contrôle toutes les
frontières de la Cisjordanie avec son
territoire ainsi qu’avec la Jordanie,
interdit à Shawan Jabarin de quitter la
Cisjordanie depuis qu’il est devenu
directeur d’Al Haq, une organisation de
défense des droits humains de premier
plan dans ce territoire, en 2006. Il
avait pourtant été autorisé à se rendre
à l’étranger à huit reprises au cours
des sept années précédentes.
L’armée israélienne a affirmé devant un
tribunal que Shawan Jabarin était un
militant du Front populaire de
libération de la Palestine (FPLP),
qu’Israël considère comme une
organisation terroriste, et que son
déplacement à l’étranger, même pour une
période limitée, menacerait la sécurité
du pays. Cependant, les autorités
israéliennes ne l’ont inculpé d’aucune
infraction et ne lui ont pas donné
l’occasion de faire face aux allégations
portées contre lui. La Haute Cour de
justice d’Israël a confirmé
l’interdiction de voyager pour raisons
de sécurité, en s’appuyant sur des
informations secrètes que Shawan Jabarin
et son avocat n’ont pas été autorisés à
voir ni à contester.
« Il est difficile de croire toute
affirmation selon laquelle le
déplacement de Shawan Jabarin au
Danemark pour recevoir un prix des
droits humains porterait atteinte à la
sécurité d’Israël, d’autant plus que les
éventuels éléments de preuve sont tenus
secrets, a déclaré Sarah Leah Whitson,
directrice de la division Moyen-Orient
de Human Rights Watch. Alors que des
organisations de la société civile
reconnaissent le travail courageux de
Shawan Jabarin, Israël le punit en lui
interdisant de voyager. »
Sous la direction de Shawan Jabarin, Al
Haq a souvent critiqué les violations
des droits humains commises par Israël
et l’Autorité palestinienne. L’an
dernier, par exemple, Shawan Jabarin a
interpelé des responsables palestiniens
au sujet d’allégations de torture lors
d’une émission d’Al Jazeera.
La PL Foundation a attribué son Prix
pour la liberté 2011 conjointement à Al
Haq et à l’organisation israélienne de
défense des droits humains B’Tselem.
Elle a été créée en 1984 par Poul
Lauritzen, un homme d’affaires danois
qui a été membre de la résistance dans
son pays pendant la Seconde Guerre
mondiale. Parmi les précédents lauréats
de ce prix annuel figurent un dramaturge
turc, des membres du syndicat polonais
Solidarité et le militant des droits
humains Moncef Marzouki, actuellement
président par intérim de la Tunisie.
« Je regrette profondément, à cet
important événement organisé en
reconnaissance du combat pour les droits
humains, d’être sans Shawan à mes côtés,
a indiqué Jessica Montell, directrice
exécutive de B’Tselem. L’absence de
Shawan constitue un exemple des graves
violations du droit de circuler
librement que subissent des centaines de
milliers de Palestiniens. »
En 2009, Al Haq et B’Tselem ont
également été récompensés conjointement
par la Médaille Geuzen, un prix annuel
des droits humains décerné par une
organisation néerlandaise qui a résisté
à l’occupation nazie pendant la Seconde
Guerre mondiale. Israël avait alors
empêché Shawan Jabarin de se rendre aux
Pays-Bas pour recevoir cette récompense.
La cérémonie de remise du prix de la PL
Foundation se tiendra à Copenhague le 29
novembre. Nina Atallah, responsable du
service de suivi et de documentation
d’Al Haq, essaiera de s’y rendre.
Human Rights Watch organisera le 6
décembre à New York une réunion du
comité consultatif de sa division
Moyen-Orient et Afrique du Nord, dont
Shawan Jabarin est membre, pour discuter
du travail de l’organisation dans cette
région. Ce comité consultatif est
composé de militants indépendants des
droits humains, de juristes, de
journalistes et d’autres personnes
originaires de toute la région.
Le 8 décembre, le Forum UE-ONG sur les
droits humains réunira les États membres
de l’Union européenne, des institutions
et des organisations non
gouvernementales à Bruxelles. Selon
l’invitation que Shawan Jabarin a reçue,
ce forum, organisé par la Commission
européenne et le Service européen pour
l’action extérieure, abordera la mise en
œuvre des recommandations de l’UE en
matière de droit international
humanitaire et sa stratégie en matière
de droits humains.
L’article 12 du Pacte international
relatif aux droits civils et politiques,
que la Cour internationale de justice et
d’autres organes juridiques ont
déterminé comme s’appliquant aux
territoires palestiniens occupés,
dispose que « toute personne est libre
de quitter n’importe quel pays, y
compris le sien ».
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