Communiqué
Israël. Le nouveau
gouvernement doit renoncer aux projets
d'expulsion forcée visant des villages
bédouins
Amnesty
International
Samedi 20 avril
2013 Le nouveau gouvernement israélien
doit abandonner un projet de loi qui
engendrerait des expulsions forcées
massives de Bédouins et, en
revanche, adopter une loi qui
protège leurs droits au logement, a
déclaré Amnesty International, alors
que le comité ministériel chargé de
la législation doit examiner ce
projet le 21 avril. Aux termes du Projet de loi de 2012
relatif à la régularisation des
habitations bédouines dans le
Néguev, adopté par le précédent
gouvernement, au moins 30 000
Bédouins vivant dans le désert du
Néguev/Naqab, dans le sud du pays,
sont menacés d’être expulsés de
leurs villages, qui n’ont jamais été
officiellement reconnus par le
gouvernement israélien. « Expulser de force des dizaines de
milliers de Bédouins des villages où
ils vivent depuis des générations ne
peut se justifier au nom du
développement économique ni de tout
autre motif – les nouveaux
dirigeants d’Israël doivent avoir le
courage de s’aventurer là où leurs
prédécesseurs ont ignoré les normes
relatives aux droits humains, a
indiqué Ann Harrison, directrice
adjointe d’Afrique du Nord et du
Moyen-Orient. « Dans les faits, ce projet de loi
envoie les communautés bédouines
dans un désert des droits humains,
en privant des citoyens déjà
vulnérables des garanties juridiques
contre les démolitions de logements
et les expulsions forcées. C’est une
violation flagrante du droit
international. » Le projet de loi est toujours sur la
table, en dépit des nombreuses
objections soulevées lors des
consultations avec les populations
bédouines et les organisations
locales de défense des droits
humains, et de deux lettres
d’Amnesty International restées sans
réponse. Les Bédouins en Israël sont
confrontés à une discrimination
endémique et, depuis des années, les
démolitions traumatisantes
préfigurent les expulsions forcées.
Si le projet de loi est adopté, il
ouvrira la porte au renforcement de
ces pratiques. Toutefois, au lieu de renoncer
complètement aux projets
d’expulsion, la loi propose
simplement d’échelonner dans le
temps les ordres de démolition. « Loin de fournir une garantie
juridique aux Bédouins, ce projet de
loi ne fait qu’aggraver la situation
», a ajouté Ann Harrison. Les représentants du gouvernement en
charge des projets d’expulsion ont à
maintes reprises cité le cas du
village de Wadi Naam, exclus des
cartes, comme illustrant les mesures
de relogement dont bénéficieront les
Bédouins au titre du projet de loi.
Les habitants de Wadi Naam
souhaitent quitter leur village, en
raison des conditions dangereuses
engendrées par l'usine chimique et
d’autres industries situées aux
alentours. Cependant, ils restent
très attachés au fait de pouvoir
préserver leur mode de vie basé sur
l’agriculture. Les premiers habitants se sont
installés à Wadi Naam dans les
années 1950, après avoir été
expulsés de leurs terres ancestrales
dans le désert du Néguev/Naqab, dans
le sud-ouest du pays. Les habitants ont expliqué à Amnesty
International qu’ils s’opposent
clairement au projet du gouvernement
de les reloger à Segev Shalom, sur
un site assez proche de l’usine de
produits chimiques, où ils ne
pourraient plus élever du bétail.
Ils préféreraient retourner sur
leurs terres ancestrales. Wadi Naam compte parmi des dizaines
de villages de Bédouins qui seraient
concernés par les projets de
développement actuels. « Si ce projet de relogement des
habitants de Wadi Naam constitue le
meilleur scénario pour le
gouvernement, que doit-on craindre
pour les autres villages exclus des
cartes ? », s’est interrogée Ann
Harrison.
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