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Communiqué Amnesty International
Israël et territoires palestiniens occupés.
Il est « clair et indéniable » qu'Israël a utilisé du phosphore blanc contre les civils de Gaza
Lundi 19 janvier 2009
Les délégués d’Amnesty International qui se sont rendus dans la
bande de Gaza ont trouvé des preuves indiscutables du recours
intensif au phosphore blanc dans des zones d’habitation
densément peuplées de la
ville de Gaza et dans le nord de la bande de Gaza.
« Ce dimanche 18 janvier 2009, nous avons vu des rues et des
allées jonchées d'éléments attestant de l'utilisation de
phosphore blanc, notamment des éclats encore en feu et les
restes d’obus et de grenades tirés par l’armée israélienne, a
déclaré Christopher Cobb-Smith, expert balistique présent à Gaza
dans le cadre de la mission d’information d’Amnesty
International composée de quatre délégués.
« Le phosphore blanc est une arme destinée à créer un écran
de fumée permettant de masquer les mouvements de troupe sur le
champ de bataille, a-t-il ajouté. C’est un agent très
incendiaire, qui explose
dans les airs et ne devrait jamais être utilisé dans des zones
civiles, en raison de ses effets dévastateurs. »
« Un recours aussi fréquent à cette arme dans les quartiers
résidentiels de Gaza, où la population est dense, est non
discriminant par nature, a affirmé Donatella Rovera, chercheuse
d’Amnesty International sur Israël et les territoires
palestiniens occupés. Une utilisation répétée dans ces
circonstances, alors qu’on sait que cette arme frappe sans
discrimination et qu’elle a des effets terribles sur les
civils, constitue un crime de guerre. »
Des éclats de phosphore blanc sont éparpillés tout autour des
bâtiments d’habitation et nombre d’entre eux brûlaient encore
ce dimanche 18 janvier, mettant en danger les habitants et
leurs biens.
Les rues et les allées sont remplies d'enfants qui jouent,
attirés par les débris des combats et bien souvent inconscients
du danger.
« L’artillerie est une arme de zone, elle n’est pas adaptée
pour cibler avec précision. Le fait que ces munitions,
généralement utilisées pour des explosions terrestres, ont été
tirées afin d’exploser dans les airs accroît la surface
probable de la zone dangereuse », a ajouté Christopher
Cobb-Smith.
Chaque obus d’artillerie de 155 mm explose en déployant 116
éclats imprégnés de phosphore blanc qui s’enflamme au contact
de l’oxygène et peut se disperser, en fonction de la hauteur à
laquelle il explose et du vent, sur une surface au moins aussi
grande qu’un terrain de football. Outre l’effet non
discriminant d’une telle arme utilisée pour exploser dans les
airs, le fait de l’employer comme obus d’artillerie aggrave le
risque de toucher des civils.
Les délégués d’Amnesty International ont trouvé à l’intérieur
et autour de maisons et de bâtiments des fragments de phosphore
blanc se consumant et les obus dont ils provenaient. Certains
de ces obus en acier de 155 mm ont gravement endommagé
plusieurs habitations.
L’un des lieux les plus touchés est le complexe de l'Office de
secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de
Palestine dans le Proche-Orient (UNWRA), dans la ville de Gaza,
sur lequel les forces israéliennes ont tiré trois obus au
phosphore blanc le 15 janvier. Le phosphore blanc a terminé sa
course près de camions de carburant, déclenchant un grand
incendie qui a détruit des tonnes d’aide humanitaire. Une
heure auparavant, les bâtiments avaient déjà été frappés. Les
responsables de l’UNWRA en avaient
informé les autorités israéliennes, qui avaient donné
l’assurance qu’aucun tir ne serait dirigé contre le complexe.
Ce même jour, un autre obus au phosphore blanc a touché
l’hôpital al Quds, dans la ville de Gaza, et provoqué un
incendie qui a contraint le personnel médical à évacuer les
patients.
Le phosphore blanc, lorsqu’il entre en contact avec la peau,
peut causer de graves brûlures des muscles, qui peuvent aussi
atteindre les os, et continue de se consumer jusqu’à ce qu’il
soit privé d'oxygène.
Complément d’information
Les cessez-le-feu unilatéraux annoncés séparément par Israël et
le Hamas, prenant effet au 18 janvier, n’ont pas été respectés
par les deux parties. Les forces israéliennes sont restées
stationnées dans plusieurs secteurs de la bande de Gaza et,
dans la matinée du 18 janvier, des missiles israéliens ont tué
Angham Rifat al Masri, onze ans, et blessé sa mère, à l’est de
Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza. Parallèlement,
des groupes armés palestiniens ont tiré plusieurs roquettes sur
des villages et des villes du sud d’Israël, blessant légèrement
trois civils israéliens.
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