Mercredi 12 mai 2010
Amnesty International a exhorté ce mercredi 12 mai 2010 le
gouvernement israélien à ne pas incarcérer Mordechai Vanunu, qui
a tenté d’alerter l’opinion sur des questions relatives au
nucléaire et est susceptible de retourner en prison dans les
prochains jours.
La Cour suprême israélienne a statué le 11 mai que Mordechai
Vanunu, qui a purgé une peine d’emprisonnement de 18 ans
pour avoir divulgué des informations sur le programme
nucléaire d’Israël, était de nouveau condamné à trois mois de
prison pour avoir rencontré un ressortissant étranger, en
violation des restrictions qui lui sont imposées par
l’armée depuis sa libération.
« Si Mordechai Vanunu retourne en prison, Amnesty International
le déclarera prisonnier d’opinion et demandera sa libération
immédiate et inconditionnelle », a indiqué Philip Luther,
directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord
d’Amnesty International.
Mordechai Vanunu, 56 ans, qui s’est vu interdire de quitter le
pays, a déclaré à Amnesty International le 12 mai : «
Que j’aille en prison ou non, cela m’est égal. Je me sens déjà
prisonnier, pris au piège en Israël.
Ancien technicien dans une centrale nucléaire près de la ville
de Dimona, dans le sud d’Israël, Mordechai Vanunu a divulgué
des détails sur l’arsenal nucléaire israélien au Sunday
Times, hebdomadaire britannique, en 1986.
Enlevé par des agents du Mossad (Service de renseignement)
en Italie le 30 septembre 1986, il a été conduit secrètement en
Israël où il a été jugé et condamné à une peine
d’emprisonnement de 18 ans. Il a passé les 11 premières années à
l’isolement.
Lors de sa libération en avril 2004, les autorités
israéliennes ont envisagé de le placer en détention
administrative, mais le procureur général a rejeté cette option
au motif qu’elle était illégale.
Mordechai Vanunu a alors été soumis à une
surveillance policière, en vertu d’une ordonnance militaire
draconienne renouvelée tous les six mois – en avril 2010 pour
la dernière fois. Aux termes de cette ordonnance, il lui est
interdit de communiquer avec des étrangers, y compris
des journalistes. Il ne peut pas quitter le pays. Il ne doit pas
se rendre dans les ambassades étrangères et doit informer les
autorités s'il souhaite changer d'adresse.
« En raison de ces restrictions qui lui sont imposées, Mordechai
Vanunu n’a pas été en mesure de se rendre aux États-Unis pour
s’installer avec sa famille adoptive, ce qui a fait subir
un énorme stress à sa santé mentale et physique, a expliqué
Philip Luther.
« Il ne s’agit pas d’une libération conditionnelle assortie de
restrictions, puisqu’il a purgé sa peine de 18 ans. Ces mesures
restreignent de manière arbitraire ses droits à la liberté
de mouvement, d’expression et d’association et bafouent par
conséquent le droit international. »
Mordechai Vanunu a été reconnu coupable le 30 avril 2007 d’être
entré en contact avec un étranger sans autorisation et condamné
à une peine de six mois d’emprisonnement, réduite à trois mois
en appel.
On lui a proposé de commuer cette peine en travaux d’intérêt
général, à réaliser à Jérusalem-Ouest. Il a refusé, invoquant
des craintes pour sa sécurité, car de nombreux Israéliens
le considèrent comme un traître à la nation. Il a proposé
d’effectuer ses travaux dans Jérusalem-Est, quartier palestinien
où il réside désormais. Le tribunal a refusé et a ordonné qu’il
soit incarcéré le 23 mai.
S’adressant à Amnesty International, Mordechai Vanunu a fait
part de son sentiment de désespoir, affirmant que malgré les
efforts déployés au niveau international alors qu’il était
incarcéré et après sa libération en vue de lever les
restrictions qui lui étaient imposées par les autorités
israéliennes, « personne n’a été en mesure de [m’]aider
depuis 24 ans ».
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