Jeudi 1er novembre 2007
Mohammad Sadiq Kabudvand,
journaliste kurde iranien et défenseur des droits humains, président
de l’Organisation kurde des droits humains RMMK
(http://www.rmmk.net/enindex.aspx)
serait victime de mauvais traitements en détention. Amnesty
International craint que ces mauvais traitements ne visent à forcer
les membres de la direction du RMMK à se présenter aux
responsables de la sécurité, au risque de se faire arrêter et de
se voir notifier la fermeture du RMMK. Amnesty International appelle
les autorités iraniennes à faire cesser ces mauvais traitements
immédiatement.
Mohammad Sadiq Kabudvand est détenu depuis le 1er
juillet 2007 dans la section 209 de la prison d’Evin à Téhéran.
Bien qu’il n’ait pas été officiellement inculpé selon nos
informations, il aurait déclaré à la mi-juillet être accusé
d’« activités nuisant à la sécurité nationale »,
de « propagande contre le régime » et de « coopération
avec des groupes opposés au régime ». Il s’est également
plaint de ses mauvaises conditions de détention et a expliqué
qu’on lui bandait les yeux bandés et qu’on lui liait les mains
et les pieds à chaque interrogatoire. Son avocate, la lauréate du
Prix Nobel Shirin Ebadi, n’a pas été autorisée à lui rendre
visite et il n’a pu avoir que des contacts limités avec sa
famille.
Selon les informations dont nous disposons, Mohammad
Sadiq Kabudvand souffrirait de tension artérielle, d’un problème
de peau et d’un problème rénal dont Amnesty International ne
connaît pas la nature exacte. Il aurait besoin d’uriner fréquemment
et le fait d’en être empêché aurait de graves répercussions
sur ses reins. Il s’est entendu répondre que s’il voulait aller
aux toilettes, il devait en faire la demande par écrit.
En droit iranien, nul n’est tenu de se présenter
à la police ou devant les forces de sécurité en l’absence de
mandat de comparution écrit. Toutefois, il a été dit à Mohammad
Sadiq Kabudvand que si les trois membres de la direction du RMMK
actuellement en liberté se présentaient d’eux-mêmes au ministère
du Renseignement à Sanandaj, il serait autorisé à se rendre aux
toilettes aussi souvent que nécessaire. Mohammad Sadiq Kabudvand
aurait répondu en insistant sur le fait que le RMMK est une
organisation de défense des droits humains indépendante et que
« nous n’allons pas abandonner, nous allons continuer notre
action humanitaire ». Amnesty International craint que si des
membres de la direction du RMMK se présentent dans les bureaux du
ministère du Renseignement à Sanandaj, ils ne soient arrêtés et
que le RMMK ne soit fermé.
Le RMMK a été fondé en avril 2005 par Mohammad
Sadiq Kabudvand et quelques autres personnes ; il compte
actuellement une centaine de membres. Les autorités n’ont jamais
accepté la requête du RMMK d’être reconnu comme organisation
non gouvernementale (ONG). Un quatrième membre de la direction,
Ajlal Qavami, est en prison à Sanandaj dans le cadre d’une autre
affaire liée à son travail de journaliste.
Les mauvais traitements infligés à Mohammad Sadiq
Kabudvand et les tentatives associées de pression sur les membres
du RMMK bafouent les normes internationales relatives aux droits
humains que les autorités iraniennes se sont engagées à
respecter, y compris le Pacte international relatif aux droits
civils et politiques. Le harcèlement répété et
l’emprisonnement de défenseurs des droits humains par les autorités
iraniennes remettent en question leur volonté d’observer les
principes fondamentaux de respect de la dignité humaine. Le
gouvernement doit veiller à ce que les défenseurs des droits
humains puissent mener à bien leur tâche – dont la Déclaration
des Nations unies sur la protection des défenseurs des droits de
l’homme a reconnu l’importance – dans un climat de respect et
conformément aux normes internationales en matière de droits
humains.
Complément d’information
Les Kurdes, qui sont l’un des nombreux groupes
ethniques que compte l’Iran, vivent principalement dans l’ouest
et le nord-ouest du pays, dans la province du Kurdistan et dans les
provinces voisines, frontalières des régions kurdes de Turquie et
d’Irak. Depuis de nombreuses années, des organisations kurdes
telles que le Parti démocratique du Kurdistan d’Iran (PDKI) et le
Komala (Organisation révolutionnaire des travailleurs du Kurdistan)
mènent une opposition armée à la République islamique d’Iran.
Récemment cependant, elles ont renoncé à leur lutte armée et
s’efforcent d’obtenir une solution fédérale. Les autorités
iraniennes sont toujours confrontées à une opposition armée,
essentiellement de la part du PJAK (Parti pour une vie libre au
Kurdistan), dont les opérations auraient débuté en 2004. Les
autorités iraniennes accusent des gouvernements étrangers de
fomenter des troubles parmi les minorités ethniques d’Iran.
Mohammad Sadiq Kabudvand a été arrêté le 1er
juillet sur son lieu de travail à Téhéran par des membres en
civil des services de sécurité, le jour où expirait la suspension
de parution de son journal Payam-e Mardom-e Kordestan (Le Message du
peuple du Kurdistan). Il risque un an d’emprisonnement pour des
articles publiés dans son journal, mais sa détention actuelle ne
semble pas liée à leur parution.
Pour agir en faveur de Mohammad
Sadiq Kabudvand, veuillez vous reporter à notre Action
urgente http://web.amnesty.org/library/index/framde13
0812007 et http://web.amnesty.org/library/index/framde13
0912007
http://www.amnestyinternational.be/doc/spip.php?article12045
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