Contre
la guerre totale israélienne en Palestine :
La
France doit intervenir
Mercredi 28 juin, l’armée israélienne
a lancé une vaste offensive terrestre et aérienne dans le
territoire palestinien de la bande de Gaza surpeuplée. Les raids
de l’aviation ont détruit des ponts et des routes, ainsi que la
principale station électrique de ce territoire. L’armée a
appelé les habitants du nord de Gaza à quitter leurs maisons.
Soixante-quatre responsables palestiniens dont 8 ministres et 20 députés
ont été kidnappés par l’armée israélienne qui les détient
encore.
Le motif officiel de cette
agression à grande échelle est l’enlèvement par la résistance
palestinienne d’un tankiste israélien. Cet enlèvement
intervient après des semaines de terreur israélienne :
bombardements massifs et meurtriers (5000 obus et 30 morts en 1
mois) de ces même tanks, de l’aviation et de la marine israélienne
sur la bande de Gaza . Et le lendemain de l’enlèvement de 2 résistants
à Gaza mais aussi de rafles à Hébron, Naplouse qui ont laissé
de marbre la communauté internationale ! La population assiégée
de la bande de Gaza, véritable prison à ciel ouvert, était déjà
soumises aux pénuries alimentaires et sanitaires aggravées par
les sanctions de l’Union Européenne contre le gouvernement des
occupés.
C’est dans ce contexte que
s’inscrit l’enlèvement du caporal israélien. Dans un
important appel, les dirigeants palestiniens emprisonnés par Israël
ont appelé, notamment, à une réorientation de la stratégie de
la résistance contre l’occupation, contre la colonisation illégales
et contre la violence quotidienne imposée par l’armée israélienne
à la population palestinienne : ils en appellent notamment
à une mobilisation unifiée, recentrant la résistance dans le
territoire occupé, et contre l’armée d’occupation.
Nous ne pouvons à cet égard que
nous étonner que la France, officiellement, annonce son
engagement total pour faire libérer ce caporal, au nom de sa
nationalité française, sans parallèlement ni interroger ce que
signifie pour un citoyen français d’effectuer son service
militaire dans une armée d’occupation alors même que la France
condamne cette occupation illégale, ni jamais s’interroger sur
les crimes commis par ses citoyens franco-israéliens colons dans
les territoires palestiniens, ni sur le sort réservé aux
citoyens franco-palestiniens vivant sous occupation israélienne,
et encore indiquer une mobilisation analogue pour la libération
des milliers de prisonniers politiques palestiniens, otages de
l’arbitraire israélien, et singulièrement des centaines
d’enfants aujourd’hui sous les verrous, et les députés
palestiniens comme Marwan Barghouthi et Hussam Khader kidnappés
par l’armée d’occupation et détenus dans le territoire de la
puissance occupante, en totale violation de la quatrième
Convention de Genève.
Le premier ministre israélien
Ehud Olmert a déclaré « user de moyens extrêmes »
(sic) pour libérer le caporal de son armée. Ce que Mahmoud
Abbas, condamnant l’invasion, a qualifié de « punition
collective ».
Le rapt des 64 ministres et élus,
lui, intervient également dans un contexte particulier :
celui, pour la première fois, d’un accord politique et stratégique
entre le Fatah et le Hamas. Cet accord, qui en appelle à l’unité
nationale, en appelle aussi à la fondation d’un Etat
palestinien dans les territoires occupés par Israël depuis 1967.
La communauté internationale ne s’y est pas trompée qui y a lu
une reconnaissance implicite de l’Etat d’Israël dans ces
frontières. Reconnaissance dont la réciproque n’est toujours
pas à l’ordre du jour puisque, treize ans après les accords
d’Oslo, l’Etat d’Israël continue à refuser de reconnaître
le droit du peuple palestinien à un Etat indépendant dans les
frontières de 1967.
En fait, la volonté affichée du
gouvernement israélien de « détruire le gouvernement
palestinien » répond à un objectif lui aussi énoncé :
fixer unilatéralement les frontières, en intégrant au
territoire israélien les grands blocs de colonies, un « grand »
Jérusalem, qui s’étend de Ramallah au nord à Bethléem au sud
et à Jéricho à l’Est, et aussi la vallée du Jourdain. En
fait, en annexant toutes les zones incluses dans le réseau de
murs qui se construit profondément dans le territoire palestinien
de Cisjordanie, en violation des recommandations de la Cour
internationale de justice et de la résolution des Nations unies
d’août 2004. Un objectif aux antipodes du droit international
et qui rendrait évidemment caduque toute perspective d’Etat
palestinien indépendant et viable. Pour parvenir à un tel
objectif, le gouvernement israélien a choisi une stratégie :
l’unilatéralisme. En refusant de reconnaître toute légitimité
à un interlocuteur palestinien.
Il faut
mettre un terme à la guerre imposée au peuple palestinien.
Comme il faut
mettre un terme à l’occupation, qui est la première des
violences et la source de l’insécurité régionale, à la
colonisation, et au siège des territoires palestiniens.
Nous
demandons au gouvernement français d’intervenir au
sein du conseil de sécurité des Nations unies et auprès de ses
partenaires européens pour assurer la protection
du peuple palestinien et la libération des prisonniers politiques
palestiniens, à commencer par tous les enfants.
Nous
demandons au gouvernement français la reconnaissance de
la démocratie palestinienne et de
ses instances issues des urnes.
Nous
demandons au gouvernement français une aide
économique conséquente et urgente au peuple
palestinien, susceptible de contribuer à mettre un terme aux conséquences
du siège israélien, et comme compensation de l’absence de
solution politique à une occupation qui n’a que trop duré.
Nous
demandons au gouvernement français d’intervenir au
sein du conseil de sécurité des Nations unies et auprès de ses
partenaires européens pour des sanctions
immédiates contre le gouvernement et l’armée d’occupation
israéliens, pour que cesse leur impunité.
Nous
demandons au gouvernement français d’intervenir au
sein du conseil de sécurité des Nations unies et auprès de ses
partenaires européens pour la tenue urgente d’une conférence
de paix sous l’égide des Nations unies et fondée sur
le droit international.
Paris, Le 29 juin 2006.