P.A.S.
Bras de fer entre l’Algérie et l’Arabie
saoudite
Yahia Gouasmi
Photo:
D.R.
Samedi 9 avril 2016
Les
relations entre l’Arabie saoudite et
l’Algérie se sont nettement détériorées
ces dernières semaines, suite aux
réserves émises par Alger quant à la
décision de la ligue arabe de classer le
Hezbollah libanais comme groupe
terroriste.
En effet, le refus des autorités
algériennes de suivre aveuglement le
royaume saoudien dans cette décision,
certainement prise à Tel-Aviv, a été
pour Riyad la goutte de pétrole qui a
fait déborder le baril et a entrainé une
violente campagne médiatique contre
l’Algérie, qualifiée de « traitre » ou
d’«agent perse »!
Le royaume wahhabite, tel un enfant
gâté aux caprices duquel on aurait
refusé de céder, fait sa crise, qui
n’effraye évidemment pas grand monde au
pays du million et demi de martyrs,
excepté les agents dont il dispose sur
place et qu’il arrose allègrement de
pétrodollars afin qu’ils diffusent son
idéologie néfaste.
Ces dernières années, la
diplomatie algérienne a retrouvé sa
voix et a pu réaffirmer son
positionnement traditionnel de
non-ingérence, ce qui a provoqué le
courroux de Saoudiens considérant ce
refus d’appliquer la feuille de
route sioniste comme un crime de
lèse-majesté.
Malgré des relations économiques non
négligeables entre les deux pays, la
tentation hégémonique de la monarchie
saoudo-wahhabite s’est souvent heurtée
au non-alignement de l’Algérie. La crise
syrienne a été le point de rupture. En
effet, alors que le régime saoudien est
impliqué militairement, financièrement
et idéologiquement pour faire tomber
Bachar Al Assad, l’Algérie est sur une
position de non-ingérence.
Opposée à la chute du
gouvernement légitime syrien, Alger
apparaît aux yeux des Saoudiens et
des Qataris comme «une fausse note»
dans le «consensus arabe», et qui
fausse la stratégie
américano-sioniste dans la
recomposition géopolitique
régionale.
Ainsi, Alger s’était ouvertement
opposé à la mise en place d’une
coalition militaire arabe qui n’était en
réalité qu’une alliance conduite par
l’Arabie Saoudite pour mener la guerre à
l’Iran. Lors de son expédition militaire
contre son voisin du Sud, le Yémen,
Riyad avait réussi à intégrer plusieurs
pays sunnites dans sa «croisade» contre
ce qu’elle considère comme zone
d’influence perse, alors que là aussi,
l’Algérie a refusé de participer à cette
guerre injuste et fratricide.
Par la suite, dans sa guerre contre
l’axe de la résistance et pour contenir
l’Iran après la levée des sanctions
occidentales contre Téhéran, Riyad a
forcé la main à pratiquement tous les
pays arabes pour blacklister le
Hezbollah.
L’Algérie s’est abstenue
lors de la réunion de la Ligue
arabe, poste avancé de la stratégie
des Saoudiens et de leurs maitres
sioniste, empêchant ainsi une
unanimité arabe sur la question, ce
qui a provoqué l’ire de la
pétromonarchie.
Au fond, de l’intervention militaire
au Yémen à la politique pétrolière,
Riyad et Alger ne sont d’accord sur
rien, et si auparavant, la vieille garde
saoudienne respectait la position
algérienne sur les questions régionales,
la nouvelle génération de dirigeants
veut dicter sa loi à tout le monde,
considérant toute résistance comme un
acte hostile.
En réalité, le royaume a
toujours vu d’un très mauvais œil
l’indépendance politique et
économique dont a toujours fait
preuve l’Algérie, qu’il a
régulièrement tenté d’affaiblir en
lui créant des difficultés de toutes
sortes.
La politique pétrolière
américano-saoudienne de ces dernières
années a ainsi fait beaucoup de mal à
l’économie algérienne : en effet, dans
un pays où la rente pétrolière nourrit
70 % du budget de l’État, 33 % du PIB et
98 % des recettes d’exportation, le
plongeon du prix du baril dû au refus
saoudien de baisser sa production a
entraîné dans sa chute l’économie
algérienne.
Cela a contribué à augmenter
grandement le ressentiment des Algériens
à l’égard des dirigeants saoudiens y
compris de la part des autorités
politiques.
Pour preuve, les récentes prisent de
position du ministre algérien des
Affaires religieuses l’influence néfaste
du wahhabisme au sein des mosquées et de
la société algérienne. Ce dernier a même
osé pour la première fois dans
l’histoire des relations avec ce
royaume, refuser l’accès au prédicateur
Mohamed Al Arifi, promoteur de
propagande au profit du groupe
terroriste Al Nosra.
Ce choix salué par une grande
majorité de l’opinion publique a
cependant été combattu avec virulence
par les cohortes salafistes locales
fortement soutenues par leurs sponsors
idéologiques de la monarchie wahhabite.
En effet, la plupart des partisans de la
Salafiya en Algérie continuent à
témoigner une indéfectible allégeance à
leurs maîtres saoudiens et constituent
d’efficaces relais de l’islam salafiste.
Cependant, les Algériens dans leur
immense majorité honnissent le pouvoir
wahhabite et ne supportent plus sa
régulière ingérence dans leurs affaires
internes, à l’image de l’intervention
inacceptable de la chaîne satellite IQRA
qui a carrément appelé à l’extermination
de la communauté ibadite de Ghardaïa
lors des émeutes qui ont secoué la ville
l’année dernière.
Pour n’avoir pas accepté
de mettre en application la feuille
de route sioniste dans la région
Moyen orientale et dans le reste du
monde musulman, l’Algérie se voit
ainsi soumise aux pressions des
Saoudiens qui mènent une guerre
sournoise à son encontre.
Ainsi, pour punir Alger de son
non-alignement, l’Arabie a répliqué en
affichant son soutien au Maroc dans le
conflit du Sahara occidental, par
l’annonce de projets d’investissement
dans les territoires sahraouis.
Le Parti Anti Sioniste
félicite l’Algérie pour sa politique
d’indépendance et de non-alignement
sur la stratégie sioniste, dont le
principal instrument est la
marionnette saoudienne.
Il est grand temps pour
les gouvernements arabes et
musulmans, de rompre toutes
relations avec cette monarchie
rétrograde, principale sponsor du
terrorisme dans le monde, et qui ne
cache même plus son alliance avec
les sionistes.
Yahia Gouasmi
Président du Parti Anti Sioniste
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