Attentats terroristes israéliens
en Tunisie et en Angola
Xavière Jardez
Mardi 10 janvier 2017
Et c’est encore la
Tunisie qui a été victime, dans sa
souveraineté, sa sécurité, de cet acte
terroriste israélien que la terminologie
euphémistique des journalistes qualifie
d’attentat ciblé pour justifier tout
assassinat politique.
Le jeudi 15
décembre 2016, un homme est retrouvé
criblé de balles dans sa voiture devant
son domicile à Sfax. Il s’agit de
Mohamed Zouari, 49 ans, directeur
technique d’une société privée
d’ingénierie mécanique, rentré en
Tunisie, après la Syrie, à la suite de
la « révolution du jasmin ».
Selon les méthodes employées – gros
calibre et silencieux, agents tunisiens
et étrangers dont des journalistes
israéliens – homme et/ ou femme comme
appât- munis de passeport allemand
(ça ne vous dit rien ?) - tout
semble pointer vers Israël et ses
méthodes d’éliminations de «
personnages dérangeants».
Mohamed Zouari,
citoyen tunisien, était un ingénieur
aéronautique qui travaillait pour le
Hamas et avait développé pour ce
dernier un programme de drone aérien.
Les services secrets israéliens - le
Mossad - l’avaient désigné, il y a «
plus de dix ans », à Damas, comme
une cible potentielle, en raison des ses
efforts pour développer et doter le
Hamas et la bande de Gaza, sous
blocus israélien, et le Hezbollah
chiite d’armes plus sophistiquées,
notamment un drone armé sous-marin
destiné à des frappes contre les
plateformes pétrolières et gazières
d’Israël en Méditerranée. Sous
surveillance constante du Mossad,
celui-ci avait acquis la certitude qu’il
était en contact régulier avec des
experts techniques palestiniens et
libanais. Parmi ces derniers figurait
Hassan Lakkis, commandant du
Hezbollah, premier producteur et
fournisseur d’armes du parti chiite pour
ses actions militaires contre l’entité
sioniste. Lakkis a été assassiné devant
chez lui, à Beyrouth, dans les
circonstances similaires à celles de
Zouari, le 3 décembre 2013. Et cette
ressemblance ne laisse aucun doute sur
l’identité des commanditaires de
l’attentat, confirmée par un journaliste
d’investigation de la chaine israélienne
de TV 10, Alon Ben-David, dans un
article du journal Maariv, le 27
décembre.
Les Tunisiens ont
déjà fait l’expérience de la justice
d’Israël car la liste des assassinats
extrajudiciaires de ce pays est longue
et sanglante. En 1988, un commando de
tueurs israéliens, dont l’un des chefs
était Ehud Barak qui deviendra premier
ministre ensuite, débarqua à Tunis en
pleine nuit et assassina Abou Jihad, de
son vrai nom, Khalil al Wazir, numéro 2
du Fatah alors même que Reagan
tente d’organiser une conférence
internationale pour négocier la paix. Le
Département d’Etat US condamne
l’assassinat comme un « un acte
d’assassinat politique ». Dans les
manifestations qui suivirent, sept
autres Palestiniens furent abattus par
les forces israéliennes (1). Les
Etats-Unis ne furent nullement prévenus
de ce que mijotaient les Israéliens,
tout comme ne le furent les Pakistanais
lors de l’assaut sur Ossama Ben Laden à
Abbottabad.
En 1996, le 5
janvier, le Mossad assassine l’ «
Ingénieur » du Hamas, Yahya
Ayash, en déclenchant des explosifs
placés dans son téléphone portable
pendant qu’il l’utilise. « Nous avons
rencontré beaucoup de problèmes quand
nous avons voulu aider l’Autorité
Palestinienne à enquêter sur le crime,
qui demandait d’analyser la scène du
crime. Ni les officiers des services du
Département, ni les Israéliens ne se
sentaient concernés par cette
enquête.(2) ».
Parmi les
assassinats les plus honteux, les plus
haineux figurent ceux de l’écrivain
Ghassan Kanafani, figure littéraire du
monde arabe et membre du Front populaire
pour la libération de la Palestine et sa
nièce de 17 ans dans leur voiture à
Beyrouth en 1972, du Cheikh Ahmed Yassin,
fondateur du Hamas, âgé de 67ans,
en fauteuil roulant alors qu’il sortait
de la prière dans une mosquée de Gaza,
tuant neuf passants innocents dans
l’opération, le 22 mars 2004, et le 17
avril, c’est au tour du successeur du
Cheikh, Abdel Aziz al-Rantissi, un
modéré du Hamas !
Certains
assassinats n’ont pas eu ce côté
spectaculaire, à la James Bond,
qu’Israël recherche pour asseoir sa
publicité et propagande. Notamment,
celui Khaled Meshaal, chef du bureau
politique du Hamas à Amman en
Jordanie. En septembre 1997, les agents
israéliens titulaires de faux passeports
(encore) tentent de tuer Meshaal en
lui injectant du poison dans l’oreille.
Pour une fois, les
assassins seront capturés et le roi
Hussein parle de les faire pendre si
Israël ne fournit pas le contrepoison.
Israël s’exécute et, parallèlement,
libère le chef spirituel du Hamas,
cheikh Yassin.
En 2010, à Dubaï,
des agents israéliens, dotés de faux
passeports de la Grande-Bretagne,
Allemagne, France et Irlande, exécutent
dans sa chambre d’hôtel un haut
dirigeant du Hamas, Mahmoud al-Mabhouh.
Le scandale que cette exécution provoqua
fut immense en raison des pays
occidentaux cités qui se virent
impliqués, indirectement ou directement,
par l’opération.
Et, tout
dernièrement, un homme d’affaires
libanais, Amine Bakri, a été tué, le 1er
janvier 2017 de la même manière que
Zouari, en Angola, à Luanda, et le
président de la République libanaise,
Michel Aoun,
a accusé Israël d’en être l’auteur.
Si ces exécutions
ont visé des individus, d’autres ont
frappé des familles entières comme en
2002 avec le bombardement d’un immeuble
d’habitation en pleine nuit dans la
bande de Gaza pour assassiner le
dirigeant du Hamas, Salah Shehada.
Quatorze civils sont tués dont neuf
enfants et 50 blessés alors qu’un
cessez-le- feu devait prendre effet avec
le Hamas et d’autres groupes
palestiniens.
Les cas précités ne
sont que les plus connus et la liste
n’est pas exhaustive. Israël a, dès les
années 70, commis toute une série
d’assassinats de militants suspectés
d’appartenir à l’organisation
Septembre noir.
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