Opinion
Chine-USA:
échange poli de sérieuses mises en garde
Vladimir Fedorov
Le
secrétaire à la Défense américain Chuck
Hagel et son homologue chinois Chang
Wanquan - © REUTERS/ Alex Wong/Pool
Jeudi 10 avril 2014
Source:
RIA Novosti
Le secrétaire à la Défense américain
Chuck Hagel a été écouté en Chine avec
politesse et respect. Mais à chaque mise
en garde sérieuse de l'invité, les hôtes
ont réagi très fermement, parfois à la
limite de l'indécence.
M.Hagel a été le premier militaire
étranger à voir le premier porte-avions
chinois Liaoning et à rencontrer des
journalistes. Mais lorsqu'il a appelé la
Chine à ne pas remanier les frontières
des Etats en Asie, Pékin lui a répondu
que si besoin la Chine ferait la guerre
et la remporterait.
L'altercation entre les ministres de
la Défense des deux pays s'est produite
lors d'une conférence de presse à Pékin
– un événement qui a marqué la visite de
quatre jours du chef du Pentagone en
Chine. Chuck Hagel a appelé la Chine à
ne pas faire usage de la force dans le
litige avec le Japon. Son homologue
chinois Chang Wanquan a contré en disant
que les Etats-Unis n'avaient pas à
s'ingérer dans le litige entre la Chine
et le Japon. L'invité a rappelé que les
Etats-Unis protégeraient leur allié. Ce
à quoi Chang Wanquan a répondu que Pékin
ne créait aucune difficulté, mais qu'il
ne les craignait pas non plus. La Chine
ne fera aucun compromis, consensus ou
transaction commerciale dans les
questions concernant l'intégrité
territoriale. Et elle ne tolérera pas la
moindre agression.
La visite du chef du Pentagone en
Chine a mis à nu les divergences
conséquentes entre les parties, estime
Alexandre Larine de l'Institut de
l'Extrême-Orient. Et même les accords
sur le développement des contacts
militaires n'ont pas permis d'atténuer
toute la profondeur des différends.
La visite de Hagel est révélatrice de
l'état actuel des relations
sino-américaines. Les parties souhaitent
développer la coopération et accordent
même une importance particulière aux
relations militaires. Mais les
différends demeurent profonds et
considérables. Ils sont pratiquement
insurmontables. On s'imagine donc qu'à
terme, la coopération militaire entre la
Chine et les Etats-Unis sera très
limitée. Il s'agira de visites, de
l'évocation de problèmes pertinents et
de divers exercices principalement
neutres – opérations de sauvetage,
liquidation des catastrophes
anthropiques, lutte contre le
terrorisme. La coopération s'arrêtera
là. Vladimir Evseïev, directeur du
Centre de recherches sociopolitiques,
est enclin à apprécier le résultat de la
visite de Chuck Hagel à Pékin dans le
contexte des relations russo-chinoises:
La principale motivation de ce voyage
était très probablement la tentative
d'arracher la Chine à la Russie,
empêcher leur rapprochement. Dans un
contexte de rapprochement entre Pékin et
Moscou, la Russie pourrait, par exemple,
louer des sous-marins nucléaires
polyvalents. Et à terme – contribuer à
la création sur le territoire chinois
d'un système de prévention des attaques
de missiles. Compte tenu d'un tel
scénario, Chuck Hagel a proposé à la
Chine d'élargir la coopération
militaire. Cette dernière sera
accompagnée par des manœuvres, y compris
navales. De toute évidence, la Chine a
clairement laissé entendre aux USA que
les relations avec la Russie étaient
primordiales et qu'aucune digression
n'était possible. C'est un fond
favorable pour la rencontre de Vladimir
Poutine et de Xi Jinping en mai en
Chine.
Le chef du Pentagone a complimenté
les hôtes. La Chine est une grande
puissance et les Etats-Unis respectent
ses intérêts. Cependant, il a affirmé
que les USA défendraient leurs alliés en
cas de conflit militaire entre la Chine
et le Japon ou les Philippines pour les
îles contestées. Cet avertissement est
un coup de bluff, estime Vladimir
Evseïev.
Les Etats-Unis sont contraints
d'envoyer deux destroyers en mer Noire.
Ils songent à la possibilité de
renforcer au moins la défense
antiaérienne de la Pologne et leur
présence dans les pays baltes. Ajoutez à
cela le maintien de la présence
militaire dans le Golfe. Par conséquent,
les Etats-Unis n'ont pas la capacité
d'envoyer des forces navales
significatives pour appuyer leurs alliés
en Asie. Dans ces conditions il ne reste
plus que la rhétorique en affirmant que
les USA accroîtront leur présence en
Asie-Pacifique, ce qui sous-entend la
dissuasion de la Chine. Les Chinois ont
parfaitement conscience que les
Etats-Unis n'ont rien qui pourrait
réellement les dissuader. C'est la
raison pour laquelle la Chine laisse
ouverte l'option d'une solution
militaire des problèmes territoriaux.
Pékin a brusquement remis à leur
place les Américains pour leur ingérence
dans la situation à Taïwan. Chuck Hagel
a entendu des propos de mécontentement
et des objections fermes concernant la
fourniture de nouvelles armes
américaines sur l'île. Dans ce sens, le
vice-président de la Commission
militaire centrale de Chine Fan
Changlong a appelé les Etats-Unis à
faire davantage de démarches utiles à la
stabilité de la région et au
développement de l'amitié entre les
armées des deux pays.
© 2014
RIA Novosti
Publié le
10 avril 2014
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