Réseau Voltaire
Émergence d’une nouvelle alliance
au Moyen-Orient élargi
Thierry Meyssan
De droite
à gauche (mode de lecture des images en
langue arabe) : le président Bachar el-Assad
(République arabe syrienne), le
secrétaire général sayyed Hassan
Nasrallah (Hezbollah), le général
Mohammed Ali Jafari (commandant en chef
des Gardiens de la Révolution), le
président Michel Aoun (République du
Liban), le Premier ministre Haïder al-Abadi
(République d’Irak). Frères par les
armes contre les jihadistes.
Mardi 25 juillet 2017
La politique du président Trump au
Moyen-Orient élargi commence à se
concrétiser. Alors que, jusqu’ici les
États-Unis et leurs alliés tentaient de
détruire les États et d’imposer le
chaos, ils légitimisent désormais les
alliances contre les jihadistes. Si dans
le discours, l’Iran, la Syrie et le
Hezbollah sont toujours des ennemis à
vaincre, dans la pratique ils deviennent
des partenaires. À terme, cette nouvelle
donne pourrait permettre aux États de la
région de repousser les sociétés
multinationales hors du champ politique
et de rétablir la paix.
Petit à petit, la politique étrangère du
président Trump se met en place.
Concernant le Moyen-Orient élargi, il
est parvenu, avec l’aide de son
conseiller de sécurité nationale le
général H.R. McMaster et de son
directeur de la CIA Mike Pompeo, à
mettre fin aux programmes secret d’aide
aux jihadistes.
Contrairement aux sous-entendus du
Washington Post, si cette décision a
bien été prise avant la rencontre
Trump-Poutine au G20, elle l’a été en
réalité un peu plus de deux semaines
auparavant, lors de la préparation du
sommet de Riyad, mi-mai. Son objectif
n’était pas de s’agenouiller devant le
Tsar de Russie, ainsi que le prétend la
classe politique washingtonienne, mais
de mettre fin à l’usage du terrorisme,
ainsi que Donald Trump l’avait déclaré
durant sa campagne électorale.
Les insinuations mensongères du
Washington Post ont été reprises par
toute la presse occidentale. Peut-être
ce fait est-il imputable à l’esprit
grégaire des journalistes occidentaux,
peut-être et plus sûrement, il montre
que les grands médias sont détenus par
des partisans de la guerre au
Moyen-Orient et contre la Russie.
Les révélations bulgares sur
l’existence d’un vaste réseau de trafic
d’armes, mis en place par le général
David Petraeus alors qu’il était encore
directeur de la CIA, en 2012, et
poursuivi par lui depuis son bureau du
fonds de placement KKR laissent pantois
sur la puissance des facteurs de guerre.
17 États au moins ont participé à
cette opération « Bois de Sycomore »,
dont l’Azerbaïdjan qui a assuré le
transport de 28 000 tonnes d’armes et
Israël qui a fourni de faux documents de
destination finale. Selon toute
vraisemblance, David Petraeus et KKR ont
été aidés par le secrétaire général
adjoint de l’Onu, Jeffrey Feltman. Bien
sûr, ce gigantesque trafic, sans
précédent dans l’Histoire de par son
volume, ne donnera lieu à aucune
poursuite judiciaire, ni dans les États
concernés, ni au plan international.
Clairement, depuis 4 ans, les peuples
du Levant se battent non seulement
contre des États, mais avant tout contre
un consortium de sociétés privées
mutinationales, incluant les médias
internationaux, et de puissances
étatiques moyennes qui donnent ensemble
des ordres à de petits États chargés du
sale boulot.
Quoi qu’il en soit, les difficultés
rencontrées par Donald Trump pour
imposer sa volonté à la CIA et au
Pentagone ainsi que l’existence de ce
réseau parallèle, mi-public mi-privé,
permettent d’entrevoir la complexité de
sa tâche dans un ordre mondial subverti
par des intérêts privés.
Dans un premier temps, l’offensive
des armées irakienne et syrienne pour
rétablir la route de la soie n’a pas été
stoppée par les Forces états-uniennes,
malgré divers incidents.
L’offensive lancée par l’Armée arabe
syrienne, avec le Hezbollah et en
coordination avec l’Armée libanaise,
dans le Jurd d’Ersal est le premier
fruit visible de la nouvelle politique
de Washington. Tout en critiquant
vertement la présence du Hezbollah, le
Premier ministre libanais Saad Hariri a,
à la demande de l’Arabie saoudite,
autorisé son Armée, à participer à
l’opération. C’est la première fois,
qu’officiellement les deux armées,
libanaise et syrienne, et la Résistance
agissent ensemble. Riyad, sans désarmer
face au Parti de Dieu et à l’Iran, a
considéré qu’il convenait de travailler
avec le Hezbollah et d’en finir
prioritairement avec les jihadistes.
En définitive, cette guerre, qui
devait détruire les États de la région,
prend la direction opposée : l’unité des
forces iraniennes, irakiennes, syriennes
et libanaises.
Source
Al-Watan (Syrie)
Thierry Meyssan
Consultant
politique, président-fondateur du
Réseau Voltaire et de la conférence
Axis for Peace. Dernier ouvrage en
français :
L’Effroyable imposture : Tome 2,
Manipulations et désinformations
(éd. JP Bertand, 2007). Compte
Twitter officiel.
Le sommaire du Réseau Voltaire
Le dossier
Monde
Les dernières mises à jour
|