Palestine
Ne pas céder au
désespoir
Sonia Dayan-Herzbrun
Dimanche 18 octobre 2015
Quelques jeunes gens, garçons
et filles, font trembler le
gouvernement israélien et la
communauté internationale. Ce
sont ces Palestiniens que l’on
dit de la génération d’Oslo, et
qui, au lieu de la paix promise,
n’ont connu que l’occupation,
l’extension d’une colonisation
de plus en plus brutale et
arrogante, l’enfermement dans
des espaces restreints où il est
devenu de plus en plus difficile
de circuler et d’aller étudier,
le mépris des droits les plus
fondamentaux, l’impuissance des
responsables politiques et le
silence complice du monde. La
plupart de ces jeunes
manifestent pacifiquement dans
les rues de leurs villes, ce qui
ne les protège pas de la
violence de la répression et des
agressions des colons israéliens
assurés d’impunité. Certains
d’entre eux et d’entre elles, en
dépit de la certitude d’être
aussitôt abattus, s’arment de
pierres, de couteaux, lancent
des cocktails molotov, ou
brûlent des pneus. On se bat
dans les rues de Jérusalem Est
et la tension monte aussi à
l’intérieur d’Israël où les
Palestiniens ont constaté depuis
longtemps que la possession de
papiers israéliens ne leur
garantissait pas des droits
égaux à ceux de leurs
concitoyens juifs et ne les
protégeait pas d’agressions
racistes. Ces actions
désespérées mettent en lumière
les dérives dans lesquelles
s’enfonce un État colonial qui
pensait avoir gagné sa sécurité
à l’aide de murs, de prisons et
de bombes. Aux exécutions
extrajudiciaires s’ajoutent les
odieuses punitions collectives :
destruction des maisons
familiales, et désormais non
restitution des corps des
victimes que leurs proches ne
peuvent plus inhumer. Les
condamnations des organisations
internationales comme Human
Rights Watch ou Amnesty
International restent sans écho.
Ce soulèvement de toute une
jeunesse auquel personne ne
s’attendait, a un écho tout
particulier dans les universités
palestiniennes où les étudiants
sont pleinement conscients des
entraves mises à leurs libertés
et à leurs droits, et de leur
absence de toute véritable
perspective d’avenir. Ce sont
donc des universités que partent
un grand nombre de
manifestations et ce sont les
étudiants et les universités qui
sont aussi victimes de la
répression :
incursions de l’armée,
arrestation d’étudiants.
L’université de Birzeit a lancé
un
appel aux institutions
universitaires et à celles qui
défendent les droits humains
afin qu’elles dénoncent, une
fois encore, les crimes de
l’occupation israélienne. Non
seulement nous avons relayé cet
appel, mais nous pensons qu’il
est indispensable d’alerter
l’opinion publique et d’en
appeler une fois de plus aux
institutions européennes afin
qu’elles imposent enfin des
sanctions à l’égard d’Israël qui
manifeste un mépris total des
règles élémentaires du droit
international. Seul le retour
aux règles du droit créera les
conditions d’une solution
politique respectueuse de
justice et de liberté. Notre
seul levier, en ce domaine, est
celui du boycott culturel et
universitaire des institutions
israéliennes. Comme
nous le demande le BNC, nous
devons tout mettre en œuvre pour
rendre ce boycott plus efficace.
Face à l’inaction des politiques
la mobilisation de la société
civile doit nous empêcher de
céder au désespoir.
Le dossier soulèvement octobre 2015
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