Actualité
Brésil :
l’élection d’un chef de gang d’extrême
droite, ouvre la voie à « un nettoyage
jamais vu
dans l’histoire du Brésil »
Smaïl Hadj Ali
En
réponse aux manifestations nationales
Ele Nâo du 29 septembre -
Pas lui- contre Bolsonaro, l’un de ses
fils, Carlos, élu municipal de Rio a
posté
cette photo mettant en scène un homme
torturé. Sur le corps du torturé une
phrase dit :
À l’attention
des pères qui
pleurent de honte en se cachant dans la
salle de bain ».
Cette formule sordide fait allusion aux
parents dont les enfants sont
homosexuels.
Lundi 29 octobre 2018
Publié sur
Investig'action
Bolsonaro a été
élu ce dimanche avec 56% de voix
environ, contre 44% de voix pour
Fernando Haddad, à l’heure où ces lignes
sont rédigées. Son programme
se résume, pour reprendre ses propos, à
:
« un nettoyage jamais vu dans
l’histoire du Brésil ».
Quelques figures
de la barbarie néo-fasciste
Voici de manière
abrégée le portrait- et celui de
quelques membres de son gang- de celui
qui va gouverner par la terreur et
l’écrasement le Brésil, au profit des
classes exploiteuses, des
néo-esclavagistes du 21ème
siècle, de l’impérialisme US, et le
conduire fatalement vers l’abîme.
Réélu
systématiquement, Bolsonaro a siégé 26
années au Parlement durant lesquelles il
a présenté 170 propositions de lois,
dont deux seulement ont été discutées.
Au Parlement, il
s’est abjectement distingué en votant
pour une loi considérant la torture
comme une pratique légitime, mais aussi
en appelant à la répression contre les
homosexuels, tout en tenant
régulièrement discours racistes, et
discriminatoires des femmes. Ces
agissements et propos lui ont valu
trente poursuites judiciaires et trois
condamnations. En 2003, il fut condamné
par la justice à une amende de 150 000
reais, pour propos racistes, homophobes
et incitation au viol, suite à
l’agression verbale, dans l’enceinte du
Parlement, de la députée du PT, Maria
Rosario : « Tu ne mérites pas d’être
violée. Tu es trop laide pour ça !
D’autres
condamnations furent prononcées contre
lui pour propos racistes à l’encontre
des Afro-Brésiliens et des Quilombolas.
(Communautés d’anciens esclaves
afro-brésiliens qui réclament à ce jour
la reconnaissance par l’État des terres
sur lesquelles ils vivent et
travaillent).
Au Parlement, il a
systématiquement voté pour les lois
antisociales, proposées par le
gouvernement de l’usurpateur, golpiste
et mouchard de l’ambassade US, Temer.
Il fut un ardent
défenseur de la loi imposant le
gel des dépenses publiques dite «
loi de la mort et de la fin du monde »,
en 2017, pour une durée de 20 ans.
L’un de ses votes
les plus odieux, expression de sa haine
de classe, concerne le rejet de la
création d’une législation protégeant
les droits des femmes de ménages, –
« trabalhadoras domesticas », une
profession surexploitée dans un Brésil
non libéré des stigmates de l’héritage
esclavagiste. Au plan économique il voté
avec enthousiasme pour la vente des
puits de pétrole off-shore
aux multinationales.
Un
anti-corruption corrompu jusqu’à l’os
Anti-corruption
autoproclamé, la justice électorale a pu
néanmoins établir contre lui l’existence
entre 2000 et 2014 d’une « caixa dois »,
–caisse
noire– pour ses campagnes
électorales, renflouée par des dons
financiers non déclarés et
des pots-de-vin –propina-. À cet
effet son nom figurait sur la liste des
hommes politiques véreux, publiée par le
site du Tribunal Supérieur Électoral en
2014.
Entre 2006 et
2018, soit en 12 ans, son patrimoine,
sur la base de sa déclaration de biens
pour l’élection présidentielles au TSE,
augmenté de 168%, passant de 434 000
reais -100 000 euros environ-, à environ
à 2 millions 287 000 reais, alors que
son salaire de député est de 24 000
reais nets.
En 2009, une de
ses ex-épouses, Cristina Siqueira, s’est
refugiée avec leur fils en Norvège, et
demandé à l’Ambassadeur du Brésil,
Carlos Henrique Cardim, de l’aider à
obtenir l’asile politique, suite aux
menaces de mort proférées par son mari.
Elle a certes démenti ses propres aveux,
en septembre 2018, soit neuf années plus
tard, malgré les documents consulaires
confirmant ses aveux et sa démarche,
publiés par ailleurs par la presse.
Dans une enquête
s’appuyant sur les documents de la
Policia civil de Rio de Janeiro, la
presse brésilienne relate par ailleurs
l’accusation faite par cette même
ex-épouse du vol commis par Bolsonaro en
octobre 2007, alors que le couple
s’était engagé dans une procédure de
divorce, de 30 mille dollars, de 800
mille reais – en bijoux, -200 000
euros-, et 200 mille reais en
espèces-50000 euros-. Ces sommes et ces
bijoux avaient été déposés dans le
coffre-fort d’une agence de la banque du
Brésil, à Rio de Janeiro, par son
ex-épouse.
Son fils Eduardo,
député fédéral, n’est pas en reste. De
2014 à 2018, le patrimoine de cet homme
de haine et d’Ordre nouveau, a augmenté
de plus de 430%, passant de 205 000
reais -50 000 euros-, à 1milion 400
mille reais – 400.000 euros environ-
Le général
Mourâo. Le colistier adorateur des
tortionnaires
Ce lugubre
personnage, qui aime traiter les Indiens
du Brésil de fainéants et les
Afro-Brésiliens de bandits, est un
adepte de la torture.
En activité dans
l’armée lors de l’opération,
constitutionnellement illégale, de
destitution de Dilma, Roussef, il
déclara à des officiers de réserve que
le remplacement du PT n’entraînerait pas
de « changement significatif dans le
pays. L’avantage de ce changement aura
pour avantage d’éliminer l’incompétence,
la mauvaise gestion et la corruption ».
La même année, il rendra un vibrant
hommage, à titre posthume, toujours
devant un public d’officiers de réserve,
au colonel Carlos Alberto Brilhante
Ustra, ancien commandant de DOI-CODI de
l’État de São Paulo -Détachement
d’opérations et d’information et centre
d’opération de défense interne,
structures spécialisées dans la
répression et la torture des opposants-,
en déclarant « Il a combattu le
terrorisme et la guérilla, il est donc
un héros ».
Le colonel Ustra
fut le premier militaire dont la justice
brésilienne a établi en 2008 le rôle de
tortionnaire pendant la dictature. Il a
été reconnu coupable de la mort et de la
disparition de 60 personnes et d’avoir
torturé 500 femmes et hommes, parfois
devant leur enfants. Autant de chiffres
à mettre sous le nez du spécialiste des
questions internationales de CNews,
quant à son commentaire sur la
« torture non excessive »
sous la dictature militaire au Brésil.
En réponse aux
manifestations nationales Ele Nâo du 29
septembre -Pas lui- contre Bolsonaro,
l’un de ses fils, Carlos, élu municipal
de Rio a posté cette photo mettant en
scène un homme torturé. Sur le corps du
torturé une phrase dit : À l’attention
des pères qui pleurent de honte en se
cachant dans la salle de bain ». Cette
formule sordide fait allusion aux
parents dont les enfants sont
homosexuels
Le gang du
psychopathe
Dans cette galerie,
il y a d’abord le chef du parti
néo-fasciste Parti social-libéral,
Gustavo Bebianno. Cet homme qui déclare
détester la politique, est un mixte
d’avocat et d’homme de main. Ceinture
noire de jiujitsu et homme de confiance
de Bolsonaro, il est pressenti pour le
ministère de la justice. À côté de lui
se tient le député fédéral Juliano
Bezzera. Doté d’un physique de videur,
violent et grossier, il est réputé pour
user de méthodes expéditives. Lui aussi
est appelé à de hautes responsabilités À
ces deux individus prêts à tout, il faut
ajouter Fernando Franceschini. Policier,
aujourd’hui député fédéral, il fut
Secrétaire à la sécurité publique de
l’État de Parana. En 2015, il coordonna
la violente répression de la police
militaire et fédérale contre des
enseignants qui manifestait
pacifiquement devant l’Assemblée
législative de l’État, provoquant 200
blessés graves par balles de caoutchouc
et bombes lacrymogènes. Ce tableau
serait incomplet sans l’inévitable
figure théocratique et obscurantiste
attitrée du gang, le pasteur et
ex-sénateur néo-pentecôtiste, Magno
Pereira Malta.
Enfin, citons un
autre général, en l’occurrence Elieser
Girao, député fédéral, donné comme futur
ministre de la défense. Partisan d’une
moralisation-épuration des institutions
du pays, il milite pour l’emprisonnement
des juges du Tribunal supérieur fédéral,
une institution pourtant totalement
acquise à la destitution de Dilma
Roussef et au gouvernement de Temer.
L’allié
politico-idéologique privilégié
Un parti politique
fait totalement corps idéologiquement
avec Bolsonaro, au point de constituer
une phalange. Il s’agit du Parti de la
rénovation travailliste du Brésil -PRTB,
dirigé par Fidelix Levy. Ce ramassis de
politiciens aventuriers et corrompus a
pour originalité d’entretenir des liens
fraternels avec les groupes
néo-fascistes et néonazis du Brésil,
parmi lesquels le Frente Nacionalista-
Front nationaliste-
Le parti agit
fanatiquement pour une plus grande
participation de l’armée dans la vie
publique, pour l’union entre
l’État et la religion, et pour
l’annulation de la Constitution de 1988.
En 2007, la presse
démocratique révéla que le journal
d’extrême droite, la Folha Politica,
spécialisé dans la fabrication de
fausses nouvelles et la falsification
des faits historiques était financé par
ce parti.
Les fils
Bolsonaro
Il y a Flavio
Bolsonaro. Sénateur fédéral, il s’est
fait une spécialité dans la promotion de
la généralisation du port d’armes et la
baisse de l’âge légal pour les peines
pénales. Il s’est distingué récemment
dans la destruction d’une plaque en
hommage à la militante et élue
progressiste de Rio de Janeiro, la
sociologue Marielle Franco, assassinée
en mars 2018 par un groupe armé,
équivalent des Escadrons de la mort. À
ce jour aucune trace des assassins de
Marielle, dans une ville qui a donné 60%
de suffrages à Bolsonaro
L’autre fils,
Eduardo Bolsonaro, député fédéral,
milite pour la criminalisation des idées
communistes, la répression des
homosexuels, et pour l’interdiction de
la politique des quotas, qui a permis à
de nombreux Afro-brésiliens d’accéder
aux études supérieures. Il a été
le contact permanent du suprémaciste
Steve Bannon pour l’organisation des
manipulations électorales.
Ce gang et ces
hommes, dont les valeurs sentent et
suintent la mort, dont la langue est
celle de la torture, de la terreur, de
l’exclusion, du racisme, de
l’exploitation économique et de
l’oppression, ont inauguré cette nuit
l’ère de la bestialité politique au
Brésil. Leur bestialité.
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