Tunisie-Politique
Pour Ennahdha, la sortie du gouvernement
n'est qu'un au-revoir
Samir Bouzidi
Le
président Marzouki décore le chef du
gouvernement sortant,
le Nahdhaoui Ali Larayedh, lundi 27
janvier 2014.
Mercredi 29 janvier 2014
En
quittant le gouvernement, sans vraiment
quitter le pouvoir, Ennahdha joue à qui
perd gagne et se met en bien meilleure
position que ses adversaires pour
revenir au Palais de la Kasbah lors des
prochaines élections.
Par
Samir
Bouzidi
Ennahdha Certains y voient le
résultat de la pression internationale
(et en premier lieu américaine) et/ou
des remous du «tsunami égyptien»,
d'autres saluent la mobilisation
acharnée de la société civile,
l'adoption de la nouvelle constitution
tunisienne est, en tout état de cause,
une leçon politique du parti
majoritaire: Ennahdha.
Un parti
puissant et discipliné
Certes, le bilan sécuritaire,
économique et social des vingt-deux mois
de gouvernance «nahdaouie» est un échec
mais l'épilogue politique est heureux
car Ennahdha a su mettre en scène au
final l'image d'un parti puissant et
discipliné capable de grands sacrifices
pour préserver l'union nationale et les
intérêts supérieurs de la nation. Un
capital dont aucun autre parti ne peut
se prévaloir à ce jour en Tunisie !
Ennahdha a compris l'opportunité de
quitter le navire gouvernemental au
moment où la sécurité, les finances
publiques et le chômage sont devenus des
sujets explosifs à quelques mois des
élections.
A l'abri à l'Assemblée nationale
constituante (ANC), le parti intègre
l'opposition majoritaire gardant ainsi
le contrôle de l'action gouvernementale
jusqu'aux prochaines élections.
Enfin, en obtenant la reconduction de
Lotfi Ben Jeddou au ministère de
l'Intérieur, le parti prend des gages
sur l'organisation des prochaines
élections. «Nous quittons le
gouvernement mais pas le pouvoir!»,
triomphe Rached Ghannouchi.
Débarrassé de la lourde charge de
l'exécutif, Ennahdha va pouvoir se
concentrer sur une seule compétition: la
prochaine élection présidentielle et
législative.
Affaibli
mais pas impopulaire
Dès demain, le bloc parlementaire
pèsera de tout son poids dans
l'élaboration de la nouvelle loi
électorale, un chantier crucial à
l'Assemblée constituante qui va
déterminer les rapports de force pour
les prochaines élections (financement
des partis, découpage des
circonscriptions...).
Les dirigeants et cadres du parti
devraient également très vite se
mobiliser sur le terrain auprès de leurs
sympathisants vulnérabilisés socialement
et auprès de leurs électeurs radicaux
déçus par une constitution vidée de la
charia promise (excepté l'article 6 qui
stipule que l'Etat devra interdire
«toute atteinte au sacré»).
Le parti sort certainement affaibli
de cette période mais rien n'indique que
son impopularité dépasse celle de
l'opposition dans les villages ou dans
les grands faubourgs populaires de
Tunis.
L'absence de liesse populaire au
moment de l'adoption de la constitution
est là pour rappeler à Ennahdha et aux
autres partis politiques l'urgence d'un
projet économique et de résultats que le
discours identitaire ne suffit plus à
combler.
En définitive et malgré l'usure
certaine du pouvoir, Ennahdha a encore
son destin entre les mains. Si le parti
réussit à remobiliser son électorat et
diviser l'opposition, la victoire lui
tend les bras.
Source :
''00216Mag''
Copyright © 2012 Kapitalis. Tous droits
réservés
Publié le 29
janvier 2014 avec l'aimable autorisation
de Kapitalis
Le dossier
Tunisie
Les dernières mises à jour
|