Alahed
Echec des paris américains en Syrie
Samer R. Zoughaib
Photo:
D.R.
Jeudi 17 septembre 2015
Les Etats-Unis ont
indirectement reconnu l’échec de leur
stratégie de «lutte contre le
terrorisme» en Syrie et se résignent
maintenant à examiner les options de la
Russie dans ce pays.
Le chef des forces
américaines au Moyen-Orient, le général
Lloyd Austin, s’est livré à un véritable
constat d’échec de la stratégie déployée
par son pays pour lutter contre
l’organisation terroriste de l’«Etat
islamique» (EI ou Daech) en Syrie. Dans
une audition devant les membres de la
Commission des Forces armées du Sénat,
le haut gradé américain a reconnu que
seuls «quatre opposants sur cinq» formés
par les Etats-Unis font la guerre contre
Daech.
En juillet dernier, un
premier groupe de 54 combattants
entrainés par les Américains a été
introduit en Syrie. Quelques heures plus
tard, une trentaine d’entre eux ont été
capturés par le Front al-Nosra, la
branche syrienne d’«Al-Qaïda». La
plupart ont accepté de remettre leurs
armes et de cesser de combattre et
quelques-uns ont même rejoint les rangs
de l’organisation terroriste.
Le général Austin a déclaré
dans son audition qu’«au rythme actuel,
les objectifs du programme
d’entrainement ne seront pas atteints»,
précisant que le nombre de combattants
syriens pro-américains présents sur le
champ de bataille est «très réduit»
comparé au nombre total de ceux qui
participent aux batailles. «Nous parlons
de quatre ou cinq» combattants, a-t-il
dit.
La
confiance manque
Les Etats-Unis ont débloqué
un budget de 500 millions de dollars
pour entrainer en Turquie quelque 5000
combattants syriens qualifiés de
«modérés». Mais actuellement, seuls 100
à 120 opposants sont formés par des
instructeurs du Pentagone. Washington
espérait à l’origine entraîner 15000
hommes mais il s'est heurté à de grandes
difficultés de recrutement. Les
entraîneurs américains ne peuvent pas
certifier s'ils peuvent compter sur ceux
qu'ils entraînent. De plus, ils
reconnaissent qu'ils ne sont pas
capables de contrôler leurs actions une
fois qu’ils sont déployés sur le
terrain.
Le fiasco des Etats-Unis a
atteint un tel sommet que le
porte-parole du Pentagone, Peter Cook, a
récemment reconnu lors d'une conférence
de presse que Washington ignorait
l'emplacement actuel des opposants
modérés. «Nous avons des préoccupations
quant à la disponibilité de ces
personnes. Je ne suis pas en mesure de
dire avec exactitude où ils se
trouvent», a indiqué le porte-parole.
Selon M. Cook, le Pentagone «serait
préoccupé» si les insurgés ayant reçu
une formation militaire de la part des
Etats-Unis rejoignaient les groupes
terroristes opérant en Syrie.
La création d’un contingent
de combattants syriens pro-américains
constituait le deuxième volet du plan de
lutte contre «Daech», le premier étant
la campagne de bombardements aériens
menés depuis septembre 2014 par une
coalition de 60 Etats, dirigée par les
Etats-Unis. Les 6000 raids lancés par
les avions auraient fait quelque 10000
morts dans les rangs de «Daech». Un
chiffre évidemment impossible à vérifier
et qui, de toute façon, n’a pas entamé
les capacités offensives de
l’organisation terroriste, qui a
poursuivi son expansion en Syrie et en
Irak. Les seules fois où «Daech» a été
obligé de reculer c’est face à des
offensives terrestres lancées par
l’armée irakienne et les «unités de la
mobilisation populaire», qui ont repris
la totalité de la province de Diyala, la
ville de Tikrit et la région stratégique
de Jarf al-Sakhr, au Sud de Bagdad.
La
Russie impose ses options
La Russie ne cesse de
répéter que les deux seules forces
capables de vaincre «Daech» sont les
armées syriennes et irakiennes. L’ancien
ministre français de l’Intérieur, Claude
Guéant, a abondé dans le même sens, lors
d’une interview accordée jeudi à Radio
France internationale (RFI). De nombreux
spécialistes sérieux sont du même avis.
C’est dans ce contexte que
Moscou a décidé d’augmenter ses
livraisons d’armes à l’armée syrienne et
de renforcer sa présence militaire dans
ce pays. Selon diverses informations, la
Russie serait en train d’agrandir une
base aérienne dans la région de
Lattaquié et aurait déployé des chars
lourds et des systèmes de défense
anti-aérienne de type SA 22.
Cependant, le premier
vice-chef d’état-major des armées
russes, le général Nikolaï Bogdanovski,
a assuré que Moscou «ne projette pas,
pour l’instant, la construction d’une
base aérienne en Syrie». «Mais rien
n’est à exclure», a-t-il dit.
Dès l’annonce du regain
d’activité militaire russe en Syrie, les
Etats-Unis ont multiplié leurs
critiques. Mais preuve de l’incohérence
de la politique américaine, la Maison
Blanche a salué «toute contribution de
la Russie dans la lutte contre le
terrorisme». Le département d’Etat a par
ailleurs annoncé que des rencontres
entre des militaires russes et
américains vont avoir lieu prochainement
pour discuter de la situation en Syrie,
«afin d’éviter les évaluations
erronées».
Source :
French.alahednews
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