Alahed
L’offensive dans le sud syrien:
une bataille hautement stratégique
Samer Zoughaib
Photo:
D.R.
Jeudi 12 février 2015
La bataille qui se déroule
actuellement dans le sud syrien est
l’une des plus importantes depuis des
mois, vu ses implications stratégiques.
Elle vise à modifier radicalement les
rapports de forces et à mettre un terme
à la guerre par procuration que livrent
la Jordanie et «Israël» contre la Syrie
et ses alliés, via le Front al-Nosra et
d’autres groupes extrémistes.
En cinq jours seulement, l’armée
syrienne et ses alliés ont déjoué des
plans concoctés de longue date par la
Jordanie et «Israël» et dont l’exécution
a nécessité «au moins 59 réunions» entre
les «Israéliens» et des chefs
terroristes -selon les Nations unis-,
pour préparer des offensives, lancées
dès l’été dernier, avec l’appui direct
ou indirect de l’entité sioniste.
L’objectif de ces plans était d’établir
deux ceintures de sécurité, placées sous
le contrôle du Front al-Nosra et
d’autres groupes extrémistes: la
première limitrophe au Golan occupé, et
la seconde le long de la frontière
syro-jordanienne.
Après avoir repris Tall Merhi, Masyah
et Danaji il y a trois jours, puis Der
al-Adas et Kfar-Chams mardi, les troupes
syriennes et leurs alliés se sont
emparées mercredi de la localité
stratégique de Deir Maker et poursuivent
leurs avancées. Les lignes de défense du
cocktail extrémiste, conduit par al-Nosra,
se sont effondrées devant la puissance
de feu de l’armée syrienne et les
charges de l’infanterie. Des dizaines de
terroristes ont été tués, dont 20 morts
dans une embuscade près de Maker.
D’importantes quantités d’armes et de
munitions d’origine arabe et
occidentale, parfois encore dans leur
emballage, ont été saisies.
L’offensive de l’armée syrienne et de
ses alliés se déroule dans une région à
cheval entre la Ghouta occidentale de
Damas, et les provinces de Deraa
–frontalière de la Jordanie-, et de
Quneitra, limitrophe au Golan occupé.
Son objectif est de rompre la continuité
géographique entre ces trois provinces
pour empêcher le passage des combattants
extrémistes et du matériel militaire
entre elles. Elle permet aussi de mieux
sécuriser les flancs ouest et sud de la
capitale syrienne. La plupart de ces
objectifs ont été atteints ou sont en
passe de l’être. Déjà à ce stade de
l’opération, la ceinture de sécurité de
Quneitra n’est plus viable et les
extrémistes ont perdu un grand nombre de
leurs positions.
Le
Hezbollah dans la bataille
Cette offensive est d’autant plus
importante que pour la première fois
depuis le début de la guerre en Syrie,
une source militaire syrienne a confirmé
la participation du Hezbollah et de
l’Iran à la bataille. Une source
militaire syrienne citée par l’AFP a
ainsi déclaré: «L’armée syrienne et ses
alliés, dont le Hezbollah, combattent
des groupes armés dans les provinces de
Quneitra et de Deraa».
«L’Observatoire syrien des droits de
l’homme» (OSDH, basé à Londres et proche
des rebelles syriens) a quant à lui
assuré que c’est le Hezbollah qui dirige
les opérations. «Le Hezbollah a pris la
direction des opérations en compagnie de
l'armée syrienne et des forces
iraniennes dans un triangle reliant les
provinces de Deraa, Quneitra et le
sud-ouest du gouvernorat de Damas, a
expliqué le directeur de «l'OSDH», Rami
Abdel Rahmane. La ligne de front se
trouve sur la frontière avec le plateau
du Golan occupé. Le Hezbollah et les
troupes de l’armée syrienne ont lancé
une offensive pour reprendre les
territoires capturés récemment par les
rebelles et les «jihadistes». Ils ont
repris en deux jours une série de
villages et de collines», a-t-il ajouté.
«Israël»
inquiet
Devant l’ampleur de la progression de
l’armée syrienne et de ses alliés,
«Israël», n’a pas caché son inquiétude.
Ehud Yaari, chroniqueur militaire de la
deuxième chaine de télévision
israélienne, a déclaré que «l’avancée de
l’armée syrienne et des forces du
Hezbollah a créé un problème israélien
qui s’est amplifié après la prise en
tenaille des unités des groupes armés
positionnés près du Golan». Et l’expert
de poursuivre: «L’armée syrienne se
trouve confrontée à deux choix. Soit
poursuivre sa progression vers Deraa et
la frontière jordanienne, soit continuer
vers nos frontières (le Golan occupé,
ndlr). Cette éventualité suscite une
grande interrogation en Israël, surtout
en période électorale. Le gouvernement
israélien acceptera-t-il le déploiement
du Hezbollah, avec un appui de
l’artillerie syrienne, le long de la
frontière avec le Golan? Et si ce
déploiement se produit, que faire?»
Un autre analyste, Odid Granot, est plus
alarmiste. Selon lui, «il y aura un
travail conjoint de l’armée syrienne,
des Gardiens de la révolution et du
Hezbollah pour reprendre le contrôle du
plateau du Golan et démanteler ce qu’ils
appellent la zone sécuritaire édifié par
Israël».
La confirmation par une source militaire
syrienne de la participation du
Hezbollah à l’offensive du sud n’est pas
fortuite. Il s’agit d’un message adressé
aux Israéliens, qui s’inscrit dans le
prolongement des propos du leader de la
Résistance, Sayyed Hassan Nasrallah, à
la chaine al-Mayadeen, lorsqu’il a dit
que la région s’étendant de Naqoura, au
Liban-Sud, à Quneitra, en Syrie,
constitue un seul front. «Israël» avait
tenté de démentir cette équation en
attaquant un convoi de la Résistance à
Quneitra, le 18 janvier dernier, tuant
six résistants et un général iranien.
Dix jours plus tard, le Hezbollah a
reconfirmé cette équation en attaquant
une patrouille israélienne dans les
fermes de Chebaa. Après la riposte de la
Résistance, Sayyed Nasrallah avait
annoncé que le Hezbollah n’était plus
lié par les anciennes règles
d’engagement.
L’offensive dans le sud syrien est
l’expression de ces nouvelles règles
d’engagement, basées sur l’unicité du
front de Naqoura à Quneitra et le refus
de la guerre par procuration menée par
«Israël» par le biais de la branche
syrienne d’Al-Qaïda.
Source: french.alahednews
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