Les 7 du Québec
Les gilets jaunes de gauche populiste
ou de droite fasciste
Nuevo Curso
Dimanche 25 novembre 2018 Par Nuevo
Curso. Le 23,11,2018. Sur le
blogue de
Nuevo Curso. Traduit et commenté par
Robert Bibeau du
webmagazine http://www.les7duquebec.com
Un texte essentiel
pour tous les prolétaires
révolutionnaires qui cherchent la voie
dans ce soulèvement populaire spontané
que l’on nomme « Les gilets jaunes ».
Les camarades espagnoles posent
correctement le problème et font un bon
diagnostic de la situation en France,
mais comme toutes les gauches du monde
ils commettent trois erreurs
fondamentales.
1. D’abord, ils prennent la pose de
l’intellectuel assis sur la clôture qui
commente avec détachement le match
politique qui se déroule devant lui
indifférent.
2. Ensuite, les camarades nient que ce
mouvement soit partie intégrante de la
lutte de classe du prolétariat qui
cherche sa voie vers la révolution
sociale. Nuevo Curso écrit : «Un
mouvement social auquel participent les
travailleurs, même s’ils sont
majoritaires, n’est pas nécessairement
un mouvement de classe. » Du pur
léninisme-bolchevique-troisième
internationale après l’heure. Vous avez
l’intellectuel qui voyant la classe en
marche (désorganisée – désorientée –
sans mot d’ordre, il est vrai), décrète
ses «conditions» pour que la classe
obtienne son blanc-seing et puisse se
targuer d’être un «mouvement de classe
prolétarien».
3. Enfin, et conséquemment aux deux
erreurs précédentes Nuevo Curso
ne propose aucune alternative pour que –
en plein cœur de la classe en lutte –
les militants prolétariens
révolutionnaires – participants au
mouvement entourés d’autres sections de
classe révoltées – mouvement ayant de
multiples imperfections – transforment
le mouvement sous-direction réformiste
petite-bourgeoise frustrée – en
mouvement sous-direction révolutionnaire
prolétarienne.
Les gilets jaunes c’est comme l’auberge
espagnole – chacun y apporte ses
frustrations et ne comptez surtout pas
sur la gauche ou la droite bourgeoise
pour promouvoir les intérêts du
prolétariat. Mais ce mouvement est
clairement la démonstration que le grand
capital a d’énormes difficultés à
contrôler les forces économiques,
politiques et sociales du capitalisme en
crise systémique. Pourquoi ne pas en
profiter pour l’écraser? Bonne lecture.
Robert Bibeau
http://www.les7duquebec.com
Par
Nuevo Curso. 23.11.2018.
Depuis une semaine,
un mouvement spontané, «les gilets
jaunes», met en échec le
gouvernement français. Ils protestent
contre la hausse du prix du carburant et
la nouvelle taxe anti-CO2 de Macron . En
peu de temps, ils ont mobilisé plus
de 300 000 personnes sur les routes. Au
cri de « ne touchez pas à ma
voiture » – paraphrase d’un
vieux slogan antiraciste -, avec des
drapeaux nationaux et chantant la
Marseillaise, ils ont fait face à un
gouvernement qui les traitait depuis le
début comme un problème d’ordre
public et leur menait une lutte
farouche.
L’extension du
mouvement à l’ultrapériphérie française
– l’île de la Réunion,
dans l’océan Indien – menace de rouvrir
la boîte de Pandore de la
décomposition sociale des « territoires
d’outre-mer ». Aujourd’hui, Macron a
promis une « réponse implacable » et
a envoyé l’armée. Pendant ce temps, aux
frontières de l’hexagone continental,
les manifestants se tournaient parfois
vers la xénophobie, tentant de prendre
le contrôle de la frontière pour éviter
l’entrée « illégale » de migrants.
Le mouvement est né
dans les zones rurales, dans les petites
villes de province. Il a attiré ceux qui
« ne peuvent vivre sans voiture », et
pourtant ils ne parviennent pas à vivre
décemment avec leur voiture. Une masse
indifférenciée de petits-bourgeois en voie
de prolétarisation – propriétaires
agraires, commerçants, transporteurs de
banlieue, etc. – et des travailleurs des
secteurs les plus atomisés – services,
petites entreprises, autoentreprises,
etc.
Le syndicat des
transports de «Force Ouvrière»
a annoncé qu’il se joindrait aux
manifestations et, comme il est logique,
Mélenchon de «France Insoumise» et le
«Front national» de
Le Pen se font concurrence. La
base populaire, c’est-à-dire
interclassiste, le nationalisme à peine
dissimulé depuis la Réunion jusqu’à la
frontière belge, les tics localistes,
antieuropéens et même xénophobes,
s’inscrivent parfaitement dans le
terrain « citoyen » marécageux sur
lequel évoluent les deux formations. En
fait, comme Mélenchon l’a
expliqué, c’est la revendication du
concept de peuple autoorganisé qui
serait « la nouvelle France« . Mélenchon voit
une opportunité dans la distance prise
par la CGT pour promouvoir un nouveau
format de mobilisations et de
représentation politique « populiste « .
Les «gilets
jaunes» sont une petite bourgeoisie et
des travailleurs atomisés et précaires
qui «ne peuvent pas vivre sans la
voiture», et qu’une hausse du prix de
l’essence met en faillite.
UN MOUVEMENT
« POPULISTE »? ou FASCISTE?
Manifestation des «gilets
jaunes». Dans les slogans sont
définis comme « la France en colère« .
Un mouvement social auquel
participent les travailleurs, même s’ils
sont majoritaires, n’est pas
nécessairement un mouvement de classe. C’est
le terrain politique sur lequel il
affirme – son but, celui d’où et où ses
revendications sont orientées – ce qu’il
définit. Du point de vue des
travailleurs, les « gilets jaunes » sont
la mesure d’une faiblesse. Non
seulement parce qu’ils sont placés sous
les demandes et les approches de la
petite bourgeoisie qui ne vont nulle
part, non seulement parce qu’ils
commencent tout juste à affirmer une
volonté d’exclusion typique de cette
classe en déclin … mais parce qu’elle se
concentre sur ce qui définit une
certaine précarité dépendent en
particulier de la voiture pour aller au
travail, tout en niant l’exploitation
générale. Ce n’est pas que personne ne
pense que si le salaire n’arrive pas, il
faut peut-être se battre pour
l’augmenter, c’est qu’après l’expérience
des dernières grèves de secteurs
beaucoup plus puissants, loin de
questionner les dirigeants syndicaux,
ils abandonnent et préfèrent représenter
leurs besoins sous la bannière du « privilège
national« .
Ce que Mélenchon
voit avec succès, c’est la possibilité
de changer la gauche – c’est-à-dire
la gauche de l’appareil politique du
capital national – devant un prolétariat
démoralisé. Cette « nouvelle
gauche » n’a rien de nouveau en réalité,
c’est un mélange de revendicateur
bourgeois, d’indignation
petite-bourgeoise et de nationalisme « nationalisateur ». À
une époque, dans un contexte qui lui
confiait différentes tâches immédiates,
il s’appelait lui-même « fascisme« . Aujourd’hui,
ils l’appellent « populisme».
Mais encore une
fois, il est évident que, comme le
fascisme, il n’émerge pas parce que la
gauche est affaiblie, mais que le
fascisme est la forme que prend la
gauche petite-bourgeoise lorsque
le prolétariat s’affaiblit politiquement
et ses secteurs les plus faibles
deviennent de la chair à canon
patriotique. Le fascisme est la petite
bourgeoisie radicalisée qui recrute et
offre une place « révolutionnaire » sous
le soleil du capital national. C’est
sous mille formes et saveurs, l’outil
nécessaire dans le capitalisme d’État
pour vaincre les travailleurs et
satisfaire les besoins d’un capital
suffoqué.
Reçu de Robert Bibeau pour
publication
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