Les 7 du Québec
Le centre des tensions mondiales se
déplace.
Brexit – Route de la soie –
vendetta italienne
– guerre commerciale
Nuevo Curso
Mercredi 21 novembre 2018
Par Nuevo
Curso. Le 14.11.2018, traduit et
commenté par Robert Bibeau
pour le webmagazine
http://www.les7dquebec.com L’offensive
franco-allemande sur le théâtre européen
«Tout semblait
avoir été réglé en mars dernier pour une
grande offensive franco-allemande sur le
front européen. Mais la révolte
multiforme de la petite bourgeoisie
allemande et de la rébellion budgétaire
italienne – en plus de la guerre
commerciale avec les États-Unis ont
sérieusement mis en doute la capacité de
l’Allemagne à diriger un clan
capitaliste européen «indépendant». On
peut constater que l’impérialisme
allemand est en détresse depuis mars
dernier: révolte de la petite
bourgeoisie interne, indiscipline de
l’Italie, de l’Autriche et de Visegrad
contre l’UE et guerre commerciale avec
les États-Unis.» Comment comprendre
cette rixe entre seigneur et
censitaires? NDLR.
L’horreur
d’aujourd’hui commémore l’horreur d’il y
a un siècle
«Le « Forum
de la paix » (sic) du weekend 11
novembre 2018, qui appelle à la fin du
« multilatéralisme« , semblait
présager un effondrement politique de
l’axe franco-allemand et de celui de
l’UE frappée à trois reprises par les
États-Unis. Comme nous l’expliquions
récemment les États-Unis ex-hégémoniques
préparent leur repli ordonné vers leur
chasse gardée américaine – où ils
procèdent à de grands remaniements –
fouettant leurs vassaux comme le Brésil,
la Colombie, le Canada et le Mexique et
agressant les récalcitrants comme le
Venezuela, Cuba, Nicaragua, Bolivie,
Argentine. NDLR (1)
Est pris qui
croyait prendre
Nuevo Curso
constate que : «Les tarifs
américains ont paradoxalement augmenté,
les ventes chinoises aux États-Unis.»
Aucun paradoxe en cela, les banquiers
avaient anticipé cette réaction
mécanique. Quand l’État augmente les
taxes douanières sur un produit qu’il ne
produit pas, le fournisseur étranger en
est quitte pour vendre à prix haussier –
les consommateurs locaux paieront
davantage pour cette marchandise ou s’en
passeront ce qui est souvent impossible
(exemples de l’acier et de l’aluminium).
L’État taxeur encaisse les bénéfices des
tarifs douaniers haussiers qu’il verse
aux grandes corporations, négligeant les
PME et le petit peuple, ce qui explique
la grogne petite-bourgeoise qui
s’installe dans les États
protectionnistes. La bourgeoisie
moyenne américaine est étouffée par les
manufacturiers de la côte Est et Ouest;
et elle est asphyxiée par les
pétroliers, les «chimicals» et les
agroalimentaires du «Middle West».
Donald Trump n’a pas inventé
cette loi de l’économie politique
capitaliste, il ne fait que l’appliquer,
ce qu’Obama n’a pas eu le courage de
faire craignant la grogne populaire.
NDLR. (2)
Made in
China-USA
«Les Américains
achètent les produits chinois dont ils
dépendent le plus (composants
électroniques, intelligence
artificielle…). Non seulement les
entreprises chinoises dégagent des
liquidités supplémentaires pour financer
l’assaut vers de nouveaux marchés, ils
vendent même à prix ‘casser’, tandis que
le gouvernement chinois aide à dévaluer
le Rimimbi, déclenchant ainsi une
véritable guerre monétaire. Mais qui
encaisse le coup fourré? C’est l’Europe,
qui voit son marché « inondé » de
produits chinois à prix réduit. Chaque
attaque tarifaire américaine contre la
Chine entraine l’assaut du marché
européen, de produits de plus en plus
compétitifs grâce à la guerre des
devises.»
Ce qui démontre
bien que contrairement aux fadaises des
experts ce n’est pas l’Amérique qui est
en mode offensif, mais l’Empire du
Milieu qui est contrainte de
contrattaquer offensivement à chaque
coup réactionnaire porté par
l’Empire en déclin. L’Europe est
l’enjeu au beau milieu du jeu. L’Europe
ripostera ou elle sera absorbée par le
nouveau dragon venu de l’Est via «Les
nouvelles routes de la soie».
C’est la riposte européenne que le
tandem Merkel-Macron tente
de structurer au nom de leur classe
sociale à la fois contre l’axe
Moscou-Pékin venant de l’Est, et
contre l’axe Washington-OTAN
venant de l’Ouest. Il semble bien
qu’avec la victoire européenne sur le
Royaume du Brexit un coup sévère ait été
porté aux ambitions américaines en
Europe. NDLR.
«Quand les
États-Unis disent qu’ils vont abandonner
le traité avec la Russie qui visaient à
éliminer les missiles nucléaires à
moyenne portée, la cible visée c’est
l’Europe… parce que les représailles
promises par la Russie forceraient
l’Union à défrayer une nouvelle course
américaine à la bombe létale, ou être
menacée par la Russie sans possibilité
de défense … ou encore, développer
le militarisme paneuropéen à une
nouvelle échelle» Notons ici que
Nuevo Curso se laisse berner
par la propagande du Pentagone. La
Russie ne menace pas l’Europe. La Russie
riposte aux agressions de l’OTAN via les
pays baltes – l’Ukraine – en Biélorussie
– en Géorgie et dans le Caucase – en
Serbie et dans les Balkans – en Syrie et
au Moyen-Orient – au Yémen – au Soudan –
en Iran et partout où la nouvelle
alliance Pékin-Moscou s’empare des
marchés; agressions dans lesquelles
l’Union européenne est entrainée par les
USA qui sont seuls à en tirer profit.
La création d’une armée européenne –
ou le «militarisme paneuropéen à une
nouvelle échelle» vise à libérer
l’Europe de la suzeraineté américaine et
non pas à la protéger de la petite
économie Russe chétive et de ses sources
d’énergie à bas prix que convoitent les
Yankees, l’Allemagne et la Chine.
NDLR «Lorsque les États-Unis se
plaignent des « maigres » dépenses
militaires de l’Europe et les poussent à
accroitre leurs contributions à l’OTAN,
ils savent que c’est ce qui enchainera
leurs alliés encore davantage. L’Europe
n’a pas la capacité de développer à la
fois sa propre armée et d’augmenter sa
contribution à l’OTAN en même temps.
Ainsi, Macron a immédiatement
contrattaqué en prenant l’offensive et
en refusant de « payer sa part de
l’OTAN ».
C’est au centre
de cet imbroglio que Merkel s’est
déclarée au Parlement européen «Hier
était une date très symbolique pour la
comparution de Merkel devant le
Parlement européen. Entre autres choses,
le délai imparti à la Commission pour
modifier ses budgets par l’Italie était
sur le point de se terminer et un projet
« technique » avait finalement été
convenu avec les Britanniques pour le
Brexit, comprenant une date de
retrait déjà annoncée, Merkel est moins
contestée que jamais. Non seulement elle
a donné de la stabilité à la grande
coalition, mais, à un moment donné, elle
s’est même affranchie de son propre
parti, plongé dans la bataille pour sa
succession. Le programme présenté en un
peu plus de vingt minutes nous ramène au
point de départ en mars dernier, mais
cette fois-ci, avec une décision
apparente. « Nous devrions travailler
à créer une véritable armée européenne. »
L’utilisation du conditionnel et le
manque de définition du temps sont
significatifs dans la mesure où ils
révèlent les difficultés d’un
retournement radical de la politique
allemande … et la volonté de ne pas
accepter la subordination à l’OTAN au
point de s’en débarrasser « un jour ».» «La
question est de savoir comment on taxe
numériquement». C’est-à-dire que
l’Allemagne soutiendra l’offensive
française contre Google, Amazon et les
géants américano-européens de l’Internet
en tant que première victime des menaces
américaines dans la guerre commerciale.
Merkel a donné corps à la
perspective d’une armée européenne,
c’est-à-dire à la construction d’une
indépendance stratégique vis-à-vis des
États-Unis, et à l’offensive
européenne contre les géants numériques
américains.» Cet engagement
allemand ne doit pas être pris à la
légère car il indique que les
préparatifs de guerre sont en cours sur
trois fronts parallèles : A) sur le
front financier – boursier et monétaire.
B) Sur le front commercial qui repose
sur le front précédent. C) Enfin, sur le
front diplomatique et militaire, 3e
front qui repose sur les deux
précédents. Notez que le front politique
n’est pas un front décisif dans la
mesure où il reflète tous ces fronts
comme la chancelière l’a déclamé dans
son discours sur «l’état de
l’Union…européenne». NDLR Opérette à
l’italienne : Di Maio-Salvini présente
la «Redito de Citadinanza»
Angela entonna :
«Tous les problèmes en Europe ne sont
pas un problème pour l’Europe bien que
« notre monnaie commune ne puisse
fonctionner que si chaque membre assume
ses responsabilités avec des finances
viables chez lui« . Tout le
monde sait que l’agonie du Brexit
– a plus blessé la Grande-Bretagne
que l’UE. (3) Les capitales
nationales qui tentent de faire chanter
l’euro – à l’instar de l’Italie – n’ont
aucune option même pas celle de sortir
de la prison monétaire commune. Ils
pourront se rebeller et jouer avec les
dixièmes, mais s’ils en venaient à
remettre en question les piliers de
l’architecture allemande du système, ils
se suicideraient ce que le
Royaume-Uni, qui votera un simulacre de
Brexit comme nous l’avions prédit, a
fini par comprendre, ne lui reste à
décider de quelle façon les Britanniques
rentreront dans le rang… allemand. NDLR.
Le marché
européen et l’euro, bases de la
puissance allemande et des mécanismes
automatiques et extractifs du système,
ont déjà fusionné les intérêts de toutes
les bourgeoisies nationales européennes
dans le fondamental: il n’y a pas
d’issue possible, ni l’UE ni l’euro ne
sont remis en cause dans cette victoire
allemande. (4)
Angela était en
verve ce jour-là. Sur le continent de
l’intolérance et de la guerre
perpétuelle, Merkel a déclaré : « La
tolérance est l’âme de l’Europe et, par
conséquent, une valeur fondamentale
indispensable de l’UE. » En d’autres
termes, la Pologne et la Hongrie ne
sortiront pas indemnes de leurs réformes
constitutionnelles simplement parce que
la procédure européenne s’est révélée
impuissante. L’Allemagne fera sa part
pour discipliner Visegrad. C’est une
menace sérieuse. Comme nous l’avons vu
en Slovaquie, l’Allemagne sait également
utiliser et promouvoir les dissensions
internes parmi ses rivaux. « L’âme de
l’Europe était tendue » et « l’Allemagne
ne s’est pas toujours comportée de
manière irréprochable ». Mea culpa pour
l’unilatéralisme – en particulier dans
l’accueil des réfugiés – qui compense
par une référence explicite à l’ennemi
commun: les États-Unis. Les États-Unis
apparaissent de plus en plus comme
l’ennemi commun. Pour la Pologne
et la Hongrie, la discipline est
réservée, pour l‘Italie «la
responsabilité» … et la «solidarité»
Merkel et Macron ont annoncé le 2 mars
qu’elles retarderaient la présentation
de leur plan de réforme de l’euro … pour
revenir au calendrier initial quelques
jours plus tard et enfin le parquer.»
«La solidarité fait partie de l’ADN
européen». Mais Merkel semble avoir
découvert que la « solution grecque »
n’est pas contreproductive si elle
constitue la seule alternative pour les
bourgeoisies nationalistes les plus
faibles. Cependant, le grand capital
allemand ne peut fonder toute sa
stratégie sur ses capacités
autoritaires, mais développer des
mécanismes de redistribution entre les
États, du thème des réfugiés aux
politiques sociales.
Mais les recettes
de l’État providence pour les riches ont
donné ce qu’elles pouvaient livrer. Le
temps n’est plus à la charité pour les
travailleurs pauvres, même plus pour les
lumpens. Le temps est à faire payer les
prolétarisés – précarisés – paupérisés.
Les soulèvements spontanés comme celui
du 17 novembre en France en font foi.
NDLR. (5)
«D’ici décembre,
nous apporterons des résultats
visibles». L’Allemagne semble vouloir
faire de son alliance avec la France et
de son hégémonie européenne la base d’un
bloc antiaméricain. Et cela signifie
dans l’Europe « fédératrice » interne:
créer un budget – des dépenses publiques
– pour les pays de la zone euro ayant un
volume suffisant pour compenser une
partie des inégalités régionales; une
union bancaire permettant d’atténuer
l’effondrement financier prédit déjà par
la BCE et une assurance-dépôts
commune. C’est le programme Macron.
L’Allemagne semble vouloir faire de son
alliance avec la France et de son
hégémonie européenne la base d’un
bloc antiaméricain. Et cela signifie
dans l’Europe «confédérale» en cours de
«fédéralisation».
«Angela
Merkel a remis le prix
Charlemagne à Emmanuel Macron,
entouré de la symbolique impériale
« européaniste » il est encore trop tôt
pour savoir si l’Allemagne a la capacité
de réorganiser politiquement l’UE et de
la transformer, d’ici la fin du mandat
de Merkel, sur la base d’un bloc
antiaméricain. Ce qui a été démontré le
14 novembre 2018 marque néanmoins une
volonté qui, jusqu’à présent, n’avait
jamais été exprimée avec autant de
force: affirmer un impérialisme
« européen » fondé sur les intérêts
communs franco-allemands. La
capitale allemande a accepté, après les
élections américaines, que Trump soit la
« nouvelle norme » des États-Unis et que
la perspective mondiale, comme l’avait
déjà prévenu Merkel, était la création
des conditions d’une généralisation de
la guerre. La tentative d’affirmer un
impérialisme « européen » fondé sur les
intérêts communs franco-allemands est
indissociable de la perspective d’un
développement généralisé de la guerre.»
Le webmagazine
www.les7duquebec.com endosse ces
conclusions tragiques de Nuevo Curso
et nous demandons à la classe
prolétarienne internationale –
serons-nous encore une fois la chair à
canon de ce carnage?
NOTES
- L’affaire
Khashoggi un catalyseur
du remodelage du Moyen-Orient. La
faillite des complotistes http://www.les7duquebec.com/7-au-front/laffaire-khashoggi-le-catalyseur-du-remodelage-du-petit-moyen-orient/
-
http://www.les7duquebec.com/7-de-garde-2/les-chinois-gagnants-de-larmistice-commercial-avec-trump/
-
https://francais.rt.com/international/55427-crise-politique-royaume-uni-theresa-may-apres-accord-brexit-continu
-
http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs-invites/le-brexit-naura-jamais-lieu/
- Le 17 novembre
2018 en France
http://www.les7duquebec.com/7-de-garde-2/le-17-novembre-2018-on-a-raison-de-se-revolter/
Reçu de Robert Bibeau pour
publication
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