Les 7 du Québec
Minneapolis, l’amorce de la résistance
populaire
au confinement meurtrier
Robert Bibeau
Mercredi 3 juin 2020
Prenons quelques
instants pour observer à partir d’un
exemple concret la manière dont le grand
capital, via ses médias et avec la
complicité de la petite bourgeoisie,
essaie de transformer une lutte de
résistance populaire en une guerre
réactionnaire interraciale. Il est faux de
prétendre que le meurtre de citoyens
noirs ou blancs soit une « bavure » d’un
policier trop zélé, inexpérimenté ou
terrorisé. Ce n’est pas la population
américaine qui terrorise la police,
c’est la police des riches qui terrorise
la population américaine pauvre de
toutes races, de toutes couleurs et de
toutes origines ethniques… cette réalité
Obama, les Démocrates et
la bourgeoisie noir Américaine
voudraient la masquer. Trump
quant à lui assume franchement ses
pulsions réactionnaires, ce que « Sleepy
» Joe lui reproche.
Chaque année,
plus de 500 citoyens américains sont
tués par la police étasunienne et le
carnage se poursuit depuis des
décennies, avec l’approbation implicite,
sinon la recommandation explicite des
autorités américaines, sous le règne de
Clinton, d’Obama, de Bush et de Trump.
Aux États-Unis, outre la peine de mort
judiciaire, l’État pratique également
la peine de mort extrajudiciaire
préventive ou répressive, tout comme
l’armée américaine à l’étranger la
pratique sur les différents fronts de
ses « engagements ». Kadhafi et Ben
Laden ont été deux victimes
célèbres, comme d’autres, moins connues.
À l’époque de la présidence Obama, tous
les mardis dans le bureau ovale des
individus de différentes races,
couleurs, et origines ethniques étaient
condamnés à mort, sans jugement par le
chef militaire de la Maison Blanche,
lauréat du prix Nobel de la paix! Une
fois le décret de mort signé les drones
du Pentagone effectuaient le boulot du
policier Chauvin.
Cette politique de
répression policière contre le
prolétariat noir, mais aussi contre les
salariés blancs et les latinos, contre
les sans-abri, contre les Amérindiens,
contre les esclaves asiatiques des « sweats
shops » et contre les immigrants
clandestins, frappe tout le monde du
travail sans discrimination raciale.
Cette répression ne vise pas une race,
un groupe ethnique ou une minorité en
particulier. Elle vise la classe sociale
prolétarienne, les sans-abri et depuis
la pandémie de coronavirus et le
confinement meurtrier elle vise aussi la
petite bourgeoisie paupérisée. Cette
politique répressive donne une leçon aux
populations locales terrorisées non pas
par les salariés en colère, mais par les
policiers. Le message sous-jacent à
ces meurtres policiers filmés est le
suivant: «Citoyens de la misère,
prolétaires en colère, ne résister pas à
vos conditions de vie et de travail
misérables, sinon nous vous tuerons et
nous écraserons votre résistance, comme
chacun peut le voir sur ces vidéos
diffusées sur les réseaux sociaux».
Voilà pourquoi à Minneapolis
le 25 mai dernier aucun des policiers
impliqués n’a daigné s’occuper des
nombreux témoins qui filmaient
l’assassinat en direct. La diffusion des
scènes de répression fait partie du
stratagème terroriste de la police des
riches.
En bref, le meurtre
d’un SDF par la police de Minneapolis en
2016 – et la reprise d’un «spectacle»
semblable en 2020 font partie d’un plan
d’État terroriste qui vise à effrayer le
peuple américain quelle que soit la race
ou la couleur des personnes assassinées.
Comme nous l’avons toujours écrit, le
prolétariat américain est le plus
évolué, et le plus avancé. Il vit
sous la dictature capitaliste la plus
dégénérée, la plus dépravée, la plus
désespérée et la plus terroriste parce
que la plus effrayée et la plus
consciente de sa déchéance.
La situation
économique de l’impérialisme américain
est catastrophique ce qui oblige le
capital yankee à accroître la pression
sur le prolétariat au-delà de
l’imagination, et cela simplement pour
rester à flot, la tête hors de l’eau,
face à la crise et à la guerre que le
capital étasunien a entreprise contre
ses concurrents.
Ce que les
capitalistes américains ont appris, en
2014 à Ferguson et à Dallas (5 morts et
7 policiers blessés), à Minneapolis en
2016 puis à nouveau en 2020 c’est que le
prolétariat américain est armé et
dangereux et que s’il ne se laisse
pas désorientés par les fadaises
racistes que propagent les médias à la
solde et la petite bourgeoisie, alors le
grand capital pourrait être en danger
face à la montée de la résistance
populaire. Ce ne sont pas les noirs qui
sont visés par les meurtres des
policiers blancs, latinos, noirs ou
amérindiens, ce sont les combattants qui
résistent à l’État des riches. Mais
attention, le prolétariat n’est ni
terroriste, ni anarchique, ni
individualiste et il devrait répondre en
tant que classe consciente et solidaire
aux provocations du capital.
À Minneapolis, pour
ce nième assassinat d’un citoyen par la
police chacun a le choix de dénoncer un
policier blanc raciste qui a tué un
homme noir pacifique. Ou encore, de
dénoncer la police fasciste au service
de l’État des riches, qui assaille des
travailleurs sans argent résistant au
confinement meurtrier qui a jeté 34
millions de leurs semblables au chômage
et dans la pauvreté. L’ensemble de la
classe politique occidentale, les médias
à leur solde et les petits bourgeois de
service privilégient la première
version… devinez pourquoi? Le
prolétariat de toute race, couleur ou
origine ethnique défend la seconde
version correspondant à son expérience
de vie.
Nous sommes
opprimés par la crise économique que la
pandémie a approfondie et que le
confinement meurtrier a accélérée. La
révolte populaire qui ébranle l’Amérique
constitue le premier mouvement de
résistance à l’État des riches pour nous
avoir imposé ce confinement meurtrier.
Reçu de Robert Bibeau pour
publication
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