MADANIYA
Alain Juppé : Le condottieri de Syrie
face à
son handicap dirimant, Sergueï Lavrov
René Naba
Lundi 28 novembre 2016
Prologue: La chute
finale
Et de deux…..
Paris –
La vox populi de droite a plébiscité
François Fillon, le moins impliqué dans
la corruption publique d’une classe
politico médiatique gangrenée par la
prévarication, le moins impliqué dans le
saccage du Monde arabe au seuil du XXI
me siècle, mettant fin à une séquence
calamiteuse pour le gaullisme et la
France.
Le jeu
de massacre de la primaire de droite aux
présidentielles 2017 a fait ainsi place
nette, projetant vers l’au delà
politique deux avatars du gaullisme,
deux des principaux responsables des
guerres de prédation économique du Monde
arabe sous couvert de la séquence dite
du «printemps arabe», le philo sioniste
Nicolas Sarkozy (Libye, Syrie) et le néo
atlantiste Alain Juppé (Syrie), deux
pays sans endettement, pourvu de
ressources énergétiques.
Si les
problèmes domestiques ont dominé le
débat pré-électoral, la diplomatie ne
s’en est pas moins imposé, d’une manière
insidieuse, par le biais des questions
de sécurité, d’immigration et de
terrorisme, autant de thèmes qui ont
pris une ampleur inégalée du fait de la
politique erratique menée par la France
dans ses deux composantes
crypto-gaullistes et post socialistes,
posant de manière subliminale la
responsabilité dans ce désastre des deux
partis dominants de la vie publique
française.
Les
frétillements de la blogosphère lors du
premier tour des primaires, le 20
novembre 2016, notamment au sein de la
communauté arabe originaire du Moyen
orient, de même que les gazouillis
répétitifs incitant à un vote en faveur
de François Fillon avaient constitué une
première indication de la tendance à
infliger,à l’encontre de ces démiurges,
un vote sanction de la part de ce groupe
ultra minoritaire, certes, mais relevant
de la majorité silencieuse et nullement
amnésique des turpitudes des parangons
de la vertu républicaine. Son ultime
combat pour «un mandat pour agir» aura
débouché sur sa chute finale.
Si ce
mouvement de dégagement d’une équipe en
faillite se prolongeait chez les
socialistes pour atteindre François
Hollande, la déflagration fera date dans
les annales de la politique nationale
française. Le jackpot absolu assuré.
2 -Le condottieri de
Syrie
Les
sentiers de la gloire et de la renommée
promis à ce surdoué déboucheront sur un
épouvantable chemin de croix. A
l’épreuve des faits, «le meilleur
d’entre nous» se révélera un piètre
compétiteur sur le plan électoral, un
piètre gestionnaire de la diplomatie
française, comme auparavant un piètre
gestionnaire du patrimoine français.
Par
trois fois désavoué par le peuple, de
surcroît lourdement sanctionné
moralement par la justice de son pays
pour «avoir trahi la confiance du peuple
souverain»; accablante sentence dont
l’écho se perpétue encore de nos jours
dans les prétoires de la République
comme la marque infamante d’une
stigmatisation morale ad vitam.
Responsable de la plus dure grève de
l’histoire sociale de France (1995), le
septuagénaire est un vieux pensionnaire
du marigot politique, non un perdreau de
l’année. Ni un enfant de choeur encore
moins un archange de la paix. Un
belliciste atrabilaire plutôt: Le
parachutage de bi-nationaux franco
syriens à la tête d’une opposition off
shore syrienne, -le fameux tandem de
sinistre mémoire Bourhane Ghalioune-Basma
Kodmani-, noyautée par les Frères
Musulmans, c’est lui; La fermeture de
l’Ambassade de France à Damas, c’est
encore lui; La désatreuse bataille de
Bab Amro, toujours lui, un fait du
prince juppéien par excellence, l’homme
de «l’identité heureuse».
3 – Un engouement
syrien compensatoire d’un dépit libyen
Son
engouement pour la Syrie aura été à la
mesure de son dépit de la Libye. A la
mesure de sa détestation de la gestion
libyenne du tandem Nicolas
Sarkozy-Bernard Henry Lévy. La Syrie,
son obsession, dont il voulait en faire
son tremplin, son rebond, son bâton de
maréchal vers une nouvelle destinée
présidentielle, s’est soustraite à lui,
refusant d’être la proie de ses
ambitions. Son Austerlitz, fée carabosse
maléfique, un Waterloo. Ah la morne
plaine en ligne d’horizon de la
Berezina.
«Juppé…
On se souvient de la façon dont il s’est
conduit au moment de la Bosnie, puis du
Rwanda, il sera forcément contre cette
histoire libyenne. Il ne serait pas
Juppé s’il n’était pas contre. Si je
peux me permettre un conseil: tout faire
depuis ici, à travers la cellule
diplomatique, et ne rien dire à personne
-garder le secret, même pour Juppé»,
chuchotera l’intrigant BHL à l’oreille
complaisante de Nicolas Sarkozy, ravi de
jouer un mauvais tour au meilleur des
compagnons des chiraquiens et
sarkozystes réunis (1).
Embarqué
volontaire à bord du Titanic en sauveur
du naufrageur le crypto gaulliste
Sarkozy, au lendemain de la calamiteuse
prestation de la diplomatie française
lors du printemps arabe de l’hiver 2011,
Alain Juppé subira de plein fouet
l’affront des deux larrons, deux
semaines après sa nomination.
Au point
que des journalistes se poseront
publiquement la question de savoir si
Alain Juppé «le vrai, le fort, le
tatoué, celui qui rassemble les
diplomates égarés ou indignés» n’a pas
été «remanié par BHL» (2), floué par
Sarkozy, par la réception à l’Élysée
d’une délégation de rebelles libyens, en
compagnie du roman-enquêteur, mais à
l’insu du nouveau ministre des Affaires
étrangères.
Ah le
camouflet. Juppé écumant de rage à sa
sortie d’une conférence ministérielle
européenne à Bruxelles, la colère
rentrée, la mâchoire crispée, le mépris
incrusté sur un rictus figé, les jurons
contenus face aux caméras du monde
entier. Sublime spectacle de stoïcisme
face à cet invraisemblable coup de
Jarnac. La marque d’une ingratitude
suprême.
Sur les
malheurs du peuple libyen, Nicolas
Sarkozy avait en effet décidé de sceller
sa réconciliation avec le philosophe du
botulisme, afin de purger un contentieux
souterrain para matrimonial, à la faveur
d’un indécent ballet diplomatique,
couvrant de ridicule la France, en
contournant, le post gaulliste Alain
Juppé, supposé restaurer le prestige
terni de la diplomatique française.
Mais cela, Juppé ne pouvait le savoir.
Il en paiera le prix en termes de
marginalisation dans l’affaire libyenne.
4- Juppé, un
métronome de ses propres revers.
L’implication d’un des chefs de file de
la stratégie médiatique
israélo-américaine sur le théâtre
européen aura été fatale à la révolution
libyenne, qui dérivera vers l’islamisme
par défiance anti occidentale, de même
que l’instrumentalisation de citoyens
français d’origine syrienne à la tête de
l’opposition syrienne -le fait du prince
Juppé par excellence- dénaturera le
combat libératoire des Syriens, le
déviant vers un bourbier inextricable.
Bel exploit que de mésestimer le
nationalisme chatouilleux des Syriens,
nourri d’une forte suspicion à l’égard
de l’ancien pouvoir colonial, artisan du
démembrement de leur pays.
Faute
psychologique impardonnable, elle
conduira le chef de la branche syrienne
de la confrérie des Frères Musulmans à
réclamer la démission de la porte-parole
française de l’opposition, Basma Kodmani,
à la carrière exclusivement académique,
structurellement ombiliquée aux
administrations du camp atlantiste,
l’IFRI d’abord, le fortin atlantiste de
la diplomatie française, la Ford
Foundation ensuite, l’Arab Reforme
Initiative, de surcroît sans passé
oppositionnel, sans tradition de lutte
sur le terrain (3).
Au terme
d’un an de prestation chaotique des
supplétifs syriens de l’administration
française, elle suscitera, en réaction,
la mise sur pied, hors de l‘orbite
française, dans le giron saoudien, d’une
nouvelle entité de substitution à la
structure poussive, provoquant la
démission du chef nominal de
l’opposition Bourhane Ghalioune, dans la
foulée de la prise de fonction du
socialiste François Hollande.
Faute
psychologique impardonnable en ce que la
nouvelle campagne française de Syrie, en
tandem avec le Qatar, a voulu ignorer la
moitié de la planète, la Chine et la
Russie, disposant d’un double veto au
Conseil de sécurité, l’Inde et l’Afrique
du sud, les nouvelles autorités morales
de du XXI me siècle, le Brésil, la
puissance montante de la sphère
latino-américaine, le BRICS, trois
milliards de personnes, soit la moitié
de l’humanité.
Au point que se pose la question de
l‘utilité des centres de recherches sur
le monde arabe financés à grand frais
par les contribuables français,
qu’induit cette succession de bourdes,
en Tunisie, en Égypte, en Libye, enfin
en Syrie (4). Pour un surdoué, cela fait
tâche.
Erreur
fatale, tant pour le bilan diplomatique
de la mandature présidentielle de
Nicolas Sarkozy que pour l’ancien
prodige gaulliste.
Métronome de ses propres revers, Juppé
mutera au fur et à mesure de l’évolution
du conflit syrien, par proximité
électorale française, vers une posture
philo sioniste, concédant à Israël le
droit de modifier unilatéralement ses
frontières, au mépris des principes du
Droit international.
Erreur
fatale, le choix de ses compagnons
d’aventure: le premier, son mentor,
Jacques Chirac lui vaudra le déshonneur
d’une condamnation judiciaire, par
substitution, pour emplois fictifs; le
second, Nicolas Sarkozy, le déshonneur
du ridicule, par l’usurpation du parti
dont il a été pourtant le fondateur. On
ne se méfie jamais assez de ses amis de
trente ans.
5 – L’homme qui a
«trahi la confiance du peuple souverain»
Les
avatars de Daewoo ou le bradage d’un
joyau industriel pour un franc
symbolique
«Le meilleur d’entre nous» est un piètre
gestionnaire, c’est à tout le moins
ainsi qu’il apparaîtra pour l’éternité.
Pour l’homme du «Franc symbolique».
Au-delà
de ses qualités, immenses, Alain Juppé
passera à la postérité pour l’homme qui
aura voulu brader, pour un franc
symbolique, une entreprise stratégique
«Thomson» et qui s’est délesté au profit
d’intérêts privés de la plus importante
compagnie maritime navale, la Compagnie
générale maritime (CMA-CGM), d’un pays,
la France, qui dispose d’un domaine
maritime international parmi les plus
importants du monde.
A moins
que ce technocrate habile, fin
connaisseur des arcanes administratifs,
présumant toutefois de ses capacités,
n’ait voulu tirer argument du formalisme
bureaucratique de Bruxelles, les fameux
«critères de convergence» de Maastricht,
pour opérer la plus grande opération de
délocalisation du financement occulte du
RPR, le parti budgétivore chiraquien,
dont il a été le responsable des
finances à la Marie de Paris.
Sauf à
considérer ces deux opérations comme une
gratification du pouvoir chiraquien à
des bailleurs de fonds électoraux,
l’empressement de M. Juppé à lester son
pays des joyaux de son économie n’a
jamais trouvé explication convaincante.
Droit
dans des bottes, comme il se plaît à se
décrire, une raideur que confère une
certitude suffisante, Alain Juppé, alors
Premier ministre, passant outre aux
conseils de prudence de son entourage,
affiche, en 1996, au sortir d’un
semestre social houleux, son intention
de vendre au groupe Daewoo l’entreprise
publique Thomson Multimédia,
officiellement «très endettée», contre 1
franc symbolique après sa
recapitalisation par l’État, à hauteur
de 11 milliards de francs.
Curieux
procédé qui consiste à doter en capital
public une entreprise vouée à être cédée
à des intérêts privés, qui plus est un
groupe hors de la sphère francophone.
M. Juppé
se justifiera en invoquant le motif de
la «maîtrise des comptes publics», en
conformité avec les critères de
Maastricht, notamment le pacte de
stabilité et de croissance. Le plan, il
est vrai, avait facilité la
qualification de la France pour l’euro,
à la suite du passage du déficit public
de 5,5 % du PIB en 1995 à 3,0 % en 1997
Mais le
fait que le procédé ait été repris, avec
les mêmes arguments, pour la cession de
la Compagnie Générale Maritime, que de
surcroît les deux bénéficiaires aient
été des entrepreneurs proches du pouvoir
chiraquien, que les entreprises en voie
de cession, enfin, aient été des
entreprises stratégiques viables, ont
suscité des interrogations sur les
motivations profondes de M. Juppé et de
son mentor Jacques Chirac.
Thomson
CSF survivra, en effet, à son potentiel
repreneur, sinistré par une faillite
frauduleuse, devenant même un groupe
industriel français stratégique,
s’articulant sur trois pôles: défense,
aéronautique et sécurité. Le groupe
français était donc, en termes
économiques, un groupe viable. En tout
cas infiniment plus viable que le
repreneur Daewoo.
L’ancien
patron Kim Woo-Choong, décoré par Alain
Juppé, a été, lui, condamné par la
justice sud-coréenne, le 30 mai 2000, à
dix ans de prison pour fraude et
détournement de fonds en liaison avec
cette faillite retentissante.
En France, en dépit de nombreux
avantages financiers dont il
bénéficiera, de l’ordre de 46 millions
d’euro depuis 1986, le groupe quittera
la Lorraine en licenciant tout son
personnel, soit 1200 salariés de trois
sites français. Beau retour sur
investissement pour les finances
publiques françaises.
6 – La Compagnie
Générale Maritime, une ténébreuse
affaire.
Quant à
la Compagnie générale maritime, son
histoire est moins linéaire: La CGM est
à proprement parler une affaire de
famille, tant par sa conception que par
son exploitation qui mutera pour devenir
une ténébreuse affaire dans le plein
sens du terme. Première entreprise de
navigation maritime en France, elle a
été cédée à la firme libanaise Rodolphe
Saadé et Frères pour 20 millions de FF
après sa recapitalisation par l’état
français pour un montant de 1,1
milliards de FF, soit un différentiel de
1,080 milliards de FF, record
difficilement égalable dans les annales
de la jonglerie de la finance
internationale
La
transaction qui s’apparentait à un
bradage en tout point comparable à un
autre avatar financier français, -le
projet de cession de Thomson Multimédia
au conglomérat défaillant sud-coréen
Daewoo «pour un franc symbolique»-,
s’est d’ailleurs faite, en 1996, sous le
même gouvernement de M. Alain Juppé, à
une époque où M. Bernard Pons, président
de l’association des amis du président
Jacques Chirac, officiait au ministère
des transports, l’autorité de tutelle en
la matière.
Principal bénéficiaire de l’opération,
Jacques Saadé n’était rien moins que le
partenaire de Rafic Hariri dans le
grandiose projet Saidoun visant
notamment à l’aménagement d’un port pour
porte-conteneurs à Saida, au sud Liban,
la ville natale du premier ministre
libanais de l’époque.
Jacques
et Johnny, les deux frères Saadé,
nouveaux copropriétaires de la CGM,
étaient des êtres antithétiques,
nullement prédisposés à la synthèse et
défiaient à ce titre les lois de la
dialectique. L’aîné, Jacques,
vibrionnant, est impulsif, le cadet,
Johnny, obsessionnel, est compulsif. En
un mot, deux êtres fratricides. Par ses
multiples rebondissements, cette banale
querelle de famille portait en elle le
risque d’un dérapage vers une affaire
d’état.
S’estimant abuser, le cadet poursuivra
en effet de sa vindicte implacable son
ancien mentor, non sans quelque succès,
non sans mettre en émoi la quiétude de
quelques hiérarques français, au point
qu’il sera un jour demandé instamment au
premier ministre libanais de l’époque de
veiller à mettre bon ordre dans cette
querelle de famille libanaise. Cela se
serait, semble-t-il, passé en avril 1998
en marge de la 3me visite du président
Jacques Chirac à Beyrouth à l’occasion
de l’inauguration de la nouvelle
ambassade française dans la capitale
libanaise.
Le
différend sera réglé à la veille du
retour au pouvoir de M. Hariri, en l’an
2000, mettant un terme à un différend
qui menaçait d’empoisonner la présidence
de son grand ami Jacques Chirac, au
grand soulagement des grands
protagonistes de l’affaire qui
redoutaient qu’elle n’embrase les palais
de la République et ne mette en péril la
chiraquie d’entreprise. La compagnie se
hissera par la suite au troisième rang
mondial, avec 15 milliards de dollars de
chiffre d’affaires, une activité
stratégique et 4000 emplois en France,
dont une bonne partie dans la région
marseillaise. Sauf que les mauvaises
habitudes ont la vie longue. La gestion
hasardeuse de Jacques fragilisera la
compagnie, faisant l’objet, en 2010,
pour la deuxième fois en une décennie,
d’un renflouement visant à combler un
gouffre financier de 6,7 milliards de
dollars. Privilège rarement concédé à
tout autre entrepreneur français.
De quels
secrets sont-elles donc porteuses les
soutes de la flotte française, pour que
la CGM soit bradée et régulièrement
renflouée? Nul ne s’est encore hasardé à
se poser des questions sur ce plan.
L’histoire, seule, le dira (5).
Sauf
qu’aucun membre du trio Chirac Hariri
Jupé n’aura été épargné par le mauvais
sort: Alain Juppé a été condamné le 1er
décembre 2004 à 14 mois de prison avec
sursis et une peine complémentaire d’un
an d’inéligibilité par la cour d’appel
de Versailles, pour «prise illégale
d’intérêt».
Le
milliardaire libano saoudien sera
assassiné, trois mois plus tard, le 14
février 2005 et Jacques Chirac le
pensionnaire posthume de Hariri,
condamné pour abus de biens sociaux en
2011, premier chef d’État français à
faire l’objet d’une condamnation
judiciaire depuis le Maréchal Philippe
Pétain en 1945.
«Le meilleur d’entre nous», au risque de
se répéter, n’est vraiment pas un enfant
de chœur. Sous l’égide de son mentor
Jacques Chirac, Alain Juppé a
personnifié mieux que quiconque «l’État
RPR» tant décrié par ses adversaires
pour ses extravagances. Ses performances
de piètre gestionnaire, s’ajoutant aux
accablantes motivations de sa
condamnation -«avoir trahi la confiance
du peuple souverain»- ont dissipé son
halo de «martyr de la chiraquie» pour en
faire un partenaire de plein exercice du
chiraquisme d’entreprise. Un complice?
7 – Le handicap
dirimant Serguei Lavrov
Humiliation suprême: cet hyper capé de
la méritocratie française, plein de
morgue et de suffisance, aura droit à un
traitement énergisant de son homologue
russe Sergueï Lavrov.
Se
vantant avec son compère du Qatar, Hamad
Ben Jassem, de faire de la bataille de
Bab Amro (Syrie), «le Stalingrad du
Moyen orient», -qui s’est révélé un des
grands désastres militaires de la
diplomatie française-, Sergueï Lavrov,
excédé par la morgue de son homologue
français lui racrochera tout bonnement
au nez sans jamais le reprendre au
téléphone jusqu’à son départ du Quai
d’Orsay.
En
tournée pré-électorale à Alger, le
«droit dans ses bottes» a néanmoins
admis le 2 février 2016 que
l’intervention militaire de la France et
ses alliés de l’OTAN en Libye a été «un
fiasco et un chaos».
Un aveu d’autant plus aisé qu’Alain
Juppé était pilote de 3eme rang de
l’affaire libyenne, surclassé par
l’amiral Sarkozy et son lieutenant BHL,
lesquels se vantent encore de nos jours
d’avoir «libéré» la Libye de Kadhafi,
alors que partout ailleurs ils seraient
passibles de la Cour Pénale
Internationale.
En
quarante ans de carrière politique haut
de gamme, ce lauréat du concours général
en lettres classiques, pur produit de la
voie royale de l’élitisme républicain
(Normal sup, ENA et Sciences politiques)
a fait perdre à ses compatriotes leur
grec et leur latin, leur moral même, par
sa gestion du conflit syrien, par la
mansuétude qu’il a témoignée au
fossoyeur du gaullisme Nicolas Sarkozy,
par la succession enfin de scandales
politico-financiers qu’il aura générés
de l’affaire de l’appartement de son
fils Laurent, au scandale Thomson, de
l’affaire de la Compagnie Générale
Maritime, au scandale de la gestion du
budget de la Mairie de Paris et du RPR.
«La
France n’est plus audible. Regardez sur
un certain nombre de négociations, nous
sommes complètement marginalisés. Madame
Merkel a été toute seule à négocier avec
Monsieur Erdogan», relevait Alain Juppé,
en 2016, à la sixième année de la guerre
de Syrie?. A qui la faute?
Alors?
Juppé, le meilleur d’entre nous ?
Vraiment le meilleur ? Vraiment ?
Franchement pas.
Notes
-
Bernard Henry Lévy, in «La guerre
sans l’aimer», Édition Grasset-
Novembre 2011, récit de l’exposition
médiatique du philosophe au
printemps 2011 en Libye.
-
«Libye: Juppé remanié par BHL» par
Daniel Schneidermann, Fondateur d’@rrêt
sur images Cf. RUE 89 en date du 13
mars 2011.
-
Basma Kodmani est la fille de Nazem
Kodmani, ancien ambassadeur de Syrie
en France, décédé en 2008 est
l’artisan du rétablissement des
relations diplomatiques entre la
France et la Syrie après la rupture
de Suez (1956. A son retour à Damas,
le diplomate a été en charge du
département Europe occidentale au
ministère syrien des Affaires
étrangères, particulièrement du
suivi du dossier France, émargeant
une large fraction de sa carrière
sur le budget du pouvoir bassiste.
Sa mère, Hyam Mardam Bey, est la
nièce de Jamil Mardam Bey, le
dirigeant syrien de l’époque du
mandat français et cousine de Farouk
Mardam Bey, l’éditeur franco syrien.
Basma Kodmani a été, tour à tour,
chercheuse à l’IFRI, puis directrice
régionale de la Ford Foundation au
Caire avant de diriger l‘ARI (Arab
Reform Initiative).
Cette structure, financée par des
fonds mixtes notamment des Émirats
arabes Unies, a été initiée par
Harry Siegman, membre du Council of
Foreign relations, activiste
influent de la communauté juive
progressiste de New York, via son
lobby «ME-USA project», le projet
américain pour le Moyen-Orient.
A propos de Jamil Mardam Bey
http://www.madaniya.info/2016/09/30/franc-maconnerie-dans-le-monde-arabe-et-musulman-2-2/
Auditrice assidue du Forum de
Bilderberg, la plate forme
décisionnelle des cosmocrates de la
trilatérale (États-Unis, Japon,
Europe), Basma Kodmani a été
présentée lors de la dernière
session du Forum qui s’est tenu du 6
au 12 juin à Chantilly (Virginie) a
été inscrite sous la mention
«International», alors qu’elle est
de nationalité française, d’origine
syrienne, seul participant à
bénéficier de ce label, comme pour
suggérer son cosmopolitisme,
frappant de caducité sa présence au
sein de l’opposition syrienne de
France, dont elle ne revendique ni
la nationalité française, ni la
nationalité syrienne
- Sur
la problématique de l’opposition
syrienne cf. à ce propos
http://www.renenaba.com/la-controverse-a-propos-de-basma-kodmani/
http://www.renenaba.com/syrie-opposition-un-paravent-kurde-a-la-tete-de-lopposition-off-shore/
http://www.renenaba.com/un-paravent-kurde-a-la-tete-de-lopposition-off-shore-2/
-
Pour aller plus loin sur la filière
libano africaine de l’affairisme
chiraco-haririen, cf. -«Hariri, de
père en fils, hommes d’affaires,
premiers ministres» René Naba –
Éditions L’Harmattan-Février 2011.
A propos de Nicolas Sarkozy
http://www.madaniya.info/2016/11/21/nicolas-sarkozy-un-president-qui-na-pas-ose-franchir-le-peripherique-de-sa-capitale/
© madaniya.info -
Tous droits réservés.
Reçu de René Naba pour publication
Le sommaire de René Naba
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