MADANIYA
Abou Dhabi Leaks 1/2: Arabie saoudite,
Emirats arabes Unis; Le prurit
belligène
des deux princes héritiers du
Golfe
René Naba
Mercredi 19 juin 2019 En droite ligne des
razzias de l’ancienne Côte des pirates,
le prurit belligène des héritiers pétro
monarchiques répond à un double objectif
: Consacrer, d’une part, le primat
wahhabite, non seulement sur la
Péninsule arabique mais sur l’ensemble
de la sphère arabo musulmane; Doter,
d’autre part, Abou Dhabi d’un empire
maritime en compensation de son
minuscule état, par l’accaparement des
installations portuaires de la zone
Golfe-Océan indien: Doubaï, Aden,
Socotra, etc.
Se posant en chefs
de file de la contre-révolution arabe, à
l’ombre d’un gigantesque bouclier
américain, en toute impunité, deux
princes héritiers, sanguins et
impétueux, Mohamad Ben Salmane (Arabie
Saoudite) et Mohamad Ben Zayed
Al-Nahyane (Emirats Arabes Unis), ont
mis à profit le handicap pathologique de
leur souverain respectif pour mener une
guerre tout azimut en vue d’assurer la
pérennité de leur trône décrié, sur les
débris du Monde arabe, n’hésitant pas
pour ce faire à brader la Palestine, en
restaurant l’ordre néo colonial au
niveau transrégional, sous l’égide
israélo-américain.
En guerre ouverte
contre le petit frère ennemi wahhabite,
le Qatar, et en Libye, en guerre larvée
contre la Turquie dans la foulée de la
disparition à Istanbul du journaliste
saoudien Jamal Khashoogi, en guerre par
procuration contre l’Iran en Irak, en
Syrie, au Yémen et au Liban, le tandem
maléfique a transformé la zone en
polygone de tir permanent, semant la
terreur pour y ancrer sa suprématie sur
son voisinage immédiat.
Au nom de la guerre
contre l’Iran, pôle de référence des
contestataires de l’ordre hégémonique
occidentale dans la zone, le duo
infernal a activé une pernicieuse guerre
de religion entre sunnites et chiites, à
grands renforts de mercenaires des
compagnies militaires privées
occidentales, -notamment Blackwater, de
sinistre mémoire en Irak, dont le
fondateur Erik Black, est résident
d’Abou Dhabi.
Une guerre
alimentée par un flot ininterrompu de
livraisons d‘armes des trois pays
occidentaux, membres permanents du
Conseil de sécurité, promus au rang de
cobelligérants de l’agression
pétro-monarchique contre le Yémen: les
Etats Unis et le Royaume Uni, par leur
participation au blocus maritime du
Yémen avec pour objectif d’aménager une
base dans l’ancien protectorat
britannique d’Aden à la jonction de la
Mer Rouge et de l’Océan Indien; La
France par son soutien logistique et
technologique aux troupes d’Abou Dhabi,
où elle dispose d’une base permanente
sur son territoire.
Le chantage
pétrolier qu’ils brandissent en
permanence a conduit ainsi les «grandes
démocraties occidentales» à soutenir une
guerre d’agression caractérisée d’une
coalition sunnite parmi la plus
obscurantiste de la planète contre le
plus pauvre pays arabe.
Une guerre
d‘autodestruction du Monde arabe pour le
plus grand bénéfice d’Israël et de ses
anciens colonisateurs, mené par deux
pays, constamment sous tutelle, passé
sans coup férir du mandat britannique au
protectorat américain, sans la
transition par une guerre de libération.
Une équipée sauvage
de cinq ans trébuchant sur une faute
majeure du saoudien, le dépeçage d’un
opposant au consulat saoudien
d’Istanbul, le 2 octobre 2018, Jamal
Khashoggi.
Par son
retentissement planétaire, ce « crime du
siècle» selon l’expression de l’influent
journaliste Abdel Bari Atwane (Ar Rai Al
Yom) n’a pas pour autant brider les
pulsions mortifères du tandem, en dépit
de la réprobation universelle qu’il a
suscitée. S’il a terni l’image du
Royaume saoudien aux Etats Unis, il a
permis à Abou Dhabi à supplanter son
grand frère saoudien au titre de
«meilleur allié arabe des Etats Unis».
Le journal Libanais
«Al Akhbar» a eu accès à la
correspondance diplomatique des
ambassades du royaume saoudien et des
Emirats Arabes Unis à Beyrouth avec leur
administration centrale sur les
manigances de ses deux états voyous,
révélant le contenu des câbles
diplomatiques dans une série de papiers
dans un dossier intitulé «Abou-Dhabi
Leaks».
Les deux princes
irascibles ciblent un vaste spectre
d’états: leurs cibles traditionnelles,
(Syrie, Irak, Liban, Yémen, Soudan),
mais aussi le pondéré Sultanat d’Oman,
l’allié Maroc et le lointain Canada.
Pour mémoire
L’Arabie saoudite et les Emirats Arabes
Unis sont des partenaires stratégiques
de la France, qui n’a cessé de les
alimenter en armes dans le conflit
yéménite.
Cf à ce propos, la
liste des équipements militaires
français livrés à l’Arabie saoudite et à
Abou Dhabi dans la guerre d’agression
contre le Yémen.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/04/15/un-rapport-classe-secret-defense-revele-la-liste-des-armes-francaises-utilisees-dans-la-guerre-au-yemen_5450365
Revue de détails
des principales révélations de ce
dossier:
Saad Hariri, le
rendez-vous manqué avec l’Histoire.
Saad Hariri a raté
son rendez-vous avec l’Histoire.
Milliardaire bi national libano saoudien
redevable de sa promotion
gouvernementale au «fait du prince
saoudien», le premier ministre libanais
a raté l‘occasion de se doter d’une
stature de «Héros national» et, du coup,
raté son entrée dans l’Histoire. Pris en
otage par le prince héritier saoudien et
forcé à la démission, Saad Hariri a
retrouvé sa liberté et son poste grâce à
l’intransigeance du président libanais
Michel Aoun et de son rival politique
direct sur la scène libanaise, Le
Hezbollah, très sourcilleux sur la
question de la souveraineté nationale.
Mais, symptôme
d’une servilité pathologique, le rescapé
du bagne saoudien se rendra à Canossa au
premier claquement de doigt de ses
maitres saoudiens, participant, toute
honte bue, au Davos économique convoqué
par Riyad, sur les lieux mêmes de sa
captivité, le «Ritz Carlton», moins d’un
an après son humiliation.
Sans vergogne,
l’homme trônera auprès de son ancien
bourreau ironisant même sur son ancienne
captivité: «Captif de mon plein gré»,
s’esclaffera-t-il, sans la moindre
commisération pour la plus récente
victime de la mafiocratie wahhabite, le
journaliste Jamal Khashoggi, découpé à
la scie le 4 octobre 2018 au consulat
saoudien à Istanbul.
Par sa reptilité
envers la dynastie wahhabite, Saad
Hariri aura pleinement justifié cette
maxime du grand orateur de la révolution
française Mirabeau: «Il y a quelqu’un
pire qu’un bourreau, son valet».
Le duo se proposait
pourtant de châtier Saad Hariri pour sa
mansuétude à l’égard du Hezbollah
libanais, qu’il accusait d’avoir fait
des concessions à la formation
paramilitaire chiite pour se maintenir
au pouvoir. Il projetait de déporter le
conflit du Yémen vers le Liban pour
compenser l’échec pétro monarchique face
aux Houthistes, accréditant par la même
l’idée d’un Liban comme défouloir à
toutes les frustrations monarchiques.
L’ingérence
flagrante de ses deux pays dans les
affaires intérieures du Liban, – qu’ils
considèrent non comme leur
arrière-cour-, mais comme leur basse-
cour, se révèle par deux câbles
édifiants.
Alors que le
premier ministre libanais dispose d’une
garde prétorienne spéciale, émargeant
sur le budget de l’Etat, -la «section du
renseignement» des Forces de Sécurité
Intérieure-, équipée d’une technologie
de pointe fournie par les Occidentaux
dans le domaine des transmissions et du
décryptage des communications, Abou
Dhabi a réussi le tour de force de
placer sur écoute sa proie, grâce à une
technologie israélienne, identique sans
doute à celle mise en œuvre pour pister
l’opposant saoudien Jamal Kashoggi.
La dépêche de
l’ambassadeur du Koweït au Liban: Abou
Dhabi manœuvre pour provoquer la
désintégration du Royaume saoudien
Sous l’apparente
unité des duettistes, une sourde
rivalité oppose en fait les deux
héritiers au point que l’ambassadeur du
Koweït au Liban n’hésitera pas à câbler
à son gouvernement les soupçons du corps
diplomatique arabe à Beyrouth sur les
arrière-pensées des Emirats Arabes Unis
envers la Royaume saoudien.
Dans un câble en
date du 20 septembre 2017, l’ambassadeur
de Jordanie à Beyrouth, Nabil Al
Massarwa, rend compte d’un entretien
avec son collègue koweitien dans lequel
celui-ci, Abdel-Al Kannahi, un proche de
son souverain, l’Emir Sabah Al Ahmad,
tirant les conclusions des élections
législatives libanaises remportées par
le Hezbollah et les forces hostiles au
royaume saoudien, lui livre le constat
suivant: «L’Arabie saoudite a tout
perdu. Ses démarches diplomatiques à
Beyrouth relève du tapage médiatique en
vue de faire acte de présence et de
masquer son échec. Mohamad Ben Zayed
manœuvre en fait pour provoquer la
désintégration du Royaume saoudien».
Une tendance
accentuée dans la foulée de l’éclipse
relative des dignitaires saoudiens dans
la gestion du conflit yéménite,
consécutive à l’assassinat de Jamal
Khashoggi.
La France:
Démission de Saad Hariri et formation
d’un gouvernement de technocrates.
Une économie
flageolante commande la moralité
politique en France où une diplomatie
racoleuse assure le service après-vente.
Soucieuse de ne pas
perdre le marché saoudien, la France a
paru pencher, dans un premier temps, en
faveur de la thèse saoudienne, proposant
la démission du premier ministre
libanais captif du prince héritier et la
formation d’un gouvernement de
technocrates.
Une formule qui
aurait eu le double avantage d’évincer
son poulain du gouvernement à Beyrouth
au prix de la préservation du marché
saoudien de la France, tout en
préservant la continuité du pouvoir au
Liban, un pays jadis sous son mandat.
Mais
l’intransigeance tant du président
libanais Michel Aoun que du Hezbollah
libanais, de même que la fermeté du clan
Hariri, qui a refusé de prêter
allégeance à l’ainé de la fratrie,
Baha’a, ainsi que les réserves du
président égyptien Abdel Fattah Al Sissi
sur l’aventurisme du prince héritier
saoudien, ont conduit les Occidentaux à
durcir le ton à l’égard de Riyad et
obtenir la libération de leur captif
libanais, permettant à Emmanuel Macron
de se poser en sauveur et de son poulain
libanais et de la stabilité du Liban.
Le Sultanat
d’Oman
Contre toute
attente, le prurit belligène du duo
s’est porté sur le Sultanat d’Oman,
plaque tournante de la diplomatie
régionale, et, sans aucun doute, la
monarchie la moins belliqueuse du
syndicat des autocrates du Golfe. «Faire
plier Oman par la séduction ou
l’intimidation pour le punir de sa trop
grande indépendance. Le mettre au pas au
besoin depuis le Yémen, une fois achevée
la conquête de ce pays». Tel était le
mot d’ordre du tandem.
Programmer des
représailles contre le Sultanat d’Oman
pour le punir de sa trop grande
indépendance. Proche du Qatar, le
Sultanat avait abrité les négociations
secrètes américano iraniennes sous le
mandat du président Barack Obama pour la
conclusion du Traité International sur
le nucléaire iranien, dénonce en 2017
par Donald Trump.
Le prince héritier
d’Abou Dhabi a même été jusqu’à
encourager la visite de son complice
israélien le premier ministre Benyamin
Netanyahu en Oman, à l’automne 2018,
afin de sonder l’état de santé du Sultan
Qabous, atteint d’un cancer, en vue de
préparer sa succession et favoriser la
promotion d’un nouveau dirigeant omanais
moins favorable à l’Iran.
Le Maroc : La
famille du Roi est «infiltrée» par le
Qatar
Le Maroc a fait
l’objet d’une surveillance accrue de la
part de l’Ambassadeur des Emirats Arabes
Unis à Rabat à la suite de la visite de
l’épouse du Roi du Maroc, Lalla Salma,
au Qatar, le 11 décembre 2013.
Ce comportement
tranche avec la traditionnelle
solidarité qui lie les deux monarchies
en ce que le Maroc constitue le lieu de
villégiature privilégié de la dynastie
wahhabite, avec laquelle il a d’ailleurs
longtemps coopéré au sein du «Safari
Club», le bras armé de l’Otan pour les
menées contre-révolutionnaires en
Afrique et dans les pays arabes.
«La famille du Roi
est infiltrée». Infiltrer est le terme
utilisé par le chargé d’affaires par
intérim du gouvernement d’Abou Dhabi
Said Mouheir Al Katabi, pour expliquer
le rapprochement Qatar-Maroc, dont il
attribue l‘origine aux «solides
relations liant Lalla Salma, épouse de
Mohamad VI, à la princesse Mozza», la
mère du prince Tamim.
Sur ce lien, la
princesse lalla Salma au Qatar,
https://www.youtube.com/watch?v=a1CNG0HTfUE
En représailles,
l’Arabie saoudite a voté en faveur des
Etats-Unis contre le Maroc pour abriter
la prochaine coupe du Monde de Football
en 2026. Mohamad VI a rétorqué en
recevant dans la foulée l’Emir du Qatar
en villégiature au Maroc le 1er Aout
2018.
Finalement,
exacerbés par le comportement
indépendant du Maroc à l‘égard de
l’Arabie saoudite, les médias saoudiens
ont répliqué en Janvier 2019 par la mise
en valeur du Front Polisario, la bête
noire du pouvoir chérifien, qualifiant
la République Arabe Sahraouie
Démocratique (RASD) d’Etat bénéficiant
d’une «reconnaissance internationale,
reconnu par des dizaines d’états».
Riyad a en effet
été ulcéré par le refus du Maroc de
recevoir le prince héritier saoudien MBS
lors de sa tournée au Maghreb en
décembre 2018, en route pour le sommet
des G20 de Buenos Aires et son refus de
participer au boycottage du Qatar, de
même que de sa décision de se retirer de
la coalition pétro monarchique dans sa
guerre d’agression contre le Yémen. La
chaîne saoudienne « Al Arabiya» s’est
chargée de signifier le mécontentement
saoudien, consacrant un long
documentaire au combat du Front
Polisario pour son indépendance, «un
combat légitime contre l’occupation
marocaine». Ce reportage a conduit le
Maroc a rappelé son ambassadeur à Riyad
et à annoncer la fin de sa participation
aux organes de la coalition pétro
monarchique en guerre contre le Yémen.
Le roi Salmane a
tenté de calmer le jeu, en prenant
l’initiative de joindre au téléphone le
Roi du Maroc, le 20 mars 2019, alors que
l’Algérie était secouée par une vague de
protestation populaire contre le
prolongement de la mandature
présidentielle de M. Abdel Aziz
Bouteflika. Mais ce geste n’a pas eu
l’effet escompté, le Maroc a voulu tirer
profit de cette crise pour clarifier ses
relations avec ses deux anciens alliés
encombrants.
- Nasser
Bourita, ministre marocain des
Affaires étrangères et de la
coopération internationale, s’est
chargé de dire leur fait aux princes
du désert: « Les relations
internationales reposent sur des
principes stables et permanents et
ne se décident pas à la carte, au
coup par coup», a-t-il rappelé en
marge de la visite de son homologue
jordanien à Rabat, le 29 mars, une
semaine après le coup de fil royal.
Abdallah II de
Jordanie et Mohamad VI du Maroc
redoutent en effet que les Hachémites
soient dessaisis de la tutelle de la
dynastie sur la Mosquée Al Aqsa, 3eme
Haut Lieu de l’Islam à Jérusalem.
Le Jordanien,
descendant de la famille du prophète, et
le Marocain, Commandeur des Croyants et
Président du comité Al Qods, sont
convenus de mettre en échec le projet du
rattachement de Jérusalem à la
souveraineté totale et absolue d’Israël,
selon les dispositions de l’arrangement
conclu entre Mohamad Ben Salmane, le
prince héritier saoudien, et Jarred
Kushner, le gendre du président
américain.
Mohamad VI a mis à
profit la visite du pape François au
Maroc, fin Mars 2019, pour proposer
conjointement avec le souverain pontifie
une internationalisation de la ville
sainte afin de «conserver» et de
«promouvoir le caractère spécifique
multi-religieux, la dimension
spirituelle et l’identité culturelle
particulière de Jérusalem».
A l’intention du
locuteur arabophone, la prise de
position des médias saoudiens à
l’encontre du Maroc, sur ce lien:
https://www.raialyoum.com/index.php/%D8%A7%D9%84%D8%B3%D8%B9%D9%88%D8%AF%D9%8A%D8%A9-%D8%AA%D9%82%D8%AF%D9%85-%D8%A7%D9%84%D8%A8%D9%88%D9%84%D9%8A%D8%B2%D8%A7%D8%B1%D9%8A%D9%88-%D9%83%D8%AF%D9%88%D9%84%D8%A9-%D9%88%D9%83%D9%85%D9%85/
Six câbles
diplomatiques traitent de la question
des rapports entre le Maroc et les
pétromonarchies du Golfe :
Le premier
préconise d’ «écarter Mozza Bint Misnad
de la famille royale marocaine» en
infiltrant l’entourage du Roi par la
multiplication des occasions de
sociabilité mondaine (congrès, visites)
de manière à être en mesure d’influencer
les décisions du Palais.
Câble signé du
premier secrétaire de l’ambassade des
Emirats Arabes Unis à Rabat Seif Khalifa
Al Taniji.
Décrivant la
stratégie du Qatar envers le Maroc, la
mission émiratie relève que l’entrisme
de Doha s’est fait par le biais du
«Parti de la Justice et du
développement» en raison des affinités
idéologiques de ce parti avec la
confrérie des Frères Musulmans.
Il note à ce
propos les éléments suivants:
-«Renforcement des
liens du Qatar avec le «Parti de la
Justice et du Développement» de manière
à élargir son assise sociale et partant
sa base électorale.
-Soutien aux
associations de bienfaisance relevant du
PJD et amplifier la couverture
médiatique du Parti en vue de favoriser
les adhésions ce mouvement. Un budget
d’un milliard de dollars a été alloué
pour cette diplomatie d’influence tant
au Maghreb que dans les pays voisins.
Le câble en date du
21 novembre 2017 s’attache au rôle de la
princesse Lalla Salma dans la visite du
Roi du Maroc au Qatar. La missive relève
à cette occasion «l’usage pour la
première fois par Mohamad VI de
l’expression « les liens de fraternité
et de considération mutuelle qui lient
nos deux pays », déduisant par là un
infléchissement de la traditionnelle
politique de proximité de la monarchie
chérifienne avec la dynastie wahhabite.
Le diplomate
recommande d’amplifier les relations
entre les deux cours royales en vue
d’écarter la princesse Mozza, dont le
Qatar s’en sert pour développer les
relations avec les épouses des chefs
d’état arabe.
En fait, le Maroc
était engagé au sein de la coalition
monarchique dans sa guerre d’agression
contre le Yémen, mais le traitement
cavalier des saoudiens et des émiratis
lors de la destruction d’un avion
marocain par les tirs houthistes et la
mort du pilote marocain ont quelque peu
refroidi les ardeurs du Maroc devant une
guerre jugée incompréhensible à ses yeux
par la population marocaine. Une crise
larvée s’est développée entre Riyad et
Rabat, accentuée par le vote de l’Arabie
saoudite en faveur des Etats Unis, -et
contre le Maroc-, pour l‘attribution de
la coupe du Monde Football 2026 et le
refus de Rabat de livrer à la justice
saoudienne un prince saoudien refugié au
Maroc.
Profitant de la
crise provoquée par l’assassinat de
Jamal Khashoggi, Mohammed VI a tenté de
se démarquer d’un allié devenu
infréquentable et de jouer la carte d’un
multilatéralisme pragmatique fondé sur
une stratégie d’endiguement des forces
islamistes
Cf ce lien :
https://www.middleeasteye.net/fr/opinion/la-face-cachee-de-la-crise-entre-le-maroc-et-larabie-saoudite
Mère du Prince
Tamim, la Princesse Mozza, alias «Banana
Princess», selon la traduction littérale
de son nom, est surtout la fille
d’Abdallah Bin Minsad, surtout fille de
l’ancien chef de l’opposition du Qatar
avant le mariage de sa fille avec le
souverain de l’époque Hamad Ben Khalifa
Al Thani.
Le diplomate
émirati ne mentionne jamais le titre de
Princesse quand il évoque le cas de la
princesse Mozza, se contente de la
désigner sous son nom de jeune fille:
Mozza Bint Misnad, comme pour suggérer
que ses origines politiques d’opposante
anti monarchique l’habilite à assumer un
rôle d’ambassadrice informelle auprès
des pays arabes.
Le Soudan :
Tenir en laisse le Soudan pour prévenir
toute défaillance dans les rangs de la
coalition.
Hétéroclite, la
coalition pétro-monarchique a constitué
au choix, un nœud de vipère ou un panier
de crabes pour les participants au sein
de laquelle Qatar et Abou Dhabi se sont
livrés une vive compétition pour
l’aménagement de zones d’influence
respectives dans le Yémen qu’ils ne sont
pourtant pas parvenus à occuper après
quatre ans de guerre.
Le Qatar s’est
retiré depuis lors de la coalition ainsi
que la Malaisie, alors que le Pakistan
traditionnel «Body Guard» de la dynastie
wahhabite a refusé se de joindre à cette
équipée sauvage, de même que l’Egypte et
la Turquie. Redoutant une débandade, le
duo a décider de serrer les boulons pour
prévenir de nouvelles défections, avec
en tête de ses priorités le Soudan.
Le duo a ainsi
décidé de mettre sous pression le Soudan
pour le contraindre à maintenir sa
présence au sein de la coalition sunnite
dans la guerre contre le Yémen,
invoquant la duplicité du régime de
Khartoum, notamment ses sympathies à
l‘égard des Frères Musulmans, une
accusation récurrente du tandem.
Dans son «offre
globale» présentée par Mohamad Ben
Salmane au président Donald Trump en vue
de faire accéder l’Arabie saoudite au
rang de partenaire privilégié des Etats
Unis au même titre qu’Israël, le prince
héritier saoudien s’était même engagé à
faire pression sur le président Omar Al
Bachir en vue de le contraindre à
octroyer une base américaine au Soudan,
sur la mer rouge, sans de donner la
peine de solliciter l’avis du président
soudanais.
L’alerte a été
jugée suffisamment sérieuse pour que les
scribes diplomatiques des deux
cobelligérants lui consacrent une série
de câbles alarmistes:
Duplicité du
Soudan: Il combat avec nous mais son
cœur est avec les Frères Musulmans ?
https://www.al-akhbar.com/Politics/254790/
%D8%A7%D9%84%D8%A5%D9%85%D8%A7%D8%B1%D8%A7%D8%AA-%D9%84%D9%8A%D9%83%D8%B3-%D8%A7%D9%84%D8%B3%D9%88%D8%AF%D8%A7%D9%86-%D8%B3%D9%84%D8%A7%D8%AD%D9%87-%D9%85%D8%B9%D9%86%D8%A7-%D9%88%D9%82%D9%84%D8%A8%D9%87-%D9%85%D8%B9-%D8%A7%D9%84%D8%A5%D8%AE%D9%88%D8%A7%D9%86
Khartoum
manœuvre, priorité aux pressions contre
le Soudan
https://www.al-akhbar.com/Politics/254789/%
D8%B3%D9%81%D8%A7%D8%B1%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D8%A5%D9%85%D8%A7%D8%B1%D8%A7%D8%AA%D8%A7%D9%84%D8%AE%D8%B1%D8%B7%D9%88%D9%85-%D8%AA%D9%86%D8%A7%D9%88-%D8%B1-%D9%88%D8%A7%D9%84%D8%B6%D8%BA%D8%B7-%D8%B9%D9%84%D9%8A%D9%87%D8%A7-%D8%A3%D9%88%D9%84%D9%88%D9%8A
Soudan Abou
Dhabi
https://www.alakhbar.com/Arab_Island/254789/%
D8%B3%D9%81%D8%A7%D8%B1%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D8%A5%D9%85%D8%A7%D8%B1%D8%A7%D8%AA-%D8%A7%D9%84%D8%AE%D8%B1%D8%B7%D9%88%D9%85-%D8%AA%D9%86%D8%A7%D9%88-%D8%B1
%D9%88%D8%A7%D9%84%D8%B6%D8%BA%D8%B7
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Epilogue: Omar
Al Bachir, la chute d’un opportuniste à
tout crin
Pantin désarticulé
aux mains de ses commanditaires
successifs, opportuniste à tout crin, le
président soudanais, le général Omar Al
Bachir a été évincé du pouvoir le 11
avril 2019 au terme de 30 ans de pouvoir
marqués par l‘amputation du territoire
national du sud Soudan et des ressources
énergétiques y afférentes.
Pour sa survie
politique, le Soudanais s’est débarrassé
de tous ses alliés encombrants aux yeux
des pays occidentaux, livrant
l’internationaliste Carlos à la France,
expulsant Oussama ben Laden de Khartoum
vers le Pakistan, souscrivant à
l’amputation du sud soudan du territoire
national.
Appâté par une
promesse saoudienne de subvention de 3
milliards de dollars en vue de relancer
son économie chancelante en contrepartie
de son engagement dans l’agression
pétro-monarchique contre le Yémen, Omar
Al Bachir va transformer son armée
nationale en une armée mercenaire.
Mandaté par les pétromonarchies, il
boira la coupe jusqu’à la lie en se
rendant en mission officielle auprès du
président syrien Bachar Al Assad pour
lui faire part de l’intention des
roitelets du Golfe de faciliter la
réintégration de la Syrie au sein de la
Ligue Arabe, avant que ses
commanditaires ne se rétractent.
Le coup de semonce
lui sera asséné toutefois par le prince
héritier saoudien Mohamad Ben Salmane,
-en s’engageant à l’insu du soudanais et
pour complaire à son partenaire
américain Jared Kushner-, d’aménager une
base américaine au Soudan sur les rives
de la Mer Rouge. Une demande difficile à
satisfaire dans un pays au bord de
l’explosion populaire.
Arrivé au pouvoir à
la faveur d’un coup d’état, le général
Omar Al Bachir en sera évincé trente ans
plus par une révolution de palais
articulée sur un soulèvement populaire.
Placé en résidence surveillée, il vit
sous la menace d’une comparution devant
la Cour Pénale Internationale pour
«crimes contre l’humanité». La servilité
extrême à l’égard de l’Occident ne
garantit pas une impunité. Cela vaut
pour le Soudan, comme auparavant pour le
Chah d’Iran comme éventuellement à
l’avenir pour Abou Dhabi ou l’Arabie
saoudite.
Références
Liban
A – Sur ce lien,
Hariri fait des concessions au Hezbollah
pour se maintenir à son poste.
https://www.al-akhbar.com/Politics/248178/
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B – Déporter le
conflit du Yémen vers le Liban, après la
perte du sud syrien
https://www.al-akhbar.com/Politics/256746/
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C- Abou Dhabi met
sur écoute Saad Hariri et l’ancien chef
de la garde nationale saoudienne Moute’b,
fils du Roi Abdallah, grâce à une
technologie israélienne
https://www.al-akhbar.com/Arab_Island/257140/
D – Abou Dhabi
envisage de financer des candidats de
l’opposition chiite libanaise, dont la
version française se trouve sur ce lien:
https://www.madaniya.info/2018/10/01/ziad-majed-un-parfait-representant-de-la-gauche-mutante-libanaise-candidat-potentiel-sur-la-liste-demargement-d-abou-dhabi/
II- Abou Dhabi vise
le démembrement du Royaume saoudien
Dépêche de
l’Ambassadeur du Koweït au Liban: «Le
fils Zayed, (Abou Dhabi) vise au
démembrement de l’Arabie saoudite»
https://www.al-akhbar.com/Politics/248172/
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III- La proposition
française de sortie de crise après la
mise en captivité de Saad Hariri.
https://www.al-akhbar.com/Politics/248252/
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IV – La stratégie à
l’égard du Sultanat d’Oman, sur ces deux
liens:
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B -Le Yémen est
dans notre poche. De là-bas nous
pourrons mettre au pas le sultanat
d’Oman
https://www.al-akhbar.com/Arab_Island/259505/
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V- Maroc: Sur ce
lien, le soutien du Qatar au «Parti de
la Justice et du Développement» pro
Frères Musulmans et le rôle de Lalla
Salma dans la rapprochement avec le
Qatar.
https://www.al-akhbar.com/Arab_Island/255265/
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