MADANIYA
Mascate: Le Genève du Moyen Orient
René Naba
Lundi 13 janvier 2020 Le Sultan Qabous
Ben Said de la dynastie d’Al Bou Saïdy,
doyen absolu des dirigeants arabes, est
décédé vendredi 10 Janvier 2020 à l’âge
de 80 ans, des suites d’un cancer du
côlon, au terme d’un règne d’un demi
siècle au cours duquel il a fait de son
pays un oasis de paix dans une zone à
forte turbulence. Artisan de la
modernisation du Sultanat et de son
développement économique, Qabous a hissé
sa capitale, Mascate, au rang de plaque
tournante de la diplomatie régionale: La
Genève du Moyen Orient.
Ni chiite ni
sunnite, Qabous, comme la grande
majorité des omanais est de rite
ibadite, qui se considère comme la
cinquième école du sunnisme, qui se
déclinent ainsi dans l’ordre
alphabétique: Chaféite, Hanafite,
Hanbalite, Malékite.
Son successeur
désigné, le prince Haytham Ben Tarek Ben
Taymour Al Said, son cousin germain,
diplômé d’Oxford, est un diplomate de
carrière qui exerçait avant son
accession au trône les fonctions de
ministre de la culture.
La désignation de
Haytham comme successeur du Sultan
Qabous, de préférence à son demi frère
Assad Ben Tarek, a constitué une grande
surprise dans les milieux dirigeants
arabes en ce qu’Assad, associé aux
grandes négociations internationales,
était commandant de l’armée blindée au
sein des forces armées omanaises. Le
3eme postulant n’était autre que le
propre fils d’Assad, Teymour Ben Tarek,
généralement considéré comme un candidat
potentiel en raison de son jeune âge 39
ans.
Retour sur un
Sultan d’une grande discrétion et sur un
pays d’une grande efficacité,
contrairement à la grande majorité des
pays arabes.
Le Sultanat
d’Oman, un oasis de paix dans la houle
du Golfe.
L’accord
international sur le nucléaire iranien
entre Américains et Iraniens tout comme
les négociations préliminaires à une
sortie des Saoudiens du bourbier
yéménite ont eu lieu à Mascate, capitale
d’un sultanat aussi discret qu’efficace
gouverné par un monarque absolu, le
Sultan Qabous Ben Said, qui a réussi le
tour de force de transformer son pays,
en cinquante ans de règne, en plaque
tournante de la diplomatie régionale et
internationale.
Loin des
projecteurs de l’actualité, des frasques
qui défraient les chroniques mondaines
des gazettes à scandales, des dépenses
ostentatoires de ses collègues
pétromonarchiques, qui constituent une
insulte à la misère ambiante, Qabous a
transformé progressivement le sultanat
en oasis de paix dans la houle du Golfe.
Protégé par la base
aéro navale de Massirah, édifiée à
quelques encablures du Sultanat par les
Anglais, les anciens colonisateurs de la
zone y avaient propulsé leur poulain au
pouvoir à la faveur d’une subtile
«révolution de palais», en 1970, à la
place d’un souverain vieillissant et
analphabète.
Diplômé de
l’académie privée de Bury St Edmunds,
dans le Suffolk, au Royaume Uni où il
devient un cavalier émérite et un grand
amateur de musique classique, Qabous est
aussi titulaire d’un diplôme de
l’Académie royale militaire de
Sandhurst. Il servira pendant un an dans
l’armée britannique en Allemagne en tant
qu’officier du régiment des Scottish
Riffle. Son parcours tranche avec celui
de son ténébreux prédécesseur.
Suspicieux à
l’extrême, son père, Said Ben Teymour,
avait en efffet réussi à isoler son pays
du monde extérieur. Pendant les
trente-huit ans de son règne, et jusqu’à
sa déposition, en 1970, il délivrait
personnellement les visas. A l’exception
des techniciens du pétrole, dont les
revenus alimentaient ses caisses, et les
officiers britanniques, chargés de
protéger son pouvoir, rarissimes étaient
ceux qu’il autorisait à pénétrer à Oman.
Il détestait les étrangers, en
particulier les journalistes, qu’il
assimilait volontiers aux djinns (les
démons)
Pour aller plus
loin sur Said Ben Teymour
https://www.lemonde.fr/archives/article/1971/05/26/i-il-etait-une-fois-un-vilain-sultan_2475212_1819218.html
Depuis la
propulsion de Qabous au pouvoir, aucune
contestation d’envergure n’a été
signalée à tout le moins depuis la fin
de la rébellion marxiste du Dhofar,
anéantie dans la décennie 1970 par le
soutien conjugué de l’Iran et du Royaume
Uni.
Cruelle ironie de
l’histoire, le Chah qui faisait office
de gendarme du Golfe pour le compte des
Etats Unis, s’il a vaincu les marxistes
au Dhofar, n’a pas réussi à mater le
soulèvement de son propre peuple contre
son absolutisme. Il sera évincé du
pouvoir en 1979, neuf ans après son
intervention militaire dans la province
omanaise du Dhofar, cédant la place à
République Islamique d’Iran, sous
l’égide de l’Ayatollah Ruhollah
Khomeiny.
Suprême infamie:
Non seulement l’Amérique n’a pas volé au
secours du Chah, mais dans un geste
d’une grande ingratitude, elle a refusé
à son fidèle serviteur le droit d’asile
politique. Affaire à méditer pour les
roitelets du Golfe laquais des
Américains.
Contrairement à la
signification de son nom en arabe,
Qabous, qui signifie cauchemar en arabe,
n’en constitue aucun pour son voisinage
proche ou lointain.
Au point que le
Programme des Nations Unies pour le
développement (PNUD) a distingué Oman,
en 2010, comme étant le pays qui a fait
les plus grands progrès durant les 40
dernières années. Le sultan d’Oman s’est
également vu remettre «le prix de la
paix internationale» pour avoir propulsé
son pays au rang de passage obligé
Si la base de
Massirah protège l’accès à Mascate, le
promontoire fortifié de Ras Massendam
vise à décourager les éventuels assauts
maritimes des flibustiers de l’ancienne
«Côte des Pirates».
Face au port
iranien de Bandar Abbas, une position
stratégique de choix à l’embouchure du
Golfe Persique, la firme américaine
Bechtel a en effet été le maître
d’œuvre des travaux de fortification de
la façade maritime du Sultanat. Pour
mémoire, Bechtel comptait parmi ses
actionnaires à l’époque deux pontes de
l’administration néo conservatrice de
Ronald Reagan (1980-1988), George
Schultz, (secrétaire d’état) et Caspar
Weinberger (défense). C’est dire le soin
mis par les Etats Unis pour en faire une
place forte, un poste d’observation
idéal de la zone.
A l’origine de
cette force positive exceptionnelle,
plusieurs facteurs y ont contribué
notamment la stabilité politique et les
bonnes relations avec tous les pays
influents à l’échelle régionale et
mondiale.
Entourée de
montagnes et du désert, Mascate, la
capitale portuaire du sultanat d’Oman,
est située sur la côte du golfe d’Oman.
Son histoire remonte à l’antiquité et
abrite, vestige d’un passé révolu, des
monuments historiques juchés sur les
falaises, comme les forts portugais du
XVIe siècle Al-Jalali et Al-Mirani,
au-dessus du port de Mascate. Avec une
population multiethnique et ses 309 500
km², le Sultanat d’Oman est le deuxième
pays du Golfe en termes de superficie.
Les relations
franco-omanaises remontent, elles, au
dix-huitième siècle, scellées par un
traité d’ « amitié et de commerce »
conclu en 1844 à Zanzibar, qui dépendait
alors d’Oman, entre l’Imam de Mascate et
de Zanzibar, Sayyid Saïd, et le roi
Louis-Philippe. Mais ce n’est qu’en 1894
que les relations diplomatiques ont été
officiellement scellées entre les deux
pays par la nomination d’un consul
général de France à Mascate.
Le palmarès
diplomatique de Mascate
Le Sultanat d’Oman
s’est abstenu de participer à la
coalition pétromonarchique dans la
guerre contre le Yémen et à la curée
contre la Syrie, maintenant en activité
son ambassade à Damas. Une double
décision qui a l’avantage de lui
épargner l’humiliante démarche de se
dédire, dont aurait pu s’inspirer la
France pour lui épargner les déconvenues
qu’elle a subies dans ces deux dossiers.
En 15 mois, le
concours diplomatique du Sultanat d’Oman
a été sollicité à 4 reprises sur les
principaux dossiers chauds du moment,
des dossiers de grande complexité tant
en ce qui concerne le Yémen, que la
Palestine, que la guerre intestine
pétromonarchique que l’épreuve de force
entre les Etats Unis et l’Iran, au point
que bon nombre d’observateurs n’ont pas
hésité à qualifier Mascate de «Genève du
Moyen Orient» pour son rôle de
facilitateur et de pacificateur.
Nucléaire
iranien
Outrés par le rôle
obstructeur de la France, notamment
Laurent Fabius, qui s’était mu en «petit
télégraphiste» des Israéliens dans les
négociations sur le nucléaire iranien,
les ministres des Affaires étrangères
des Etats Unis et d’Iran, respectivement
John Kerry et Mohamad Jawad Zarif, ont
préféré contourner le titulaire du
Quai d’Orsay de l’époque pour finaliser
en tête à tête à Mascate l’accord
international avalisé a posteriori par
les autres participants. Humiliation
suprême l’annonce de la conclusion de
l’accord a été faite le 14 juillet 2015,
coïncidant avec la fête nationale
française de la prise de la Bastille.
Pour aller plus
loin
https://www.madaniya.info/2015/07/24/iran-nucleaire-laurent-fabius-petit-telegraphiste-des-israeliens/
En fait Laurent
Fabius avait été déjà carbonisé en
direct par ses amis américains
incommodés par son rôle de «bad cop»
tant dans les négociations sur le
nucléaire iranien que sur un éventuel
règlement politique en Syrie. Les
révélations de la presse américaine sur
les frasques casinotières de l’aîné des
Fabius, Thomas, -sur des faits datant de
2013 mais fuités le 29 octobre 2015 à la
veille de la première conférence
multilatérale de Vienne sur la Syrie-,
ont retenti comme un rappel à l’ordre
américain renvoyant à ses pénates le
paternel de l’enfant prodige. En lui
suggérant de se préoccuper de ses
affaires domestiques plutôt que de se
trémousser dans la gestion des affaires
du Monde, les États-Unis lui montraient
par là même le chemin de la sortie.
Ci joint la
chronologie du palmarès diplomatique
omanais diplomatique publiée par le site
en ligne «Ar Rai Al Yom», dirigé par un
de plus prestigieux et crédibles
journalistes arabes, Abdel Bari Atwane:
Pour aller plus
loin
Mascate La Genève des Arabes
Palestine
Le premier ministre
israélien Benyamin Nethanyahu a effectué
une visite à Masacte en Octobre 2018, la
première depuis 1994, en vue de donner une
nouvelle impulsion au processus de
paix israélo-palestinien, dans la
perspective des nouvelles élections
législatives israéliennes, alors que la
«transaction du siècle», marquait le
pas.
Peu de temps après
la visite du dirigeant israélien, M.
Youssef Ben Abdallah Al Alaoui, ministre
des omanais des Affaires étrangères, se
rendait à Ramallah pour remettre au
président de l’Autorité Palestinienne
Mahmoud Abbas, un message du Sultan
Qabous, suivi près d’un an plus tard, le
26 juin 2019, de l’annonce de la
décision de Mascate de rouvrir son
ambassade à Ramallah, siège de
l’Autorité Palestinienne.
A l’exception de
l’Egypte et de la Jordanie qui ont
conclu un traité de paix avec Israël,
pas un état arabe n’entretient de
relations officielles avec l’Etat
Hébreu, à l’exception du Sultanat d’Oman.
Les pétromonarchies (Arabie Saoudite,
Bahreïn et Emirats Arabes Unis) se
limitent, elles, à des relations
officieuses.
Yémen
En décembre 2018,
au terme de quatre ans de conflit,
Mascate a annoncé avoir accueilli quatre
combattants houthistes pour des soins
dans des établissements omanais,
victimes des bombardements saoudo abou
dhabiens. Ce geste avait été présenté
comme étant une démarche humanitaire
répondant à une requête en ce sens faite
par une «médiation internationale».
Le 4 juillet 2019,
six mois plus tard, Martin Griffith,
émissaire de l’ONU pour le Yémen,
faisait escale à Mascate dans le cadre
d’une mission de bons offices qui l’a
mené ensuite à Moscou et Abou Dhabi en
vue de relancer le processus de
règlement du conflit yéménite.
Quelques jours
après son escale à Macate, Martin
Griffith, toujours en juillet,
rencontrait dans la capitale omanaise
une délégation houthiste dirigée par
Mohamad Abel Salam, porte parole des
Houthistes en vue de rechercher les
modalités de l’établissement d’un
dialogue entre les protagonistes du
conflit yéménite.
Trois mois plus
tard, en Octobre 2019, Martin Griffith
rencontrait toujours à Mascate le Prince
Khaled Ben Salmane, vice ministre
saoudien de la défense, parallèlement à
des entretiens de l’émissaire spécial de
l’ONU avec une délégation houthiste.
Fin Novembre 2019,
les tractations secrètes saoudo
houthistes de Mascate débouchaient sur
un premier accord: la libération de 200
prisonniers capturés par les forces de
la coalition pétromonarchique et la
promesse saoudienne d’autoriser les
grands blessés de quitte rle Yemen pour
se soigner à l’étranger. Un accord
conclu en présence d’observateurs
européens garants de l’arrangement.
Le clou de ces
démarches a été la rencontre publique,
toujours dans la capitale omanaise, le
24 Décembre 2019, de M. Mohamad Jawad
Zarif, ministre iranien des Affaires
étrangères avec M. Mohamad Abdel Salam,
le porte-parole des Houthistes, première
rencontre publique entre un officiel
iranien et un dirigeant houthiste, dont
les partisans contrôlent Sana’a, la
capitale du Yémen depuis 2015, malgré
l’imposante force de frappe engagée par
la coalition pétromonarchique et le
soutien des trois principaux pays de
l’OTAN (Etats Unis, Royaume Uni et
France).
Le Golfe
Le Sultanat d’Oman
qui s’est abstenu, là aussi, de prendre
partie dans la querelle entre l’Arabie
saoudite et le Qatar, a présidé en 2019
le Conseil de Coopération du Golfe, le
syndicat des six pétromonarchies du
Golfe (Arabie Saoudite, Bahreïn, Emirats
Arabes Unis, Koweït, Qatar, Sultanat
d’Oman), gérant avec habilité cette
instance paralysée par la guerre entre
le grand wahhabite (Arabie saoudite) et
le petit wahhabite (Qatar).
Sa présidence s’est
achevée sur un petit succès diplomatique
en ce qu’elle a débouché sur la tenue
d’une conférence des ministres de la
défense du Conseil de Coopération du
Golfe et des chefs d’état major des pays
membres. Un exploit inconcevable il y a
peu tant l’animosité est grande entre
Riyad Et Doha.
Pour aller plus
loin
https://www.madaniya.info/2017/06/08/arabie-saoudite-qatar-guerre-freres-ennemis-wahhabisme-guerre-de-defausse/
Etats Unis /
Iran
Le 28 juillet 2018,
Youssef Ben Abdallah Al Alaoui, ministre
omanais des Affaires étrangères,
recevait, tour à tour, James Mattis, à
l’époque secrétaire à la Défense et
Mohamad Jawad Zarif, ministre iranien
des Affaires étrangères.
Au terme de ces
conciliabules, le ministre omanais
annonçait que la Suisse et le Sultanat
d’Oman avaient offert leurs bons offices
pour une intermédiation entre les Etats
et l’Iran.
Au vu de ce
palmarès, Mokhtar Ghabbachi, vice
président du Centre Arabe pour les
Etudes Politiques et Stratégiques, une
ONG égyptienne, en a conclu que «Mascate
est l’équivalent de Vienne et de Genève
pour les Arabes» en ce que le Sultanat
d’Oman entretient des «relations solides
et équilibrées tant au niveau régional
qu’international y compris Israël».
Le prurit
belligène des deux princes héritiers du
Golfe (Arabie Saoudite et Emirats Arabes
Unis)
Contre toute
attente, le prurit belligène tout azimut
des princes héritiers d’Arabie saoudite,
Mohamad Ben Salmane, et d’Abou Dhabi,
Mohamad Ben Zayed, n’a pas épargné le
Sultanat d’Oman, plaque tournante de la
diplomatie régionale, et, sans aucun
doute, la monarchie la moins belliqueuse
du syndicat des autocrates du Golfe.
En un mot: «Faire
plier Oman par la séduction ou
l’intimidation pour le punir de sa trop
grande indépendance. Le mettre au pas au
besoin depuis le Yémen, une fois achevée
la conquête de ce pays». Tel était le
mot d’ordre du tandem. Programmer des
représailles contre le Sultanat d’Oman
pour le punir de sa trop grande
indépendance.
«Proche du Qatar,
le Sultanat avait abrité les
négociations secrètes américano
iraniennes sous le mandat du président
Barack Obama pour la conclusion du
Traité International sur le nucléaire
iranien, dénoncé en 2017 par Donald
Trump. Il abritera les négociations
secrètes entre Saoudiens et ses
invincibles Houthistes pour dégager la
voie à une sortie honorable du Royaume
du bourbier yéménite et sauver la face
de la dynastie wahhabite.
«Le prince héritier
d’Abou Dhabi a même été jusqu’à
encourager la visite de son complice
israélien le premier ministre Benyamin
Netanyahu en Oman, à l’automne 2018,
afin de sonder l’état de santé du Sultan
Qabous, atteint d’un cancer, en vue de
préparer sa succession et favoriser la
promotion d’un nouveau dirigeant omanais
moins favorable à l’Iran».
Pour aller plus
loin sur ce thème
https://www.renenaba.com/abou-dhabi-leaks-1-2-arabie-saoudite-emirats-arabes-unis-le-prurit-belligene-des-deux-princes-heritiers-du-golfe/
Prudent, soucieux
de s’épargner un casse-tête contre
productif, Mascate a décliné en 2019 le
poste de Secrétaire Général du Conseil
de Coopération du Golfe en remplacement
d’Abdel Matif Al Zayyani (Bahreïn).
Une succession
dynastique sans heurt
Gros point noir
idyllique qui pesait sur le Sultanat: la
succession dynastique. Au pouvoir depuis
50 ans, Qabous Ibn Said n’avait ni
enfant, ni prince héritier pour assurer
la pérennité de sa dynastie en même
temps que la permanence du pouvoir à
Mascate.
Déjouant les
spéculations, avisé et prudent, il s’est
murmuré que le nom du «designated
survivor», le successeur désigné, choisi
par le Sultan, était consigné dans une
enveloppe entreposée dans un coffre du
palais royal à Mascate, et, précaution
supplémentaire, dans une autre missive
dans sa résidence du Dhofar, l’ancienne
province rebelle dont sa propre mère est
originaire.
Dans l’attente de
la fumée blanche, les spéculations sont
allées bon train au même rythme que les
manœuvres de cour, telle la dernière du
genre, l’invraisemblable initiative de
Mohamad Ben Zayed, le prince héritier
d’Abou Dhabi, qui n’a pas hésité à
mobiliser l’israélien Benyamin Nétanyahu
pour plaider en faveur du choix d’un
héritier conforme à la rapacité d’Abou
Dhabi et d’Israël. Aux antipodes du
légendaire doigté diplomatique du
Sultanat.
Avec l’or noir, les
chameliers du désert s’autorisent toutes
les audaces. Quelle époque.
Mais les dernières
volontés clairement exprimées du
Souverain, ayant assuré une transition
sans heurt, vont vraisemblablement
épargner au Sultanat des nuits agitées
et lui permettre de poursuivre son rôle
de facilitateur des conflits et non de
passeurs de plats, comme le sont les
bédouins pétrodollarisés du Golfe.
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